Saturday, January 10, 2015

de Lost in transition à Lost… sans TRANSITion!

le voilà tout frais acheté au printemps 2012...
Après presque 3 ans de bons et loyaux services, on s’est séparés de notre cher TRANSITion! La décision n'a pas été facile à prendre dans la mesure où il occupait une place assez conséquente dans notre vie. Sans doute la perspective de passer un deuxième hiver au froid a-t-elle précipité un peu les choses, mais les projets et les envies de poursuivre ce non-voyage d’une autre manière, à un autre rythme et sur des modes différents nous soufflaient depuis quelques temps déjà qu’on aurait besoin d’une autre coquille d’escargot, plus légère et minimaliste. De celles qui savent disparaître et se fondre dans le décor. De celles dont l’année de mise en circulation sent bon les affres de l’adolescence, les albums grunge et une certaine idée du kitsch. De celles qui passent partout - à tous les sens du terme: le propre, le sale et le figuré. De celles enfin qu’on peut abandonner en chemin pour continuer sac au dos si les conditions l’exigent ou si le cœur nous en dit... Du coup, après quatorze mois de quotidien à son bord et sous son aile, on a pris la décision de le vendre et de réapprendre à vivre sans lui.

...lors de sa première sortie: en Camargue et avant travaux.
Alors c’est vrai, le bilan d'un an sur la route, c'est qu'on était déjà un peu Lost in Transition, ayant découvert (parfois avec amertume) l’envers d'un décor alternatif aux modèles durables en carton-pâte et aux acteurs trop souvent dans des postures empruntées, opur ne pas dire carrément dans des rôles de composition. Car dès qu'on gratte un peu, les contradictions passées sous silence font un vacarme assourdissant. Trop souvent, l'anti-système, l'alter et le décroissant se bornent à boire du thé éthiquable labellisé BioCoop', mais restent convaincus que les marchés s’auto-régulent et que loin de chercher à réduire les inégalités, il faut s'efforcer d'être toujours du bon côté de la fracture sociale tout en cultivant un style chic et écolo de bon ton. On en a soupé, des yuppies sortis du circuit qui comptent sur des séminaires de coaching pour quadragénaires en quête de sens (et/ou sur des escadrons de wwoofers bénévoles) pour faire leur beurre, mais affichent une image sympa de néo-paysans bio-bos sur les réseaux sociaux! Finalement, c'est idiot tellement c'est évident: l'alternative cesse d'en être une au moment où quelqu'un découvre qu'il peut lui coller une étiquette avec un prix. Pardon à tous ceux dont la démarche est sincère et l'engagement quotidien réel, qui s'évertuent à vivre autrement, dans le respect et en toute discrétion. Enfin... voilà que du jour au lendemain on s’est retrouvés Lost sans TRANSITion! (pardon pour le jeu de mots, il fallait bien le placer à un moment ou à un autre). En gros, c'était pareil qu’avant mais en version tout nus: sans la coquille, sans le véhicule, sans le foyer et sans l'option rassurante du "s’il fait mauvais, si on est fatigués, en retard, en avance ou juste pas d’humeur, on peut toujours s’enfermer dans le camion, se mettre en pyjama avec des fourrures polaires et des bonnets, faire un thé ou une soupe avec un poireau et un caillou et se mettre sous les couvertures avec un (bon) film". Ça peut sembler une blague, mais on a pris conscience brutalement de la place que le TRANSITion! avait fini par occuper dans notre quotidien : tanière, premier rempart et dernier retranchement. Le seul endroit qui n’était la maison de personne, le salon de personne, la chambre d’amis de personne, le sofa de personne ni la résidence secondaire de personne, pour aussi à l’aise qu’on s’y soit sentis. Bien sûr, on pourrait considérer que c’était un peu la villégiature au soleil (ou sous la pluie, cf. un long weekend de non-escalade à Calamès) de notre cher A., mais c’est un peu différent...

...il est passé par ce stade (merci à M. pour son atelier à notre disposition!)
À l’heure de la vérité, on ne savait pas trop à quoi s’attendre sur le marché de l’occasion, surtout en période «de crise»* et pour un véhicule équipé certes avec amour et beaucoup d’amour, mais aussi et surtout en mode DIY par deux amateurs (pour ne pas dire novices). On a beaucoup appris, il faut le reconnaître – plein de choses à faire et quelques-unes à ne pas faire ; citons pour mémoire "bien vérifier le schéma électrique du véhicule avant de percer ou visser quoi ce soit à la tôle, les faisceaux de câbles ayant horreur des forets et autres vis perforantes trop familiers". Passons… On s’est vite rendu compte qu’il y aurait peu de possibilités au sud des Pyrénées, pour plein de raisons qui ne vous intéressent pas forcément (ou justement si? dans le désordre, donc : budget intermédiaire – trop pour un vieux van douteux équipé casero, pas assez pour un Westfalia avec douche et climatisation, apparemment les deux seules catégories du marché d’occasion espagnol ; particularités du CT espagnol pour les fourgonnettes en Espagne  – tous les 6 mois pour un véhicule de plus de 10 ans et une tolérance très limitée aux aménagement non homologués. En résumé, il n'y a pas de véhicules équipés-maison-mais-propres-et-encore-en-bon-état et ça n'encourage pas les acheteurs potentiels).
...puis par celui-ci.
On a donc décidé de l’immatriculer en France. C'était plus facile à tous points de vue, même s’il s’avérait qu’on n’arrivait pas à le vendre et qu’on devait le garder. On passe sur les formalités, relativement simples en définitive puisqu’il nous a suffi de faire exactement ce qu’on nous disait, d’acquitter où, quand et ce qu’on nous demandait, de présenter les pièces qu’on nous signalait sur une liste longue-comme-un-jour-sans-pain-mais-sans-équivoque,-aussi, d’envoyer les courriers et justificatifs had hoc aux services had hoc en n’oubliant pas l’enveloppe pré-remplie dûment affranchie pour le retour des certificats réclamés. L’Administration n’est finalement pas une maîtresse ingrate, on s’est dit: elle récompense ceux qui obéissent au doigt et à l’œil sans jamais poser de question, froncer un sourcil ni s’écarter de la ligne adhésive tirée d’une main experte sur le lino gris (ou la moquette élimée) du sol de ses couloirs. Les problèmes commencent quand (i) on veut gagner du temps, (ii) être plus malin que le protocole, ou (iii) corriger une erreur qu’on aurait remarquée. Parce que (i) le seul temps qui compte, c’est le Sien; (ii) si Elle a créé un protocole c’est précisément pour suppléer nos intelligences défaillantes ; et (iii) Elle ne se trompe pas. Point.

Enfin… assez facilement, la veille de noël, un TRANSITion nouveau nous fut donné ! Il est né le di-van enfant : immatriculé en France dans le Tarn, révisé et nettoyé qu’on aurait dit un premier communiant dans son costume blanc tout immaculé.
...avant de finir à peu près comme ça.
Faute d’une étoile du berger à laquelle se vouer pour le plan de comm’, on l’a annoncé sur un célèbre site de petites annonces qu’on ne nommera pas parce que le bon coin n’en a pas besoin, il est déjà bien assez populaire comme ça. Et en fait, à partir de là, tout est allé très vite! Quelques mails, quelques coups de fil, quelques rendez-vous pour des essais et puis un beau matin... On a à peine eu le temps de sentir nos estomacs se nouer que D. nous avait fait des bises chaleureuses, s’était installée bien confortablement derrière le volant, avait démarré sourire aux lèvres et s’éloignait sur la bretelle du périphérique direction Bordeaux, Nantes et finalement Brest – d’où elle était descendue en une longue nuit de covoiturage et où elle retournait sans plus attendre. Il paraît que sa petite famille en cours d’agrandissement l’a très bien accueilli et tout de suite adopté. Il paraît aussi qu’il s’est très bien adapté au climat breton. Nous on est contents de le savoir en de bonnes mains et résonnant déjà de rires et de projets de voyages… Longue vie au TRANSITion! et à tous ses passagers passés, présents et futurs! On emporte avec nous beaucoup de backyards et autres endroits improbables et in-touristiques par lesquels il nous a trimbalés, rangés en désordre au fond d'un petit album... ** 

untraveling quelque part entre Estremadura et Portugal, en août 2012...




Bref, on l’a plus.

Il nous manque un peu bien sûr, et puis on regarde par la fenêtre de notre terrier récemment inauguré et on voit le jardin couvert de neige et on se dit que déjà qu’on a froid à côté du poêle, alors qu’est ce que ce serait serrés autour du camping-gaz à la lueur d'une lampe frontale! Et comme la nature a horreur du vide, on a déjà comblé cette lacune dans notre vie itinérante... mais ça, c’est une autre histoire qui commence avec une nouvelle année au numéro tellement emblématique qu’on n’en croit pas nos vœux! Bonne route à tous en 2015!





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* pardon pour les "quote marks": chaque fois que je mets un mot ou une expression entre guillemets, j'ai l'image du Dr. D'enfer en train de concevoir un nouveau plan machiavélique depuis le fond de sa base secrète qui me traverse l'esprit, fulgurante, et je me mets à rire tout seul, petit plaisir dont on ne saurait se priver par les temps qui courent..


** re-pardon, sans doute parce que ça faisait longtemps qu'on ne publiait pas, on vient de réussir le petit prodige de coller un lien vers chacune des sections du blog dans un seul post! Ah non, il manquait encore la section de randonnées et escalades! mais ça, c'est fait...


2 comments :

  1. Sans? se mua! ;P
    congrats! a volar!!! ;)

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    1. ja ja ja! com va la vida senyor? tot bé? per on ets?
      si pasas per l'Ariège, hi ha un warm shower que t'espera... :D

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