Thursday, September 29, 2016

encore plus loin qu'au-delà... (3 sur 8)

Helpx, mensonges et Tokyo!

À peine de retour à Tokyo mais déjà à la bourre pour notre premier rencard Helpx de ce non-voyage-jusqu'au-bout-du-monde, il nous restait quand même quelques jours pour arpenter l'autre ville qui ne dort jamais ; ou alors seulement, parfois, dans le métro - voire sur le quai!
longue journée de boulot + long trajet en métro = adaptation utile au bipédodo!

On avait quand même rendez-vous avec Yuta-chan: notre cher ex-coloc' (de ces années passées à écorner les bœufs, comprenne qui pourra...), ami, petit frère adoptif et chef émérite de nos meilleurs currys! Au menu de cette fin de séjour en forme de bienvenue au Japon: arpentage de rues, de couloirs du métro et de quais de gares, tentative décevante (et à vrai dire complètement ratée) de visite du marché aux poissons de Tsukiji - la criée au thon la plus célèbre et la plus exclusive du monde étant visiblement devenue en quelques années l'une des attractions touristiques incontournables de la capitale. Il nous aurait fallu commencer à faire la queue la veille au soir, pratiquement, pour pouvoir faire partie des happy few qui, loin devant nous, ont pu pénétrer dans ce saint des saints du commerce des scombridés. Bon, passons, on ne s'attendait pas à trouver 200 personnes encore plus matinales que nous, pour une dizaine de "places" en tout et pour tout. Pour le reste, et tout autour, on a constaté avec amertume et sans vraie surprise que Tsukiji était surtout un parc thématique attrape-touristes du calibre de ce célèbre "super marché aux puces de Moscou" (ici ici!). Tant pis... Ça nous aura au moins donné l'occasion de marcher un peu!

heure de non-pointe, mais alors, absolument de non-pointe du tout du tout du tout : en version panoramique et en version touchée par la grâce...
Avec Yuta-chan, on a erré dans le quartier de Ginza, piétinant sans trop de cérémonie quelques-uns des mètres carrés de sol urbain les plus convoités et les plus chers du monde (si si!) ; on a déjeuné dans un resto-avec-barbecue-individuel-de-table aussi délicieux et bon marché qu'il fut difficile à (re)trouver dans un dédale d'immeubles sans nom de rue ni numéro ; et finalement, on a visité deux temples emblématiques de la culture tokyoïte: le plus grand Uniqlo du monde et le célèbre et très fréquenté (pour ne pas dire bondé) Senso-ji d'Asakusa. Ce temple chéri des locaux et des touristes dans la même (dé)mesure est dédié à la déesse Kan'non. Faut-il le préciser, le plus grand Uniqlo du monde est manifestement un temple voué à la consommation décomplexée et la foi en la croissance exponentielle dans un référentiel fini. En plus d'avoir chacun ses propres rites et idoles, ils se distinguent par la lumière particulière qui les baigne et une certaine image du sacré qui transpire de leurs murs, plafonds et parquets... Jugez plutôt :

en haut, c'est Uniqlo (temple du t-shirt bon marché) et en bas, Asakusa (temple de la miséricorde et des souvenirs bon marché aussi quand même).
"Aaaah, le fascinant Japon! Ô, la terre de contrastes, ô, les noces de la tradition et la modernité, etc." Ça y est, le cliché bon marché est lâché, on peut se détendre et continuer notre récit. Évidemment, on a vu plein d'autres trucs, parmi lesquels une réminiscence de notre aventure transsibérienne statue sacrée de Pikachu en véritable granit massif*, des échoppes-maisons pittoresques quoiqu'un peu défraîchies, un cordiste travaillant en hauteur dans les règles de l'art, un Fūjin (風神) gardien de temple protégé des kitsunes Hinaris mains malveillantes des badauds par du grillage à poules, un bar à sushi aménagé comme un KFC mais d'un tout autre calibre, des bassins pleins de carpes mutantes affamées (très très féroces) et même le plus grand bouddha noir assis en pierre naturelle de tous les faubourgs du nord de Tokyo! Autrement dit, moult-et-une curiosités follement exotiques à nos yeux émerveillés de gaijins en goguette. Mais déjà, il était temps de partir, ou presque. Qu'est-ce que c'est que cette vie - diront certains non sans raison - où même à l'autre bout du monde on est pris dans la tenaille insidieuse de l'urgence galopante, du retard coupable et du rendement forcené? C'est la vie, répondront, laconiques, ceux qui savent... Bref.

échoppe défraîchie ; bouddha noir ; sushi-bar ; néon à DLUO ; carpes féroces ; on rentre! ; gardien bien gardé ; prêt-à-porter ; zen ; "bluse" en direct.
C'est aussi à Tokyo que l'on a cherché - et trouvé! - le quartier des drapiers, les docks des cotonniers, le Lavelanet, en un mot : le Sentier local. Une demi-douzaines de blocs de petites rues où d'étroites échoppes se serraient les unes contre les autres, dans la plus pure tradition de la rue de la soif et des kébabs à Rennes, ou des boutiques d'informatique de la rue Montgallet. Le business attire le business, non? Mais bon, c'est pô l'sujet, mon bon m'sieur. Le sujet le voici : on y cherchait essentiellement deux choses (que l'on a trouvées, les choses, ouais!), à savoir des noren pour rapporter, pour offrir, pour faire plaisir et se faire plaisir, et des imprimés traditionnels, au mètre, pour rapporter, pour offrir, pour coudre et en découdre. Immense succès de l'opération textile : la fameuse caisse contenant les objets pas-indispensables-à-notre-non-voyage-et-pouvant-rentrer-en-France-par-bateau a vu son volume doubler instantanément dès notre retour au lab'artement de Hiro-San! Ça nous a au moins permis de finalement aller au bureau de poste le plus proche pour expédier notre monstre par bateau: elle est partie, elle est en route depuis quelques jours déjà, elle vogue vers l'Europe et on ne sait pas encore si elle arrivera à bon port avant ou après nous...

ah, les voyages qui forgent l'âme: magie du rail et bonheur qui fait tchou-tchou!
Après des adieux déchirants à Hiro-san (et la promesse arrachée qu'il viendrait nous rendre visite et escalader avec nous en Ariège quand on serait rentrés et installés), on est à nouveau montés dans un petit train local, direction la province de Saitama et la petite ville de Chichibu, où nous attendait C., hôte de notre premier helpx au Japon (et hors d'Europe). Aux amis avec lesquels on avait parlé de cette étape dans notre périple, le nom de Chichibu, province de Saitama, avait provoqué une réaction qu'on aurait pu attendre d'un français à qui un touriste australien de passage aurait dit tout content qu'il partait passer deux semaines à... Vierzon, par exemple. Ou Arnac-la-Poste. On nous avait même récemment demandé "Mais que diable allez-vous faire à Chichibu?", question à laquelle on avait répondu, enthousiastes: "On a un helpx qui nous attend, ça va être cool!". Imaginez plutôt: un vieil anglais qui, à en croire son auto-biographie sur Couchsurfing, avait tenu une galerie d'art avant-gardiste à Londres et cotoyé Syd Barrett, avait survécu à la vague psychédélique des années 70 qui l'avait pourtant frappé de plein fouet, puis avait officié comme DJ trance à Ibiza et Goa avant de venir s'installer au Japon avec sa femme japonaise, il y avait de ça 25 ans environ. Il s'y consacrait depuis à restaurer une silkhouse (ancienne ferme de production de soie) du XVIème siècle reconvertie en gîte, ainsi qu'à restaurer des meubles et antiques en vue de leur revente, tout en faisant pousser autour de la silkhouse une jungle nourricière, véritable poème permaculturel façon révolution d'un seul brin de paille**... Avec le trajet qu'on venait de faire depuis la France, difficile de ne pas se rêver en négociants en vers à soie au zénith de leur voyage alla Alessandro Baricco***. Pas "Novecento, pianiste" cette fois.

Sur le papier en tout cas, on avait trouvé l'annonce intéressante et on avait eu envie de découvrir "en vrai" un personnage qui s'annonçait haut en couleur et pittoresque, voire (who knew?) passionnant. Ô, le helpx aux alouettes!

voici le rez-de-chaussée de la silkhouse ; les vers à soie étaient élevés à l'étage.
Dans nos échanges de mails, il s'était montré plutôt enthousiaste: récemment cloué au lit par une pneumonie, il lui fallait un sérieux coup de main pour remettre en ordre la silkhouse et la préparer pour un "festival privé" programmé autour de l'équinoxe ; son permis de conduire étant périmé, il avait besoin du permis international de quelqu'un pour pouvoir circuler dans la région ; il faudrait notamment le conduire à l'onsen le plus proche "une ou deux fois par semaine" pour ses ablutions ; il y avait à entretenir le jardin et à cuisiner pour le "festival" ; il ne manquait jamais de travail pour restaurer la maison ou quelque vieux meuble (je n'insisterai même pas sur les allusions tentatrices - pour ne pas dire directement obscènes - aux emboîtements traditionnels et autres secrets ancestraux de la menuiserie japonaise), etc. Bref et en un mot: on s'y voyait, on était enchantés, excités et impatients de juger sur pied. On avait donc "signé" pour dix jours, voire deux semaines. Très bien. Je vais faire un effort pour ne pas sombrer dans le dénigrement gratuit, pour laisser les émotions négatives de côté et pour tâcher de me mettre à la place de l'autre. Je m'excuse d'avance si j'échoue et si ce post se transforme en un grand n'importe-quoi de vidange de sac, insultes et jugements à l'emporte-pièce inclus. Voilà, après les clichés à deux balles, les précautions oratoires qui légitiment a priori tous les débordements! On croirait un populiste en période électorale - et Ford sait que même ici, encore plus loin qu'au-delà du bout du monde, les nouvelles internationales arrivent jusqu'à nous. On avait été témoins de très près du dernier succès populiste en date, qui sait où nous trouvera le prochain? Enfin, bon, voilà...

un "meuble médiéval", élégamment tordu mais guère voué à être restauré...
Quand on est descendus du bus au terminus, tout au bout de la ligne locale qui démarrait en gare de Chichibu pour terminer Ford-sait-où en rase campagne, Lord Prout (ce sera son nom de code à partir de désormais) nous attendait dans sa petite voiture, déjà exaspéré par les 10 minutes de retard. Était-ce de notre faute? Apparemment. Soit. On a roulé une dizaine de minutes, juste assez pour briser la glace en s'enfonçant dans la nuit et sous la voûte sombre d'une forêt dense qui couvrait une colline escarpée. On a finalement débouché sur un petit plateau isolé, un peu en retrait de l'axe de la vallée et abritant un hameau d'une dizaine de maison éparses, abandonnées pour la plupart et entourées de champs peu entretenus. Lord Prout nous a expliqué, pas peu fier, que ce hameau "fondé par des samouraïs déserteurs en fuite avait vécu retiré du monde jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale, date à laquelle il avait été pour la première fois connecté au reste de la province par une route carrossable" (sic.). La question qui, déjà, nous brûlait les lèvres: "que foutaient-ils donc avec toute cette soie accumulée dans leur ferme depuis le XVIème siècle, s'ils vivaient reclus sans que le reste du Japon ait connaissance de leur existence?" Ils devaient péter dans la soie - littéralement - et peut-être même se torcher avec! Amis de la poésie... Passons. En plus, je commence déjà à exprimer des jugements sournois quand j'avais promis de ne pas le faire). Se tenant péniblement debout devant nous, se déplaçant avec difficulté et avec le souffle (très) court, plié en deux après avoir descendu une volée de marches, Lord Prout, nous est apparu être un homme âgé (72 ans, disait-il) qui avait beaucoup maigri et s'était énormément affaibli au cours du dernier mois suite à sa pneumonie. Il vivait apparemment seul depuis quelques années ; sa femme et sa fille "ne supportant plus le soi-disant désordre et la soi-disant saleté dans laquelle il vivait" (sic.), avaient choisi d'aller vivre à une trentaine de kilomètres de là. Il a insisté sur les "soi-disant" comme pour nous inviter à rétorquer qu'en effet, elles exagéraient. Nous, on n'a pas relevé...
la silkhouse rangée et nettoyée par nos soins, bel exemple de fusion 1550-1970.

Lord Prout était en fait une personne âgée et solitaire, vivant en silence dans un hameau abandonné, sans voisins, reclus dans une maison ancienne menacée par l'humidité, le poids des ans et l'accumulation de monceaux d'ordure - le tout entouré d'une nature luxuriante et envahissante. Lord Prout était aussi une personne qui, depuis une semaine environ, faisait ce constat amer qu'il ne pouvait plus jardiner, porter ses sacs de courses, nettoyer ni entretenir sa maison tout seul. Il faisait sans doute pour la première fois l'expérience douloureuse et angoissante de la perte d'autonomie. Il avait visiblement pris conscience à l'hôpital de la précarité de sa situation, ou de l'impermanence de toute chose. Désolé pour le cliché, mais pour un prosélyte de la révélation psychédélique prétendant avoir embrassé la philosophie et la sagesse orientales depuis près d'un demi-siècle et répétant ad nauseam que le LSD avait ouvert son troisième oeil - et le bon - il était étonnamment peu préparé à l'éventualité de sa propre fin. Tout cela prenait la forme d'une nostalgie ego-lâtre envers tout ce qu'il avait été, d'un mépris non dissimulé pour le reste de l'humanité, d'une intolérance crasse à toute idée ou opinion venant de l'extérieur, d'une indécrottable conviction d'avoir toujours raison, d'une incapacité forcenée à accepter avec un sourire l'aide extérieure dont il avait pourtant tellement besoin, ainsi que d'une résistance pathologique et en toutes circonstances à dire "merci", "pardon" ou même simplement "oui". Dès le matin du deuxième jour, on avait conscience d'être tombés dans l'antre d'un authentique tyran manipulateur et pervers, sombrant dans une sénilité paranoïaque, passif-agressif et sournois. Et qui, de surcroît, donnait déjà des signes de méfiance maladive et de besoin de contrôle en toutes circonstances. Ça s'annonçait enrichissant! Ça promettait!

sur la route de Madison, non, mais sur celle de Chichibu (c'est bien aussi).
À ce stade, on aurait dû prendre nos sacs à nos dos et nos jambes à nos cous, mais on est décidément trop cons était touchés par sa situation et on avait envie d'être utiles. Notre bon vieux syndrome du Border Collie qui nous a plus d'une fois joué des tours... Car si helpx est une formidable école de négociation, de "savoir dire non" et de "mettre des limites", c'est aussi un extraordinaire laboratoire d'exploitation et de néo-esclavage, dans lequel celui qui met la bouffe dans les assiettes bénéficie d'un ascendant inconscient assez considérable sur des bénévoles bien intentionnés. Et ce levier de la nourriture exerce un couple phénoménal dans le pacte qui se conclut. On a bien pensé à avertir sa femme pour qu'elle vienne s'occuper de lui ; on s'est disputés beaucoup et on a parlé un peu, aussi ; on a serré les dents et on a travaillé pour reprendre de haute lutte à la moisissure et aux insectes, le terrain perdu ces dernières semaines? mois? années? On a subi sa misogynie et bu sa miso-soup ; on a tenu jusqu'au matin du quatrième jour, d'humiliations mesquines en coups de gueule furieux, de mensonges raffinés en minauderies puériles et de chantage affectif en menaces voilées. On se disait parfois, "si c'étaient nos parents, on ferait preuve d'empathie et on l'accepterait, alors pourquoi pas lui? On oscillait régulièrement - tic-tac, tic-tac, tic - entre le mantra de Jack Kerouac "equally empty, equally lovable, equally a coming Buddha" et celui de Wallis "est-ce que Lord Prout a essuyé mon front la nuit toutes les fois que j'avais de la fièvre? Non? Ma mère l'a fait." On se répétait qu'il est long le chemin qui conduit à la sagesse et la compassion. Et aussi qu'il n'y a rien au bout de la patience: au bout de la patience, il y a la patience. Mais quand il a expliqué devant nous aux "clients" de l'événement privé que pour le service, "son staff" (sic.) était inclus dans le tarif de la prestation et qu'ils s'occuperaient de tout, alors qu'on venait de passer 3 jours à ranger, nettoyer, désherber, lessiver, désinfecter et récurer la boîte de pétri géante qui lui servait de cuisine sans autres retours que "je ne vous l'ai jamais demandé", "j'aurais très bien pu le faire moi-même" et autres "il y a quand même du travail plus urgent à faire et si vous ne vous en rendez pas compte vous-mêmes, je ne vois plus ce que je peux faire pour vous", on a décidé que c'était bien et que son festival-événement il pouvait se le ranger là où on pensait. Ce qu'on lui a d'ailleurs suggéré de faire dans notre meilleur anglais. On a fait nos sacs, on l'a remercié chaleureusement et on est partis, tôt et à pied, vers l'arrêt de bus qui nous ramènerait au monde des vivants.

de retour de chez le véto, le chat à la cool ; ishin-denshin ; devant l'estafette de campagne, photo-souvenir dans les règles. Merci Fujio-san!

Environ 40 minutes plus tard, comme Futuna marchait le long de la route, son pouce tendu plein d'espoir vers les rares automobilistes et que Wallis lui expliquait que ça ne servait à rien, on a soudain entendu une voiture qui roulait au pas derrière nous et, dans le grésillement d'un mégaphone embarqué, une voix métallique a hurlé "Where are you going?" Alors qu'on était sur le point de se jeter à genoux avec les mains en l'air, on s'est instantanément convaincus ensemble (un exemple frappant d'ishin-denshin) que le vieux Lord Prout, concevant la plus macabre des vengeances, s'était lui-même frappé avec une statuette de Kan'non avant d'alerter la police pour nous accuser d'agression et de vol. Mais non, le pauvre homme n'avait même pas eu l'imagination suffisante (ouf!). Le temps de se retourner, on a découvert garée derrière nous une minuscule voiture couverte d'affiches électorales et son propriétaire, Fujio-san, une légende de la vie politique locale en campagne pour sa énième ré-élection, marchant déjà vers nous avec un grand sourire pour prendre nos sacs et les charger à bord.
la méditation futunéenne, discipline récente mais dont les adeptes se multiplient.

Il était positivement enchanté de pouvoir rendre service à deux gaijins perdus, il avait le temps de nous conduire non seulement à l'arrêt de bus mais même directement jusqu'à une gare d'où l'on pourrait prendre une série de trains locaux direction Nagano, notre prochaine étape... Tout en roulant prudemment en rase-campagne et en saluant absolument TOUT le monde, Fujio-san nous a expliqué dans un anglais parfait qu'il descendait d'une longue lignée de samouraïs locaux, qu'il aimait passionnément les chats (un spécimen fort sympathique se promenait d'ailleurs librement dans la voiture, pas trop traumatisé après une visite d'urgence chez le vétérinaire un dimanche matin: tous les prétextes sont bon pour sortir distribuer des tracts et serrer des mains!) et qu'il adorait les étrangers en général. Il était flatté que des Occidentaux aient choisi Chichibu pour leurs vacances au Japon, c'était émouvant, la journée s'annonçait belle et chaude, le chat ronronnait sur le tableau de bord comme un vieux 103 Motobécane. Arrivés pile à l'heure pour le prochain train en partance, on a trouvé le temps - entre nos remerciements émus et sa bénédiction chaleureuse - pour une photo-souvenir de rigueur et un échange de notre facebook respectif. On lui a également promis de dire une petite prière pour la bonne santé de ses chats, et de tous les autres, au prochain temple qu'on visiterait ; ce qu'on ne manquera pas de faire! Hop! Vite fait bien fait, on a sauté dans le train qui partait et bien vite, Futuna s'y est adonné à son activité préférée - activité qui a d'ailleurs fait des émules (voir ci-dessus la preuve irréfutable).

La suite au prochain numéro : Nagano et tout ce qui nous y attend (allez, juste un petit teaser: des chèvres, des ninjas et des typhons, rien que ça!), plus une cuillère ou deux de helpx en rab' (faut-il qu'on aime ça, décidément!) et pas mal d'autres (globalement bonnes) surprises... À bientôt!


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plus vrai que nature et digne des galeries du musée de cire de Madame Tussaud!
*  Gotta catch 'em all! À propos de ce remarquable Pikachu en granit massif qui nous attendait là, au coin d'une rue banale d'un quartier ordinaire, devant une banale boutique d'articles funéraires en pierre, entre de banales lampes à esprits et stèles de marbre d'inspiration classique Shinto-Chihiro... On l'a reconnu pour ce qu'il était: un équivalent nippon-kitsch du  bambi en celuloïd ou du nain de jardin pousseur de brouette avec un géranium dedans. Approchez! Écartez le rideau!
Un chef d'oeuvre Michaelangélien, un Rodin au pays des Ronin, une ode à la geek-culture millenial cachée ici, en plein cœur d'un bestiaire shinto: Mariage de tradition et de (post-)modernité, ô, les mille surprises que nous réserve le mystérieux archipel. Et dire que le guide-les-masses n'en parle même pas: "quand Lonely Planet montre la voie, un(t)raveling voit la montre? Euh. Enfin, vous aurez compris l'idée. Ou pas...

**  la révolution d'un seul brin de paille est un best-seller et la Bible de la permaculture, écrit en 1975 par l'agronome japonais Masanobu Fukuoka. Dire qu'on le recommande vivement serait un euphémisme. On pourrait même cesser d'adresser la parole à quiconque ne l'aurait pas dans sa bibliothèque. ;)

*** Alessandro Baricco, un extrait de "Soie": le voyage aller (on ne détient absolument pas les droits, mais on considère la reproduction de ce court passage comme un hommage à un auteur qu'on apprécie beaucoup) :"Il passa la frontière près de Metz, traversa le Wurtemberg et la Bavière, pénétra en Autriche, atteignit par le train Vienne puis Budapest et poursuivit jusqu’à Kiev. Il parcourut à cheval deux mille kilomètres de steppe russe, franchit les monts Oural, entra en Sibérie, voyagea pendant quarante jours avant d’atteindre le lac Baïkal, que les gens de l’endroit appelaient : mer. Il redescendit le cours du fleuve Amour, longeant la frontière chinoise jusqu’à l’Océan, et quand il fut à l’Océan, resta onze jours dans le port de Sabirk en attendant qu’un navire de contrebandiers hollandais l’amène à Capo Teraya, sur la côte ouest du Japon. À pied, en empruntant des routes secondaires, il traversa les provinces d’Ishikawa, Toyama, Niipata, pénétra dans celle de Fukushima et arriva près de la ville de Shirakawa, qu’il contourna par l’est, puis attendit pendant deux jours un homme vêtu de noir qui lui banda les yeux et qui le conduisit jusqu’à un village dans les collines ou il passa la nuit, et le lendemain matin négocia l’achat des œufs avec un homme qui ne parlait pas et dont le visage était recouvert d’un voile de soie. Noire. Au coucher du soleil, il cacha les œufs dans ses bagages, tourna le dos au Japon, et s’apprêta à prendre le chemin du retour."

Sunday, September 25, 2016

even farther than beyond! (2 of 8)

more un(t)raveling around Tokyo

 after a short (and wet) night, morning Wallis on the crest trail up to Mont Tonodake.
For those of you who want to practice some Spanish and learn about our arrival and first days in Japan, magnificently hosted in Tokyo by our friend Hiro-san, you can follow this link. For the others, here are some actual, non-fictional, real-life, "everyday" stories (as usual). And for those who randomly clicked their way here, but quite don't know how - and didn't really want to hear about us at all in the first place, welcome, feel free to read on as much as you wish, go back to the beginning of this adventure, to the beginning of the whole thing, or at least check the pics!

This being said, we can start right where we left it in the previous episode: with some of our stuff stored at Hiro-san's and two light-ish backpacks, we went on a circular adventure around Tokyo. With a local train of the Sagami line, we first headed to Shibusawa then went until the end of a tiny local bus line, to a nice little village in the middle of nowhere at the foot of the Tanzawa mountain range. We wanted to get to the Tonodake and Tanzawa summits, both holy, both the goal of ancient Shinto pilgrimages and both renowned for their stunning views on Fuji-san. Concerned by the heat, we decided to take a nap, rest the whole afternoon and evening under the shade of some trees by a river, and wait until the night to do the 5-hour hike up. In this narrow time window of farniente, Futuna finally decided it was time for him to get rid of his hair and beard : people in South Korea and Japan kept staring at him as though they'd just seen a devil or an absolute freak wandering wild and threatening their organized, neat everyday routines... On the subway, along the road, at the convenience stores : everywhere we went, they'd look at him awkwardly with a mixture of fear and disregard. Sometimes though, "a man has to do what a man has to do" (as John Rambo once said), and so we did. Below are the evidence, the from-before-to-after-all-through process and the result shown in colour pictures:

Futuna before (old boy-looking scary freak), during, during, during, during and... after the ritual shearing ceremony (no poodle was hurt) !

Yeah! That felt much better (and much lighter!) without the fluffy being we philornithically donated for the birds to insulate their nests before winter. Bio-construction knows no borders! Our initial idea was to hike at night all the way up to the mountain refuge below the summit, set a bivouac up there and wake up early to go see the sunrise on Fuji-san from the top... The evening passed slowly and as the light started to fade, we had a warm dinner of instant noodles and miso soup. We took the backpacks, took the headlamps and took the clear trail up the woods. With the night came some fresh breeze and many animal sounds responding to one another in the darkness of the forest. The moon followed us high up, sailing silently through the trees and making the halos of the headlamps barely unnecessary.

"how to deal with your leech issues: a guide for functional analphabets".
We met a late bird classic seagull coming back to the village in sneakers and shorts, with no lamp but a small (empty) bottle of water... Thanks to a successful advocacy campaign, we now knew enough about the deadly vampire-toothed leeches waiting for us at each and every step not to fell in their trap. And - although very graphically - also knew how to deal with those who'd make it to our legs anyway. On we went. We walked fast and soon passed two refuges with people having dinner and listening to the radio inside. Headlamps off, trying not be spotted nor heard - as though they were to force us in for a warm soup and tea! As we progressively lost both the additional supply of the moon and the shelter of the trees, we started to realize the weather had changed the wrong way : the low gray clouds started to rain on us as we got off the forest and along a ridge leading to a third refuge. The intended bivouac was becoming increasingly unlikely... Under a thin and cold rain, we set shelter between/under two wooden picnic tables we paired on the terrace in front of the (closed and tight-locked) refuge. The night was long, windy, wet and sleepless, but the sun woke us up nicely and we decided to go straight up to the summit of Tonodake to enjoy the views and have our breakfast facing gorgeous Fuji-san in the magnificent beauty of dawn's light... When we reached the summit, we found another refuge at the very top, whose staff were drilling and screwing a wooden porch like crazy before the weekend's crowds arrived. And, as for the impressive and harmonious figure of the emblematic volcano, well, this:

hiking long hours, unsleeping under the rain, checking the horizon, searching Fuji-san: can you spot it on the second picture?
Our breakfast was nice enough anyway, and as the first couple of early hikers arrived, we decided it was time to go back down and enjoy another train ride beach-bound: urged by the need for a shower and lured by the image of a midday swim in the sea, we took the backpacks and left. The trail looked somehow different with daylight: the kilometers of fully-equipped wooden platforms, stairs and footbridges now seemed even less necessary than the night before! Not much to fear from the terrain, not much to protect us from - except, maybe, the herds of vampire-toothed leeches hidden in the moist soil. On our way down, we crossed many (like very very many!) local hikers going up, sweating their a--es off along the steep steps, but shining in bright clothes and brand-new gear. Most of them were looking at us with a mixture of pity (for our ridiculously heavy loads), surprise (to be meeting gaijins there) and some sort of... annoyance? bitterness? jealousy? over-heat? A little bit of each, probably. Let's call it the seagull's complaint.

the long way down (and up) along the anti-leech footbridge across the woods...
Their incredulous looks meant something we understood like "how come these gaijins with such miserable outfits and such big backpacks are already hiking their way down at such an early hour of the day, while we locals are hardly in the first half of the hike?" The feeling they transmitted was like: "How dare you?", but a very educated and polite "how dare you?", disguised with just a little bit too much smiling and hand-waving. Nothing a big ear-to-ear gaijin smile and a solemn "ohaiou-gozaimassss", with an excessively long sssss, couldn't solve. Down we went, passed the two refuges and a spring we had missed in the dark just fifteen hours earlier or so. We got back to the trail head and were lucky not to require the saltbox. We took some time for an instant coffee with milk and a nap with an old cat before getting on the bus back to the station, then on a series of local trains to Kamakura: a fancy, famous, touristy (and quite posh) beach town. For our Fwench readers (and maybe the Britons as well), Kamakura is some kind of Tokyo's Deauville, cabins included but with no international movie festival (yet). The Belgians and other Brel-ists could also use a sensible comparison with Knokke-le-Zoute, mainly for the invasive seaweed and crowded lines of cabins. Kamakura, we learnt, was also quite famous for its big big buddha: allegedly the biggest sitting Buddha in Japan. As most of you probably know already, each and every Buddha in any country is the something-est Buddha in a certain amount of space. If we had a Buddha in the garden, we sure enough could state it were "the lamest Buddha in the whole Ariège", or "the lightest wooden Buddha of all cities beginning with a T." - just to name two of the many titles available. Anyway... In Kamakura, we intended to see some temples, the beautiful botanical garden, the giant sitting Buddha and, well, the beach. All this, we did and it was well worth it, nice and easy. After all, sightseeing around traveled places is NOT a crime, even for two amateur un(t)ravelers!

bamboos, green and old stairs in Kamakura's park ; more bamboos, cave temple and a litter of hinari foxes ; the one and only surfers' paradise!
It was, after all, just a matter of walking kilometers with our stuff, enjoying the views, the sun and the sea. We also intended to camp one or two nights around town, confident that, this time, the weather would be indulgent/nice/fair. Alas, poor Yorick (and Futuna)! This we didn't and it was really (to quote Tina Turner) nice, but rough. Again that night, the rain found us hidden somewhere by the beach, followed us along some desert streets and chased us deep inside Kamakura's park. There, after a technical stop at some remote restrooms where we cooked dinner, showered and changed clothes, we found a secret little shelter and slept dry until the first jogger and gardener passed by shortly after 6 am (!!!). We packed and left without looking behind, headed back to the beach for a yummy breakfast, then sun-dried some clothes while we had this long-deserved and long-expected bath in the fresh waters of the Sagami bay. Nice!

"shabu-shabu", another of Japan's cuisine best kept secrets!
We also made sure to visit the giant Buddha, of course. It was, indeed, a big one. Maybe not so big. But quite big already. A great Buddha, really. One of the best Buddhas in the country, for sure*. And when it became crystal clear that the rain was going nowhere and spending another night wild-camping (and slightly unlawfully, or at least in a grey zone of legal void on outdoor sleeping in urban areas) was not a reasonable option anymore, we got on a train and returned to Tokyo, where Hiro-san and his girlfriend Hana-san treated us upon arrival with a gorgeous and dangerously yummy "shabu-shabu". Not among the most famous Japanese dishes, shabu-shabu is an under-rated wonder: some kind of fondue or sukiyaki, where thin pieces of meat, shrooms and vegetables are cooked in a katsuobushi** broth. The dinner was amazing, Hiro-san and Hana-san's company just great, as usual, and the whole situation of being back in Tokyo and being received with such a warm welcome even though it was just... 4 days after leaving (!!) made us so very happy the trauma from this latest episode of rainy bivouac healed right away. The next morning, and after a short but dry and comfortable night, we were ready to start exploring Tokyo again for another couple of days. But that's gonna be a next chapter and that's gonna be within a few days... For now, back to the yummy-ssimo shabu-shabu, whose name is supposed to represent the sound of the thin pieces of meat you dip in the boiling broth. "Shabu-shabu", do the pieces of meat in the hot liquid just before you swallow them slurping and touching the sky: Oh! the dishes you'll eat... Another wonder (last but not least!) about this amazing recipe is that, once everybody has eaten enough seaweed, meat and veggies, the remaining (used) broth is heated again and serves to cook a wok-ful of rice. Oh! The rices you'll cook... We went to bed stuffed, exhausted and super thankful. The latter, we still are: thank you so much Hiro-san!


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* About the ---est Buddhas in Japan: there's a very very famous one in Nara. If our sources and memory can be relied on, Nara's is supposed to be the biggest WOODEN Buddha in Japan ; whereas the black Buddha in a temple in Tokyo's northern suburbs (make sure to check our next episode if you happen to be curious about this topic!) is allegedly the biggest STONE Buddha in Japan. Kamaura's is, we already said it, the biggest SITTING Buddha in Japan, which implies there must be a biggest RECLINING one somewhere in the country. An un(t)raveling unicum postcard will be sent to the person who'll provide evidence on the biggest reclining Buddha in Japan in the comments below!
About the katsuo-bushi: it's been introduced and talked about enough in the previous chapter, but feel free to ask anything you need/want to on this topic anyway... I personally feel sorry that I might not be factual enough about Japan, but I'm dealing with this issue. I'm fine, thanks! Really...

Friday, September 23, 2016

un poco más lejos aún... (1 de 8)

un(t)raveling Tokyo y alrededores


desde el calor húmedo de una lavandería con vistas, lluvia a cántaros sobre Osaka.
Después de veintipoco románticas y agitadas horas a borde de un crucero bastante oxidado y muy pero-que-muy-muy hortera, con mar desmontado y con-pasajeros vomitando a por doquier por culpa de un tifón (typhoon?) con mucha mala leche, llegamos por fin a Osaka, nuestro puerto de entrada al lejano y exótico Japón. Tras cruzar Europa y Asia en tren, embarcarnos para Corea del Sur y vivir allí unas aventuras tan verdes como fueron lluviosas, Japón era a la vez nuestro auténtico fin del mundo y una especie de Ítaca-siática: isla añorada, hogar perdido y objetivo al que entregarnos sin condiciones... No que estuviéramos acá solamente para "hablar de nuestro libro", pero les recordaremos sin embargo - y sin darle más vueltas al asunto - que si se han perdido los anteriores capítulos y les muerde, voraz, la curiosidad, podrán buscar en estas columnas relatos diversamente informativos de todas (o casi todas) nuestras andanzas con rumbo al fin del mundo: desde la madriguera del Ariège hasta el aquí y el ahora, 16.000 km de relatos ilustrados. Naveguen, pues, con el cómodo menú de la derecha, cliquen tanto como quieran y en definitiva: ¡entren y vean! Voilà.

diluvio sobre un depato (deparutumentu sutoru) céntrico ; sonata para neón y paraguas ; riquísimo okonomiyaki osakense con kastuobushi*.
Pasado el control de inmigración, nos recibió una Osaka con lluvia fría y cielo bajo. A partir de allí, el plan era que no había plan. Se había diseñado parte del itinerario por Europa y Rusia pero todo lo demás era página en blanco, mar abierto, trapecio sin red etc, etc... O más bien sí que algo de plan B había: nuestro querido Hiro-san nos había ofrecido un techo en Tokyo, al que pensábamos acudir más adelante. Pero tanto la meteo como el silencio de los amigos por Kyushu y el Kansai nos llevaron a aceptar su invitación sin más demorarnos. Se trataba, pues, de aprovechar el día en Osaka para lavar ropa sin mojarnos más de la cuenta, comer algo rico y caliente y conseguir pasajes en un autobús de noche con rumbo a la capital ; de poder ser, hasta la estación de Shibuya y de allí hasta los brazos acogedores de nuestro Hiro-san salvador (juego de palabras un poco flojo, pero hay que calentar motores).

¡ups! al parecer estamos ya en Tokyo, de camino etre Shibuya y casa de Hiro-san.
Para conseguir nuestra meta de lavar ropa, un hotspot de wi-fi en Busan nos había permitido encontrar una lavandería automática cerca del metro y justo en el trayecto entre el muelle y la estación de buses. Así que fue llegar allí, entrar, despelotarnos casi integralmente - como en el clásico anuncio de Levi's (del 1985, con un gran éxito de los Creedence Clearwater Revival de banda sonora: para los nostálgicos, sigue allí) y lavar lo que teníamos para lavar mientras leíamos un rato, hacíamos cuentas de los últimos días por Corea del Sur y soñábamos con algo rico y típico que comer antes de subirnos al autobús. Si la comida en Japón tiene fama de ser algo carilla (y es cierto que lo es, más aun con el euro cerca de los 110 yens el día de nuestra entrada en el país), existen opciones ricas y baratas para no pasar hambre sin arruinarse. Los onigiris y makis de los combinis (convenience stores del tipo 7/11 o Lawson's) son de los básicos más funcionales: el arroz para llenar, el resto para darle un poco de vidilla. Entre los muchos sabores disponibles, el de atún y mayonesa es sin duda nuestro favorito, aunque hay uno de umeboshi (una ciruela agria fermentada) que tiene mucho carácter y sabe a Japón que lo flipas... El café con leche del 7/11 - menos dulce que el del Lawson - también es un básico barato que ayudará a los cafeinoadictos a no sufrir demasiado los síntomas de la abstinencia. En fin, volvamos al tema: con la ropa limpia y seca, las mochilas hechas, las fundas impermeables bien colocadas y hasta con un paraguas de usar y tirar encontrado por allí, volvimos al metro y de allí a la estación de autobuses, no sin haber encontrado en la acera una cartera abultada por un buen fajo de billetes. La recogimos y la llevamos al dependiente de la primera tienda que encontramos, para que la guardase hasta que alguién viniera a por ella, o que la policia andara buscándola por la zona. Perdón por el topicazo pero: cosa impensable en cualquier lugar del mundo que no fuese Japón, es muy probable que su propietario la haya llegado a recuperar con la cantidad exacta de dinero con la que la perdió.

en el tejado del superático-laboratorio-madriguera de Hiro-san: tres gatos de reencuentro disfrutando inmejorables vistas al skyline Tokyoita!
A todas estas, nos pasamos la tarde en el centro comercial - shopingu maru o depato, como los llaman aquí - de la estación, mirando la última oferta de electrodomésticos, hi-fi y telefonía, la moda del otoño 2016 y salivando en el food plaza del ático. Ante una oferta pletórica, escogimos finalmente un pequeño local tan lleno (de gente y de humo, ambos señales favorables) como acogedor, cuya especialidaz era el auténtico okonomiyaki de Osaka ; el original, dirán los aficionados. Preparado ante el afortunado cliente y cocido en la pequeña plancha de la mismísima mesa, el okonomiyaki es una especie de tortilla de huevo, col rallada, harina y fideos, que se sirve y disfruta caliente, cubierta de mayonesa, salsa picante y katsuobushi (véase abajo información acerca del producto*). Luego todo pasó de repente: medio tumbados en los asientos de un cómodo autobús de noche, nos dormimos en la autopista, perseguidos por la cola del maldito tifón. Nos acompañaron en el sueño noticias de retrasos, accidentes, ejes cortados, Godzilas iracundos y demás catástrofes naturales a lo grande. Pero no: al final de la noche, amaneció (que no fue poco).

apenas llegados, empezó la fascinación de Futuna por los zorros Hinari.
En poco tiempo estábamos en Shibuya y de allí, tras un trayecto bastante rápido en el famoso metro en hora punta, nos plantábamos abajo del edificio que nos había indicado Hiro-san. Eso sí: nos costó casi una hora entender cómo y dónde había que llamar al timbre para poder entrar y subir hasta la planta 13 (no pasa nada en Japón con el 13 ; el problema aquí es más con el 4). Allá arriba, descubrimos en un abrir de puerta: no solo que en más de 10 años, Hiro-san parecía más joven que la última vez que nos habíamos visto en Paris (fuimos compañeros de residencia de anatomía patológica veterinaria entre 2002 y 2005), sino que también había montado en un cómodo duplex con vistas panorámicas, un concentrado de laboratorio de histopatología. En la cocina, entre máquina de café y dos neveras (¡ojo! una con comida y otra con muestras y reactivos), un banco de recorte e inclusión en cera, un micrótomo y una batería de kits de tinciones convencionales ; en el comedor, cuatro puestos de trabajo con microscopio, ordenador y dictafóno ; en el salón, el estándar telefónico, el fax y los ordenadores de secretaría, además del rinconcillo para tomar té y café. También contaba con un cuarto de baño de lujo y arriba del altillo, con un despacho y una habitación que pudimos invadir sin interferir demasiado con la febril actividad del lugar. A lo largo de la semana que pasamos allí, procuramos estar despiertos cuando llegaba el primero y no volver de nuestras escapadas hasta avanzada la tarde, para no entorpecer el trabajo. Misión difícil, por no decir imposible, ya que cada mañana - incluidos los domingos - alguien llegaba sobre las 07:00. Pasadas las 21:30, también solía haber alguien abajo todavía, rematando su jornada laboral.

Además de ser muy cómodo, nuestro campo base tokyoita ofrecía una convivencia cordial con el equipo de Hiro-san y un acceso fácil a muchos lugares céntricos. Entre ellos, el ostentoso barrio de las embajadas, donde dedicamos estresantes días y horas para conseguir el visado para China, así como algunos otros más raros y para coleccionistas: los de Kazakstán, Uzbekistán y Turkmenistán.
akita-inu, dueña pija y casa de arquitecto en el alto barrio de las embajadas...
Nuestra idea en aquel entonces, para seguir sin volar, era volver (a pie por la China, si andan por acá lectores francófonos amateurs de contrepèteries...) por la ruta de la seda. Resultó, tras 3 intensos días de idas y vueltas, ataques de nervios y desesperación, que obtener el visado para China desde fuera del país de residencia habitual ya no era posible. O sea: en teoría, sí. A la práctica, la lista de documentos e informaciones que había que proporcionarle a la borde de turno de la taquilla de la embajada de China en Tokyo cambiaba y se alargaba a medida que le íbamos entregando lo que necesitaba solo unas pocas horas antes. O sea: que no hubo manera, ni tras cinco visitas, de que tan solo aceptase nuestros formularios, expedientes y documentación sin sacarse de la manga una nueva pega. O sea: que si no le llegamos a insultar fue por la barrera del idioma, ¡no por falta de ganas, ni por el tamaño letal de sus uñas postizas! La ruta de la seda se nos demontó, pero no importaba: llevábamos tan solo cuatro días en Japón, de los dos meses que pensábamos estar por allí y tanto "el futuro" como "la vuelta" nos parecían cometas flotando a lo lejos en el azul celeste de un día sin nubes - o algo cursi del estilo. También aprovechamos estos días para explorar vecindarios y distritos de carácter, para ir a ver la estatua del perro-que-esperó-a-su-dueño-fallecido-en-la-salida-del-metro-durante-años, los jóvenes-que-andan-por-la-calle-disfrazados-de-heroes-de-manga y demás curiosidades típicas que un turista gaijin no se debería perder para no fracasar en su inmersión cultural a lo Lonely Planet (noten por favor la ironía sutil y cambiemos de tema sin perder más tiempo...).

el selecto local con clientes, sakes y el jefe/motero reinando detrás de la barra.
Pero la sorpresa más grande que nos reservó Tokyo llegó tan solo en nuestro segundo día y nos vino de Hiro-san. A eso de las siete de la tarde, un día de semana como cualquier otro, nos ofreció ir a tomar algo con él y su pareja después del trabajo - hasta aquí, muy bien. Nos llevó, pues, por su barrio, hasta un lugar para tomar sake: un local pequeño a lo Jiro dreams of sushi en el que se respiraba un auténtico aire de bar de la esquina de toda la vida. Hasta el dueño, que nos saludó muy cariñosamente, parecía sacado de una peli del Kitano: algún jefe de sección local de los Hell's Angels jubilado, o quizás un sicario fuera del mercado, viviendo aquí una nueva vida anónima y respetable. Se trataba en realidad de un templo de la cata de sakes finos y, para acompañarlos, de una tentadora oferta de delikatessen más exquisitos los unos que los otros. Eramos cuatro, así que en la primera, probamos cuatro copas de cuatro sakes distintos. Hicimos lo mismo en la segunda ronda, con cuatro sakes más. Y repetimos en la tercera ronda con cuatro sakes más. A estas alturas, ya nos estabamos poniendo finos, pero fue cuando Hana-san tuvo la gran idea de proponer una cuarta ronda, en la que cada uno tendría que elegir y pedir su favorito para volverlo a catar. ¡Grande Hana-san! Los platitos de riquísimas tapitas se iban siguiendo y el local empezaba a girar como una mala cosa. Tras pagar sin temblar (y hasta con gusto) una cuenta bastante salada, nos ibamos a separar cuando Hiro-san también tuvo la gran idea de proponer una locura de las buenas:

tapitas de lujo ; generosas rondas de sakes selectos ; más tapitas de lujo, luego más generosas rondas de sakes selectos, luego más tapi...
Ya que el fin de tifón significaba una corta ventana de cielo excepcionalmente despejado, nos pasarían a buscar con el coche abajo del laboratorio a las cuatro en punto de la madrugada para ir juntos a ver la salida del sol sobre el Fuji-san... y volveríamos a tiempo para que cada uno empiece su día como si nada. ¡Grande Hiro-san! Así que fuimos hasta [su] casa, que no era el polo para nada, pero que nos costó encontrar con eso de las rondas de sake. Eso sí: con un colchón nos bastó... Nos metimos en la cama con sueño y con el despertador que en un cerrar - y abrir - de ojos, ya sonaba el fin de nuestra breve noche. Abajo ya estaban Hiro-san y Hana-san, con la radio puesta y caritas de dormidos. El Futuna tardó tres cuadras en caer y volver a empezar la suya, mientras Wallis, muy educadamente, daba conversación a los anfitriones/pilotos (cuentan que el trayecto fue bonito; el narrador no puede confirmar). Lo cierto es que al salir del coche, nos esperaba esto:
el Fuji-san  de madrugada: en traje de Adam, al natural, vestido de mar nube.

Estuvimos un buen rato, abrazados en el frío húmedo que anunciaba el amanecer, mirando la silueta simétrica y perfecta del Fuji-san cambiar muy lentamente entre sus cincuenta sombras de azul. Aparentemente, la fascinación que ejercen las montañas sobre los seres humanos no tiene cultura ni nacionalidad... Con el primer rayo de la mañana, se tapó el cuello como para decirnos que ya nos podíamos ir, cosa que le iba muy bien a nuestro Heroe-san del día. Le esperaba una buena paliza para llevarnos de vuelta a casa, justo a tiempo para empezar su día de oficina... El privilegio de ver al emblemático despejado nos hizo olvidar que se estaba por terminar, pocos días después, la temporada "oficial" de ascensión. En breve cerrarían los refugios e itinerarios hasta la cima. Después del Teide y del Mulhacén, teníamos la esperanza de podernos hacer con otro 3.000 volcánico. Pero coronar la mítica cumbre japonesa tendría que esperar unos años más y una hipotética próxima visita al archipiélago... Tant pis. Cogimos unas últimas imágenes** para el recuerdo (sino la posteridad) y nos subimos al coche, donde Futuna se puso a rancar apenas arroncado el motor y no se despertó hasta llegar "a casa". A continuación, nuestro día fue bastante light: nos conformamos con caminar hasta el parque de la esquina y mirar allí a la gente paseando con sus perros en carritos de bebés, circulando muy civilizados en sus bicis eléctricas o volviendo de la escuela, muy solemnes en sus uniformes impecables.

chuchos al sol y niños cazando libélulas: escena universal de barrio cualquiera.
También aprovechamos la madriguera de Hiro-san como campo base para ir a explorar las afueras de Tokyo, concretamente la ciudad playera de Kamakura y la sierra cercana de los montes sagrados Tanzawa et Tonodake, justo a medio camino entre Tokyo y el Fuji-san, ambos miradores excepcionales para el viejo gigante. Pero parece ser que este post ya se está alargando más de la cuenta: tendremos que dejar esto y lo demás para el próximo capítulo... Para ahora, y para rematar el tema de las múltiples vistas al Monte Fuji, digamos que salvamos lo que quedaba del día y fuimos a visitar el famoso edificio del ayuntamiento. Wallis ya conocía su famosa planta 45 y sus increíbles 360º de ciudad, suburbios y alrededores. Al Futuna, le tocaba descubrir la vista y... el cuento. Fueron necesarios un ratito de metro lleno de gente hasta reventar, algo de andar por pasillos futuristas y asépticos, unas pocas escaleras y un control de seguridad rutinario para llegar al pie de ¡la madre de todos los ascensores! Otro topicazo de circunstancia: "Japón, tierra de constrastes y bla bla, bla bla bla, tradición y modernidad, bla bla" o aquel otro de "el budismo zen, el Wu Wei, el Todo y la Nada, bla bla bla". De acuerdo. Fíjense ahora en que, bueno, un poco de verdad debe tener. Ahora saldrán los aficionados al argumento de que si ha pasado a ser un tópico, por algo será. Por lo menos el ascensor, en eso del todo y la nada, sí que algo entendía del tema...
unos clásicos rockeros franceses cantaban "andas como un robot por los pasillos del metro" ; el todo, la nada y el gran misterio de en medio.
Pero lo más fuerte era lo que nos esperaba arriba: un salón mirador panorámico con tiendas de postales feos, de souvenirs cutres a lo "tu nombre en kanji" y demás productos típicos para guiris. Al lado de las inmensas ventanas abiertas hasta el horizonte, unas impresionantes fotos con colores ektachrome de los años 70 pretendían mostrar lo que había que ver. Y es que recordaba un poco las famosas (y absolutamente auténticas) fotos de las cimas mallorquinas de la sierra Tramontana vistas desde lo alto de Barcelona, del castillo de Montjuic o del parque del Tibidabo. Bueno, nada mejor que un par de imágenes para explicarnos e ilustrar el tema. Aquí las tienen, pues. El resumen de nuestros primeros días en Tokyo podría ser que si nos fascinó el primero, no nos pareció satisfactorio este segundo avistamiento del Fuji-san y que teníamos ganas de ir a por el tercero sin esperar mucho! Gracias a la gran hospitalidad de Hiro-san (¡gracias, gracias y gracias otra vez!), pudimos dejar las cosas, escaparnos unos días más ligeros y finalmente volver:

eso con detalle, más fotos, alguna sorpresa y un poco más de Tokyo en el próximo capítulo...

le Mont Fuji depuis la tour de l'hôtel de ville de Tokyo, ou quand le mythe se heurte à la réalité! les arbres aussi ont poussé...


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* Acerca del Katsuobushi: Katsu-o-Bushi NO es una música, auteura-compositora-intérprete, bailarina, cantante y productora británica, nacida el 30 de julio de 1958 en Bexleyheath, Reino Unido. No. Katsuobushi es el lomo de atún seco y rallado que se usa para darle sabor al caldo o para aliñar y decorar platos de arroz, ensaladas o el okonomiyaki. Una delicia. Además, y no es poco, el Katsuobushi baila suavemente al ritmo de tu canción favorita mientras el okonomiyako se termina de hacer en la plancha: ¡Japón es lo más de lo más!

** Acá las tienen: panorámica poco antes de... y retrato poco después de salir el primer rayo... por lo visto, al hacerse la luz, el Fuji-san suele ponerse tímido y taparse un poco ; bueno, eso fue lo que nos pasó. Aun así fuimos muy afortunados que Hiro-san nos llevara allí el día anterior y fue todo un privilegio presenciar esta salida de sol! El efecto cola de tifón duró poco, pero fue verdaderamente milagroso.