Saturday, July 16, 2016

Salut l'Ariège et merci pour tout...


... on reviendra: c'est pas toi, c'est nous!


spéciale cace-dédi à notre A.-doré: mayennais d'adoption et ariégeois de cœur.
À un moment donné, le bruit a commencé à courir dans la haute-vallée qu'on partait en voyage... Ça nous a surpris, au premier abord, quand la voisine nous l'a demandé de but en blanc, avec un peu de tension dans la voix: bien campée dans ses sabots de caoutchouc vert d'eau, les deux mains jointes sur le manche de sa binette, entre deux rangs de poireaux. Nous on faisait comme si de rien n'était depuis quelques temps déjà, on allait au bureau de Poste ou chez le boucher-charcutier-traiteur acheter un peu de son incroyable terrine de boudin au fenouil - s'il fallait une raison vraiment valide pour s'arrêter à Tarascon-sur-Ariège, ce serait le boudin au fenouil du boucher-charcutier-traiteur, avenue Victor Pilhes: divin, inimitable, inoubliable -, on allait à la laverie ou chez le kiné... Bref, on sortait peu et à des horaires absolument aléatoires, on rasait les murs, on saluait tout le monde mais sans vraiment s'arrêter à faire des confidences à personne,,, Et nos quelques amis dans le secteur vivaient hors les murs et parlaient peu, ou en anglais. Toujours est-il qu'à un moment donné, quelqu'un a cafté et ça s'est su. Du coup, l'Ariège a joué le tout pour le tout et nous a sorti le grand jeu. C'était juillet, l'été démarrait timidement, comme qui s'étire après une longue nuit dans le train (croyez-nous, on sait de quoi on parle, mais on y reviendra bientôt...), ce siècle avait seize ans, etc. Elle nous a fait un numéro de séduction dans les règles de l'art (y ai-je?), façon "Ne me quittez pas: il est paraît-il des terres brûlées courage, donnant plus de blé qu'un meilleur avril, euh... orage? mirage?". Enfin, vous voyez le genre? Non? Bon, bin on va vous faire un dessin alors. Ou à défaut, un résumé rapide et en images:

Froome froome! L'est passé si vite qu'on l'a pas cadré!
D'abord, il y a eu le passage du Tour de France. D'accord, ce n'est pas nouveau et les cols ariégeois hors catégorie font partie des classiques incontournables. Mais là pour le coup et pour l'édition 2016, elle nous a quand même offert la descente d'Andorre jusqu'a Revel via la N20 et la vieille D618, ce qui signifie que le peloton est passé littéralement devant notre porte! On avait d'ailleurs programmé un voyage de déménagement direction chez nos chers L. & R., en passant justement par la vieille D618 un mardi matin de bonne heure, et on ne comprenait pas bien pourquoi il y avait une cinquantaine de voitures de gendarmerie et à peu près autant de camping-cars garés depuis la veille le long de la route entre Tarascon et Saint Paul de Jarrat. À l'aller encore, ça n'a pas posé problème. Au retour en revanche, quand à 11h48 on ramait encore à la hauteur de Garrabet et qu'ils attendaient pour fermer la route à 12h00, on s'est dit que vraiment des fois, on ferait mieux d'écouter la radio, ou de bavarder un peu plus avec les voisins...

Le Tour de France!!! L'événement sportif le plus regardé au monde (à la télé) et qui ressemble le plus (en vrai) à la première fois d'un ado: des mois d'attente fébrile, une heure insoutenable à se débattre avec l'emballage d'un bout de plastique durement acquis (= "offert par une opération de promo") pour, finalement, trois minutes de peloton qui défile à toute bringue dans un brouhaha confus et anxiogène. Et déjà, c'est fini. Et à nouveau, ça signifie des mois d'attente fébrile avant que "ça" se reproduise...

l'attente: interminable ; le peloton: à peine arrivé, qui est déjà loin ; l'après: c'est tout? et jusqu'à l'an prochain, plus rien?
Aaah! La Caravane du Tour! Une interminable procession de chars et de voitures qui font autant (si ce n'est plus) de kilomètres que les coureurs, donc brûlent du diesel pendant trois semaines, chargés jusqu'à la gueule de gadgets, cadeaux, échantillons gratuits et jouets à la con en plastique, tous fabriqués en RPDC, uniquement destinés à être jetés sur la voie publique, et procédant d'un idéal publicitaire qui fleure bon les années Pif gadget et Le Chat machine, quand le concept de Peak Oil n'était que le fruit des divagations apocalyptico-gaucho-écologiques d'un club d'excentriques gâte-sauce décroissants avant l'heure. C'était quoi? 1972?*

le grand cirque du Tour et sa ménagerie au bilan carbone exhorbitant...
Les vacanciers et les locaux se pressent le long de la route, attendent des heures et hurlent en agitant les bras pour que des stagiaires ou intérimaires fatigués avec des cernes sous les yeux et des costumes grotesques leur lancent dans les pieds ses trésors en véritables barils de pétrole bien mal gaspillés, qui ne seront jamais recyclés et ne serviront ni à faire vendre des plans épargne ni des sablés au beurre breton. Et dire qu'il y a des dinosaures qui ont donné leur vie pour ces porte-clefs et ces casquettes en pur nylon, qui croyaient sans doute que leur sacrifice servirait une cause juste et noble... Bon, on a passé un bon moment avec nos voisins, on s'est bien marrés, on a ramassé nos cadeaux qu'on a jeté quelques jours après, comme tout le monde. Et puis à un moment donné, effectivement, le peloton est passé en file indienne, à 50 ou 60 km/h, dans un sifflement aigu un peu inquiétant. Il y en avait une dizaine qui s'étaient échappés devant, une dizaine qui étaient un peu à la traîne, mais globalement, c'était un paquet serré duquel ne se détachait rien. Ni personne. On a à peine reconnu Froome mais il était déjà loin. Et c'était fini. On est rentrés avec nos cadeaux et on s'est dit que quand même, la magie du sport, c'était quelque chose...

tout est dans l'attitude: on joue le jeu à fond, on salue les efforts de l'organisation... ou on boude et on fait sa mauvaise tête.
Ensuite, il y a eu la visite tant attendue de M. et S., de retour de République Dominicaine pour quelques semaines et en roadtrip trans-européen improvisé en camping-car. On ne les avait pas vus depuis des lustres et ils nous ont d'ailleurs promis un post contributed qui se fait un peu désirer. Hum hum! Vous nous direz que l'Ariège n'y est pas pour grand-chose mais elle s'est quand même montrée sous son meilleur jour et on le lui a bien rendu! Balade le long de la vallée de la Courbière, visite du (petit) cœur historique de T.-s.-A., virée à Foix et aussi et surtout, quelques gueuletons mémorables sur fond de retrouvailles émues et de projets futurs, divers, variés et à venir...

Summertime and the living is easy, ici en version ariégeoise au fil de la Courbière avec sieste et bruits d'eau.
Et puis, à peu près dans le même temps, on a eu droit à la phase finale de la Coupe d'Europe. Ceux qui nous suivent savent notre affición pour le football: deux ou trois matches maximum, tous les deux-trois ans, en une prise et de préférence dans un bar avec de vrais supporters, accompagnés de quelques bières - les matches, pas les supporters. Enfin, les supporters aussi, mais de leur côté. Pour la Coupe d'Europe non plus, diront les médisants, l'Ariège n'a pas fait grand-chose. Mais ce serait mal la connaître, car il y a à ce pied-ci des Pyrénées, une communauté portugaise installée de longue date, discrète mais bien présente, intégrée mais attachée à sa culture. Ceux qui ont l’œil dans le pays, la reconnaissent à ses potagers: unanimement les plus beaux et les mieux alignés. Tout ça pour dire que l'Ariège nous a servi sur un plateau une finale mémorable, une ambiance ambiguë et ambivalente mais décomplexée et sans fausse pudeur. Et finalement, une occasion de se réjouir quelque soit l'issue du match. CR7 dehooooors! Ouaaaaaaais! Buuuuut! Ouaaaaaaais! Ceci dit, la fameuse main juste avant le but juste avant la fin, elle n'était pas française et ça, ça a pesé très lourd dans la balance. J'espère que l'arbitre ne dort plus depuis qu'il a vu les vidéos...
Faute d'images du foot, un intermède 14 juillet, déménagement avec moustache et balance de House of stairs live à l'Achil'Café.
Quand ils sont repartis, on a eu droit au feu d'artifice du 14 juillet, simple et sans prétention au-dessus de la tour du Castella. Beaucoup moins impressionnant qu'ailleurs. Et beaucoup moins tragique qu'ailleurs aussi, d'ailleurs. Le réveil a été difficile et le café n'est pas passé, le lendemain matin. Donc, voilà, le 14 juillet directement depuis notre jardin. On préfèrerait qu'il n'ait jamais eu lieu mais ça, l'Ariège n'y est pour rien. Voilà. Quelques jours plus tard, on a aussi eu une visite impromptue et fort agréable de J.B., qu'on n'avait pas vu depuis quelques années et qu'on a eu le plaisir de retrouver en pleine forme, plutôt bien et de fort bonne humeur. Il a dormi sur un tatami dans un appart' vide et mangé des trucs crus sans frigo ni gazinière. Et sans se plaindre. Il nous a même accompagnés à un concert de notre ami S. à Foix, avant de retourner se jeter d'un avion quelque part aux confins de la basse-Ariège et de l'Aude...

encore du live, en plein air et sous les étoiles cette fois: Bernardo Sandoval en trio à la Placette des Arts de Tarascon.

Finalement, l'association Placette des Arts a organisé un de ces magnifiques petits concerts en plein air dont elle a le secret: Kouna, trio de Bernardo Sandoval exotique et métissé comme à son habitude. Il faisait tiède, il faisait nuit, ça sentait bon la Méditerranée. Et c'était un peu comme une façon de se dire au revoir, sans trompettes ni tambours. Enfin, avec guitares et percussion quand même... Le soir qui tombe sur le Sédour en toile de fond et une généreuse poignée de touristes et de locaux sur la placette encore tiède du généreux soleil de la journée.

J.H. au stade Balussou de Pamiers: ça se passe de commentaires...
Et puis, ça vous paraîtra trivial - ou comique - mais, dans un effort désespéré pour nous retenir, l'Ariège nous a offert en exclusivité et pour la première fois en cinquante ans de carrière: un concert de Johnny! Ah que, oui! Le seul, l'unique, l'idole des jeunes, la bête de scène. Lourd comme un cheval mort qui remplit le Stade Balussou de Pamiers! Et là, quand même, on a dit "Faut pas déconner, trop c'est trop, il est vraiment temps qu'on mette les voiles". Bref, vous l'aurez deviné: on a vraiment apprécié tout le mal qu'elle s'est donnée pour nous retenir, mais on a mis nos sacs sur nos dos et on a foutu le camp. Deux semaines après, si on vous dit d'où on écrit ce post, vous ne le croirez pas... Ou si, mais on va quand même laisser planer le mystère encore quelques jours et dès qu'on arrivera à se poser à nouveau on vous en dira tout, c'est promis! À bientôt...

Bons baisers de R----e,
Wallis & Futuna


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* "Halte à la croissance / The limits to growth" - le Rapport Meadows commandé par le Club de Rome au groupe de chercheurs du MIT piloté par Dennis et Donatella Meadows; il sera publié en version originale en 1972 puis en version française par les éditions Fayard en 1973 (traduction de Jeanine Delaunay). Et on ne saurait que trop vous le recommander.


5 comments :

  1. ...Bonne route! M. et G. de l'Isle Jourdain, ville départ (du tour)

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    1. merci! plein de bises à vous quatre et on se donne rendez-vous en Ariège au retour... :)

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    2. Oui!! Nous sommes (enfin) prêts :) !

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  2. Pour la "longue nuit dans le train", j'ai une petite idée... Bon voyage à tous les deux !!
    Nico

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  3. celle-là, c'était Riga-Moscou et depuis, il y en a eu quelques autres... ;) on a juste besoin de quelques heures et d'une connexion à internet pour vous les raconter! plein de bises à vous en tout cas et à bientôt!

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