Dans les épisodes précédents (le premier et le second), on a complètement vidé une vieille dépendance qu'on appellait Trinid l'étable. Ensuite, ils sont arrivés pour couler un bron une dalle à la place de l'ancien premier étage et faire "quelques" reprises de maçonnerie. "Ils", c'est une entreprise de maçonnerie locale qu'on vous recommande chaleureusement pour tout vos projets. À la fin de l'épisode 2, ils sont partis, laissant un peu de bord la dalle sécher.
piquage des murs en pierre en cours ; linteau pigeonnier rehaussé ; le pignon "sud" décrouté jusqu'au plafond ; et la nouvelle porte du pigeonnier! |
Là, ils sont revenus. Ils ont monté un échafaudage sur la dalle, sous la charpente et le toit tout pourris de l'étable. Ils ont commencé par renforcer, agrafer, piquer et redresser les murs intérieurs. Rien que ça, ça tient en une (courte) phrase, mais c'est du boulot! Ensuite, ils se sont attaqués au gros morceau. Pas le plus délicat ni le plus technique, mais assurément le plus spectaculaire, pour nous et pour les voisins, qui voyaient enfin - après 3 ans! - des trucs changer. Bin ouais, avant on avait bossé presque uniquement à l'intérieur et s'ils entendaient le rafut, ils ne voyaient pas grand-chose. Aux premières loges, on était impressionnés. Autour, ça a fait parler, spéculer, ragoter, couler de l'encre, poser des questions et imaginer des réponses toujours très créatives: "Vous allez faire des appartements?", "Moi je mettrais des studios pour étudiants!", "En tout cas, ça doit coûter cher.", "Mais, vous allez tout reconstruire après?", "Vous comptez mettre une verrière là, non?", "Boudu, ah ça, ils travaillent les ouvriers. Quel bruit ils font!*"...
une bonne sous-couche de mortier de chaux batard (10% de ciment) pour bien fixer et redresser tout ça avant de finalement laisser entrer la lumière! |
Du coup, ce gros morceau, c'était quoi? "Ils" ont démonté la toiture. Déposé les tuiles (récupérées pour un chantier de réno chez des copains et pour faire du remblai), déposé la volige et les chevrons pourris (sauf quelques pièces qui étaient récupérables, ça fait du bois à brûler), puis finalement déposé les pannes (idem: beaucoup à brûler et un peu à recycler/réutiliser) et démonté la vieille demi-ferme. Quand tout ça a été par terre, dans le jardin, et qu'il a fallu trier, on a senti monter comme une grosse fatigue et puis ça s'est assez vite et bien passé... On vous montrera dans des posts futurs (non encore écrits) ce qu'on aura fait (non encore décidé) avec les pièces de bois récupérables et récupérées!
le ciel est par-dessus le toit, si bleu si calme, qu'il disait, l'autre (manque juste le palmier). |
Après ça, donc, il n'y avait plus rien au-dessus de nos têtes. Juste un hôtel de 10 000 étoiles, comme dit souvent notre cher Albert Sans... N'en déplaise aux voisins qui voulaient voir pousser 4 ou 5 studios pour étudiants, on n'a pas l'intention de reconstruire quoi que ce soit. N'en déplaise aux voisins qui voulaient un toit ou une verrière, on n'a pas non plus prévu de refermer, ni de recouvrir quoi que ce soit. Notre objectif, c'est de gagner de la lumière. D'ouvrir un pignon sud sur notre maison (un peu mal) orientée est-ouest**. Et d'avoir (beaucoup) plus d'heures de soleil sur ce mur pignon et dans le jardin! Moins d'ombre, moins d'humidité, plus de lumière et plus de jour. Donc ça va rester ouvert: aussi ouvert que possible. Et à partir de maintenant, l'objectif c'est de s'arrêter un peu, laisser passer quelques saisons pour observer comment la maison et le jardin se comportent et réagissent à ce petit grand chambardement! Pour faire tout ça dans les règles de l'art, ils ont bien sûr dû reprendre des bords de rive sur deux côtés et un faîtage sur le troisième, en maçonnant des débords de toits avec goutte(s) d'eau. Ils ont repris l'arase des deux murs mitoyens en l'armant "un peu". Ils ont posé une poutre acier en H de 220 (comme une IPN mais basculée à 90% ; avec l'âme verticale, quoi) en travers du mur mitoyen "du fond", pour soutenir. Et finalement, ils ont relevé deux linteaux d'une autre époque, qui étaient vraiment beaucoup trop bas.
coffrage, démoulage et couverture du débord de faîtage ; chevron de rive posé et tuilé ; rayon de lumière ; demi-ferme en péril et linteau avant/après... |
Dans la foulée et un peu à la dernière minute, on a décidé de ne pas conserver ni refaire le toit du pigeonnier. On leur a donc demandé de raser le dernier mètre et quelques (génoise incluse, c'est un scandale, on le sait mais que voulez-vous? on ne fait pas d'omelette...), pour conserver un toit plat qui optimise aussi l'ensoleillement du jardin pendant la journée. Bon, ça a visiblement agacé un couple de pigeons qui avaient pris leurs quartiers d'été juste entre deux grosses pierres de l'arase, sous la volige. F--k'em! Et rendus là, on a décidé de s'arrêter et de les laisser partir vers de nouvelles aventures. On ne veut pas les enfermer dans une relation sérieuse avec une rénovation longue et fastidieuse. Ils sont une entreprise de maçonnerie pleine de vie, ils auront de belles opportunités ailleurs. On sent qu'ils commencent à s'attacher et on ne veut pas leur couper les ailes. Bref, c'est pas eux c'est nous - vous voyez le genre.
pigeonnier écrêté: vu de face et la vue d'en haut ; futur accès au premier, avec son linteau relevé ; premier étage ouvert sur le ciel et la montagne! |
Bon, ils avaient quand même prévu de finir tout ça avec un enduit naturel à la chaux, histoire d'apporter un maximum de clarté et de protéger les murs de l'humidité tout en les laissant respirer. Et on n'allait pas leur couper cette herbe là sous le pied. Après tout ce boulot, ç'aurait été de mauvaise éducation... Donc bin, ils l'ont fait. Et ils ont même débordé un peu chez le voisin, histoire que ce soit plus joli et que tout le monde en sorte éclairci, illuminé, ravalé et rafraîchi. Et voilà le travail: on vous laisse avec un petit avant/après, trois ans-et-quelques-jours pile après le début de l'aventure! :)
avant/après en haut/en bas, de g. à d.: le pignon sud ; la vue vers l'est et le pigeonnier ; le pigeonnier du jardin ; la vue d'ensemble du jardin. |
Nous avec tout ça, on passe un été très agréable:
un poil stressé et un tantinet poussiéreux
mais hyper ensoleillé.
Du coup, on vous embrasse fort
et on souhaite de bonnes vacances
à ceux qui en prennent bientôt!
Bon courage aux autres
et prenez soin de vous!
W. T. & F.
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* Un peu de poésie pour une carte postale? Quelqu'un se souvient-elle ou il de l'époque lointaine et hélas révolue ou on mettait en jeu des cartes postales de nulle part avec des questions ou des énigmes souvent trop faciles? Cette fin d'alexandrin et le suivant "... quel bruit ils dont! Fuyons sous la spirale de l'escalier profond" sont de Victor Hugo. Si vous nous donnez le titre de l'oeuvre dont ils sont tirés, on vous envoie un coucou exclusif from us to you, directement par la Poste...
** Le bon conseil des amis et conseillers éco-constructeurs de l'Association Écorce, c'est qu'on ne peut pas changer l'orientation d'une maison - impossible de la faire tourner, qu'ils disent - et qu'il est donc indispensable de choisir une orientation idéale, de ne pas acheter si ce n'est pas le cas ou de se taire à jamais. L'architecte du CAUE, elle, nous a proposé de la modifier, non pas en faisant pivoter la maison, mais bien en démolissant un peu pour aller chercher ce qu'on n'avait pas... Résilience architecturale en action!