Thursday, October 29, 2020

home(t)raveling 4.0: semaine 173

mortier de chaux
et eau de pluie


à la place de l'étable qui s'écroule, on a désormais un toit-terrasse avec vue!
On est à l'automne 2020, les maçons viennent de finir le gros oeuvre du toit-terrasse qui remplace désormais l'ancienne étable (dont la couverture abîmée et la charpente pourrie menaçaient de s'effondrer). On a ainsi créé une surface plane d'une cinquantaine de mètres carrés, sur laquelle il faut maintenant poser une membrane pour collecter l'eau de pluie et la canalyser vers des cuves pour la récupérer et l'utiliser au jardin. On a d'abord envisagé une cuve enterrée, mais le coût de l'opération nous a découragés. Et puis une cuve enterrée, ça veut dire une pompe donc de l'électricité... Ensuite, on a pensé à exploiter le rez-de-chaussée du pigeonnier pour y stocker une/des cuve(s). C'est un espace sans vraie fonction pour l'instant et grâce à la dalle qu'on y a coulée sur du remblai, on est déjà à 50 ou 60cm au-dessus du jardin. Donc assez pour faire couler un filet d'eau! C'est super, mais il y a malgré tout deux contraintes à respecter avant de crier victoire:

1- on doit pouvoir faire passer la/les cuve(s) par la porte existante (90cm) sans avoir à casser le mur et,
2- on veut stocker un bon volume d'eau, tout en ayant la place de caser un escalier pour accéder à la terrasse.

le "pigeonnier", notre futur accès vers la terrasse.
En parlant d'escalier, justement... Faire un escalier, c'est un projet de menuiserie qui me fait envie depuis longtemps et l'occasion ici est trop belle. Comme on a récupéré de grosses pannes de la charpente démolie de l'étable, j'ai déjà deux très beaux limons. Reste à choisir des marches et à définir la hauteur, la profondeur et l'angle de notre escalier, qui sera plutôt une échelle de meunier, vue la place dont on dispose. On a eu l'occasion de constater ici et là qu'un escalier mal conçu est super inconfortable, pour ne pas dire directement dangereux. Donc on a cherché et trouvé des infos sur les inclinaisons possibles et sur la règle d'or en la matière: la Loi de Blondel. Mais on vous en parlera dans un post spécifique!

Pour l'heure, on va se mettre en jambes avec un peu de maçonnerie: voici le volume du pigeonnier sous la deuxième petite terrasse (le deuxième petit hourdis béton) qu'on y a fait faire par les maçons. À l'origine, il s'agissait là aussi plus d'une question de contreventement et de renforcement des constructions mitoyennes, que d'un souhait ou d'un choix esthétique. Mais on s'est vite rendu compte que cette double hauteur (rdc + 1er) dans un volume de 3m sur 3m environ, ça faisait une bonne trémie pour un escalier abrité, avec de la place pour un stockage "en haut", c'est à dire au-dessus des cuves. On a donc commencé par tracer au niveau une ligne à 1,80m du sol environ, pour pouvoir enlever quelques pierres et y maçonner une grosse poutre puis des chevrons - le tout de récup', évidemment! La poutre repose sur un appui juste à côté de la porte d'entrée donnant sur le jardin, qu'on a rebâti et remis à niveau pour l'occasion. Les chevrons sont disposés à 40-45cm d'entraxe environ ; les premiers sont traversants, avec un relais sur la poutre vers leur milieu ; les autres sont coupés à raz de la poutre pour ménager la trémie de l'escalier. Le tout donne un plancher en L assez grand pour stocker du mobilier et des affaires pour la terrasse pendant l'hiver ou quand il fera mauvais. "M'enfin, me dit-on fort justement ici, il ne fait JAMAIS mauvais en Ariège!" Allez, sans plus tarder, voici donc le bidule en images:

1- la première poutre (un bout de panne de récup' poncé et traité) en appui sur un rebord maçonné et dans un trou creusé dans le mur.
2- les chevrons posés dessus, alignés à niveau au demi-centimètre près: faut maçonner précis et le plancher absorbera les imperfections.
3- avant de reboucher et d'enduire, on a bien tout calé ; on avait décroûté le mur en pierre sur tout le rdc, on fera le premier plus tard...

Les étapes suivantes, sans surprise, ont été d'enduire au mortier de chaux seulement la portion de rez-de-chausséee qui sera inaccessible après (oui, vraiment, on priorise à ce point!), puis de poser un premier plancher en OSB3 de 22mm. On prévoit de décrouter et reboucher puis enduire ou jointoyer le reste du rdc et l'étage plus tard. Et enfin, quand on aura fini de salir, on posera sur l'OSB un parquet de finition en bois de récup', histoire que ce soit plus joli. Mais on n'en est pas encore là! Une fois le plancher en place, on a préparé les deux limons du futur escalier, non sans avoir installé la première cuve: 3000 L pour commencer, avec la place pour ajouter 2000 L de plus à gauche de l'escalier... et avant de l'installer hein, of course! D'ailleurs, une fois la cuve en position, il a fallu qu'on se dépêche de percer dans le mur du pigeonnier l'évacuation de la terrasse, en calculant bien pour qu'elle affleure à la hauteur finale de la membrane imperméable (sous peine d'être inutile sinon). Allez hop! C'est parti pour la location express d'une carotteuse pour percer à Ø100mm dans un mur en pierre de 70 cm d'épaisseur avec des galets en granit super durs. Et là, ô joie absolue: la carotteuse pèse un âne mort, le prix de la location fait très mal, mais pas autant que le couple de torsion sur le dos et les bras. Et beaucoup moins que quand elle se bloque brusquement sur une pierre trop dure et que la poignée vient vous défoncer un genou ou une côte! Je connais peu de jobs aussi ingrats que celui-ci, vraiment.

premier plancher en OSB3 ; sortie provisoire d'eau de pluie en mode bypass ; cuve 3000L installée et limons du futur escalier en préparation.
le résultat: un trou parfaitement cylindrique ; l'outil: un casse-rein lourd et néfaste ; le sous-produit: des carottes de pierre assez surprenantes!
Difficile de dire notre joie après avoir raccordé la cuve à l'évacuation de la terrasse et d'avoir ouï, à peine quelques heures plus tard, le doux bruit de la pluie et de son écho tout au fond des 3 mètres cubes. On s'est d'ailleurs aperçu trop tard qu'on avait oublié de raccorder le robinet: on a maintenant, après quelques jours de crachin crypto-breton, une cuve pleine et un bouchon qu'on ne peut enlever pour y installer le robinet, sous peine de prendre 3000L sur les godasses! Un tuyau et un peu de siphonnage à l'ancienne devraient nous tirer d'affaire dès que le beau temps sera revenu. Et les canards auront de l'eau propre dans la mare pendant une bonne partie de l'hiver. On ne s'attardera pas sur les finitions de la terrasse: c'est assez long et plutôt délicat, mais on préfère vous laisser avec deux photos éloquentes (et ramenées du futur proche pour pouvoir conclure ce post en 2020) qu'avec de longs discours. Sur la deuxième image, vous apprécierez d'ailleurs la couleur ocre laissée par la kalima, le vent du sud chargé de sable saharien, qui recouvrira une partie de l'Espagne et de la France jusqu'aux Alpes peu avant le printemps prochain... :)

les dalles grises sur leurs plots réglables: un travail délicat et fastidieux mais un résultat qui en vaut la peine ; et les dalles devenues ocres!

Voilà pour aujourd'hui. On reviendra "bientôt" avec la fabrication de l'échelle de meunier et plus d'images du pigeonnier fini et fonctionnel. Et avec tous les autres projets de la liste d'attente infinie d'home(t)raveling!


On vous embrasse,
À bientôt!
Wallis
Tonga
Futuna





Friday, July 17, 2020

pendant ce temps, ils envoient du lourd! (3 sur 3)

ép.3: joyeux été les loulous!


Dans les épisodes précédents (le premier et le second), on a complètement vidé une vieille dépendance qu'on appellait Trinid l'étable. Ensuite, ils sont arrivés pour couler un bron une dalle à la place de l'ancien premier étage et faire "quelques" reprises de maçonnerie. "Ils", c'est une entreprise de maçonnerie locale qu'on vous recommande chaleureusement pour tout vos projets. À la fin de l'épisode 2, ils sont partis, laissant un peu de bord la dalle sécher.

piquage des murs en pierre en cours ; linteau pigeonnier rehaussé ; le pignon "sud" décrouté jusqu'au plafond ; et la nouvelle porte du pigeonnier!
Là, ils sont revenus. Ils ont monté un échafaudage sur la dalle, sous la charpente et le toit tout pourris de l'étable. Ils ont commencé par renforcer, agrafer, piquer et redresser les murs intérieurs. Rien que ça, ça tient en une (courte) phrase, mais c'est du boulot! Ensuite, ils se sont attaqués au gros morceau. Pas le plus délicat ni le plus technique, mais assurément le plus spectaculaire, pour nous et pour les voisins, qui voyaient enfin - après 3 ans! - des trucs changer. Bin ouais, avant on avait bossé presque uniquement à l'intérieur et s'ils entendaient le rafut, ils ne voyaient pas grand-chose. Aux premières loges, on était impressionnés. Autour, ça a fait parler, spéculer, ragoter, couler de l'encre, poser des questions et imaginer des réponses toujours très créatives: "Vous allez faire des appartements?", "Moi je mettrais des studios pour étudiants!", "En tout cas, ça doit coûter cher.", "Mais, vous allez tout reconstruire après?", "Vous comptez mettre une verrière là, non?", "Boudu, ah ça, ils travaillent les ouvriers. Quel bruit ils font!*"...

une bonne sous-couche de mortier de chaux batard (10% de ciment) pour bien fixer et redresser tout ça avant de finalement laisser entrer la lumière!
Du coup, ce gros morceau, c'était quoi? "Ils" ont démonté la toiture. Déposé les tuiles (récupérées pour un chantier de réno chez des copains et pour faire du remblai), déposé la volige et les chevrons pourris (sauf quelques pièces qui étaient récupérables, ça fait du bois à brûler), puis finalement déposé les pannes (idem: beaucoup à brûler et un peu à recycler/réutiliser) et démonté la vieille demi-ferme. Quand tout ça a été par terre, dans le jardin, et qu'il a fallu trier, on a senti monter comme une grosse fatigue et puis ça s'est assez vite et bien passé... On vous montrera dans des posts futurs (non encore écrits) ce qu'on aura fait (non encore décidé) avec les pièces de bois récupérables et récupérées!

le ciel est par-dessus le toit, si bleu si calme, qu'il disait, l'autre (manque juste le palmier). 
Après ça, donc, il n'y avait plus rien au-dessus de nos têtes. Juste un hôtel de 10 000 étoiles, comme dit souvent notre cher Albert Sans... N'en déplaise aux voisins qui voulaient voir pousser 4 ou 5 studios pour étudiants, on n'a pas l'intention de reconstruire quoi que ce soit. N'en déplaise aux voisins qui voulaient un toit ou une verrière, on n'a pas non plus prévu de refermer, ni de recouvrir quoi que ce soit. Notre objectif, c'est de gagner de la lumière. D'ouvrir un pignon sud sur notre maison (un peu mal) orientée est-ouest**. Et d'avoir (beaucoup) plus d'heures de soleil sur ce mur pignon et dans le jardin! Moins d'ombre, moins d'humidité, plus de lumière et plus de jour. Donc ça va rester ouvert: aussi ouvert que possible. Et à partir de maintenant, l'objectif c'est de s'arrêter un peu, laisser passer quelques saisons pour observer comment la maison et le jardin se comportent et réagissent à ce petit grand chambardement! Pour faire tout ça dans les règles de l'art, ils ont bien sûr dû reprendre des bords de rive sur deux côtés et un faîtage sur le troisième, en maçonnant des débords de toits avec goutte(s) d'eau. Ils ont repris l'arase des deux murs mitoyens en l'armant "un peu". Ils ont posé une poutre acier en H de 220 (comme une IPN mais basculée à 90% ; avec l'âme verticale, quoi) en travers du mur mitoyen "du fond", pour soutenir. Et finalement, ils ont relevé deux linteaux d'une autre époque, qui étaient vraiment beaucoup trop bas.

coffrage, démoulage et couverture du débord de faîtage ; chevron de rive posé et tuilé ; rayon de lumière ; demi-ferme en péril et linteau avant/après...
Dans la foulée et un peu à la dernière minute, on a décidé de ne pas conserver ni refaire le toit du pigeonnier. On leur a donc demandé de raser le dernier mètre et quelques (génoise incluse, c'est un scandale, on le sait mais que voulez-vous? on ne fait pas d'omelette...), pour conserver un toit plat qui optimise aussi l'ensoleillement du jardin pendant la journée. Bon, ça a visiblement agacé un couple de pigeons qui avaient pris leurs quartiers d'été juste entre deux grosses pierres de l'arase, sous la volige. F--k'em! Et rendus là, on a décidé de s'arrêter et de les laisser partir vers de nouvelles aventures. On ne veut pas les enfermer dans une relation sérieuse avec une rénovation longue et fastidieuse. Ils sont une entreprise de maçonnerie pleine de vie, ils auront de belles opportunités ailleurs. On sent qu'ils commencent à s'attacher et on ne veut pas leur couper les ailes. Bref, c'est pas eux c'est nous - vous voyez le genre.

pigeonnier écrêté: vu de face et la vue d'en haut ; futur accès au premier, avec son linteau relevé ; premier étage ouvert sur le ciel et la montagne!
Bon, ils avaient quand même prévu de finir tout ça avec un enduit naturel à la chaux, histoire d'apporter un maximum de clarté et de protéger les murs de l'humidité tout en les laissant respirer. Et on n'allait pas leur couper cette herbe là sous le pied. Après tout ce boulot, ç'aurait été de mauvaise éducation... Donc bin, ils l'ont fait. Et ils ont même débordé un peu chez le voisin, histoire que ce soit plus joli et que tout le monde en sorte éclairci, illuminé, ravalé et rafraîchi. Et voilà le travail: on vous laisse avec un petit avant/après, trois ans-et-quelques-jours pile après le début de l'aventure! :)

avant/après en haut/en bas, de g. à d.: le pignon sud ; la vue vers l'est et le pigeonnier ; le pigeonnier du jardin ; la vue d'ensemble du jardin.

Nous avec tout ça, on passe un été très agréable:
un poil stressé et un tantinet poussiéreux
mais hyper ensoleillé.
Du coup, on vous embrasse fort
et on souhaite de bonnes vacances
à ceux qui en prennent bientôt!
Bon courage aux autres
et prenez soin de vous!
W. T. & F.


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* Un peu de poésie pour une carte postale? Quelqu'un se souvient-elle ou il de l'époque lointaine et hélas révolue ou on mettait en jeu des cartes postales de nulle part avec des questions ou des énigmes souvent trop faciles? Cette fin d'alexandrin et le suivant "... quel bruit ils dont! Fuyons sous la spirale de l'escalier profond" sont de Victor Hugo. Si vous nous donnez le titre de l'oeuvre dont ils sont tirés, on vous envoie un coucou exclusif from us to you, directement par la Poste...


** Le bon conseil des amis et conseillers éco-constructeurs de l'Association Écorce, c'est qu'on ne peut pas changer l'orientation d'une maison - impossible de la faire tourner, qu'ils disent - et qu'il est donc indispensable de choisir une orientation idéale, de ne pas acheter si ce n'est pas le cas ou de se taire à jamais. L'architecte du CAUE, elle, nous a proposé de la modifier, non pas en faisant pivoter la maison, mais bien en démolissant un peu pour aller chercher ce qu'on n'avait pas... Résilience architecturale en action!