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qui n'a jamais rêvé de travailler avec une... pon-star ? |
Pour notre
jamais-deux-sans-troisième Helpx de ce
non-voyage-jusqu'au-bout-du-monde-et-au-delà, on avait établi le contact depuis quelques mois (avant même le départ - et oui, des fois il nous tombe un œil et on s'organise; même qu'on s'y prend à l'avance et tout. C'est dingue!) avec Atsushi-san, qui tenait une ferme ostréicole à environ 3 heures de Kyoto, à l'extrême nord de la province, juste à la limite occidentale de la (très belle et injustement méconnue des touristes
gaijin) péninsule de Kyotango. -
On y ferait d'ailleurs prochainement une escapade d'une journée au fil des lignes de trains et cars locaux, entre villages de pêcheurs le long des golfes pas si clairs et villages de pêcheurs sertis entre les ardoises sombres de falaises déchirées. On mettra un lien dès que le topo de notre périple sera en ligne! - Mais revenons à nos moutons... L'auberge familiale et la ferme ostréicole d'Atsushi-san et sa famille sont posées sur une étroite langue de terre qui sépare la baie de Kumihama de l'océan : un coin de paradis à la beauté paisible, sauvage et extraordinaire. On raconte nos premières aventures et nos premières journées avec Atsushi-san, ses parents Oto-san et Oka-san, sa femme Naoko-san et leur fillette de 7 ans, Yuzuki, dans l'
épisode antérieur (en images et en anglais). Alors, en résumé pour les plus pressés : on a consacré nos premiers jours à (regarder ses amis) réparer un ponton endommagé par les typhons de l'été, Mais on a aussi restauré, rafraîchi, ordonné et réorganisé un peu son
Oysta' Garage, un cabanon rouillé assez
funky qui n'était pas sans rappeler une tanière de célibataire ou le dernier bastion d'intimité d'un
family guy quarantenaire : planches de surf, outils, tables et chaises de camping, vieilles machines cassées, glacières-bancs, matériel de pêche q.s.p. monter un club ou une école, ainsi que divers objets d'autant plus insolites que l'on risquait une main gantée dans les profondeurs de l'improbable amoncellement... Pour le reste, on était logés luxueusement et très confortablement dans une chambre traditionnelle (papier de riz au mur, tatamis de paille de riz au sol) meublée de nos deux futons à dérouler chaque soir et enrouler chaque matin et d'une grande table basse servant à tout. La salle de bain typique avec douche et
ofuro* était commune à tous les
helpxers, nous l'avons donc partagée quelques jours avec R. au début, avant qu'il s'en aille trouver la voie ailleurs. Puis avec l'adorable Pei-chan, jeune graphiste et illustratrice Singapourienne en vacances au Japon pour le mois. Si la cuisine était partagée par toute la famille et les
helpxers, elle n'en était pas moins le domaine sur lequel régnaient sans partage mais avec mansuétude Oto-san et Oka-san (un peu dans le style Booz, il faut dire). Arriver à nous y faire une place et à y importer quelques recettes méditerranéennes, tout en observant, respectant et apprenant les règles du jeu et celles du lieu, a été un défi et un vrai petit plaisir de chaque jour. Comme à la maison. Ou chez mémé.
Durant la semaine qu'on a partagée avec Atsushi-san et Pei-chan, le travail quotidien était 100 % ostréi- et conchyli-cole. Cela consistait essentiellement à changer les boîtes des coques (
cockles) : une fois par mois environ, il faut donc remonter à la main les grands bacs pendus à des cordes sous les plates-formes, entre 2 et 3 mètres de profondeur, puis les hisser sur la plate-forme pour pouvoir les vider de leur eau, rincer le substrat minéral (sable et charbon) qu'ils contiennent et bien sûr, trier et compter les coques au passage. Les bacs sont pendus en lignes directement sur la structure en bambou des plates-formes, sont lourds sous l'eau et extrêmement lourds une fois hors de l'eau (maudits soient Archimède et son invraisemblable théorie!), les cordes sont mouillées et couvertes de bébés moules et autres mollusques à bords tranchants, la houle légère qui ride la baie fait danser les plates-formes et les mats de bambou sont glissants. En un mot, c'est un travail qui fait payer un lourd tribut aux lombaires, mais qui est dans l'ensemble agréable, jamais ennuyeux, souvent rigolo et au cours duquel il faut s'efforcer de ne pas glisser, trébucher ni perdre l'équilibre sous peine de libérer l'outil de travail et le capital immobilisé dans l'eau trouble de la baie. Autre tache amusante et cruciale lors du changement de boîtes : repérer et éliminer le petit crabe rouge qui aurait pu réussir à passer entre les mailles de filets métalliques couvrant chaque bac. Pour ce prédateur gourmet et opiniâtre des (pauvres) coques (sans défense), se faire emprisonner dans un bac tout frais changé correspond ni plus ni moins à un mois de vacances-récompense-au-palais pour quelque
Hashshashin : fontaines de lait et de miel, dattes, raisin,
herbe-qui-rend-nigaud, musiciennes, danseuses du ventre... Oups, je m'égare. Deux conclusions personnelles sur ce point en particulier? Allez, d'accord, mais c'est parce que c'est vous :
1- ouvrir un bac contenant un crabe et sauver 3 ou 4 coques parmi la trentaine de dépouilles vides est TRÈS triste.
2- le crabe se cache TOUJOURS dans l'une de ces dépouilles de coquillage - la dernière ajoutée à la funeste liste de son menu du mois écoulé :
"Ah tiens, mais vous êtes là? Eh ben, vous pouvez débarrasser, du coup. Beuurp. Merci!"
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la preuve que le boulot nous plaît (et qu'on est très bien nourris!): (1) sourire avant d'y aller ; en équilibre sur un support rond, flottant et mouillé?
(2) centre de gravité bas et pieds nus, ou (3) leçon de surf improvisée? ; (4) et sourire au retour, malgré le crachin! |
Alors bien sûr, si on peut faire 2 équipes de 2 et se répartir les taches, c'est moins pénible et ça va assez vite. Si je tire les cordes et sors les boîtes, Wallis prépare les boîtes propres à côté. On tamise plusieurs bacs dans l'épuisette et on rince les substrats avant de les transvaser, puis on prend les coques de cinq en cinq, en choisissant des tailles variées dans chaque bac et en écartant celles qui sont vides ou mortes. Puis il faut remplir la caisse d'eau, mettre les grilles et - LE point délicat et qui était la grande spécialité de Wallis - refaire le nœud qui attache la caisse à la plate-forme avant de la remettre à l'eau délicatement. En 2 semaines de boulot, on a perdu en tout et pour tout 1 (UNE) caisse, suite à petit malentendu du style "mais je pensais que tu avais fait le nœud / mais je t'avais bien dit toutes sauf la dernière"...
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Wallis en plein nettoyage des caisses usagées : parfum vieille marée garanti! |
Et Dieu sait qu'on se sentait mal en regardant le bac s'enfoncer lentement et disparaître dans les profondeurs (assez modestes apparemment) de la baie. Bon, au final une plate-forme prend la matinée et le début d'après-midi si on bosse bien et ça laisse plein de temps après pour l'autre tache passionnante (cette fois c'est ironique) de cette noble activité : le lavage des bacs. Au karcher tout d'abord - et c'est la promesse de multitudes de fragments de mollusques bivalves dans les cheveux, dans la bouche et dans les yeux, en dépit de tous les EPIs possibles et imaginables. À sec, à la spatule ensuite - et c'est la garantie d'une indélébile odeur de vieille moule (pardon!) sur les doigts et sous les ongles, réfractaire à tous les savons connus et reconnus... Une fois le lavage/raclage fini, on passe un coup de karcher sur le ponton fraîchement réparé et on a mérité le petit grand moment-plaisir de l'après-midi, la pause Kit-Kat conchylicole, la petite faiblesse qui nous perdra : le lavage à pression qui masse le dos et les fesses et fait des chatouilles sous les bras et fait vibrer la toile du ciré avec un bruit de vieille machine à laver ou de cordages de dériveur dans le vent. Flpflpflpflpflp! Ces journées intenses mais plutôt courtes nous laissaient encore pas mal de temps pour d'autres activités plus - disons - créatives, avant la douche et le dîner. Dans la lignée de la cure de jouvence de l'
Oysta' Garage, on a pu récupérer et (= on nous a laissé = on a eu la gentillesse de ne pas nous interdire de) bricoler avec tout un tas de bois de charpente, de palettes et de décombres d'un bistrot de plage depuis longtemps abandonné aux crabes, aux mouettes et aux araignées... un
Futuna paradisio!
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au travail dans le crachin et avec le sourire ; nettoyage du ponton et enfin, la récompense : une douche-massage à pression! |
Bon. Nous, on voulait surtout mettre de l'ordre et trouver un système de rangement en extérieur pour tous les filets, casier, grilles, nasses et cordages dont Atsushi-san alternait l'utilisation au gré des saisons et des phases de production. Autour d'un nescafé fumant à l'heure du goûter, on a donc imaginé avec Wallis et Pei-chan, de grosses étagères bien robustes. On a opté pour des profils en A qui sont auto-portants, stables et très faciles à fabriquer. On les a taillés dans de vieux chevrons et assemblés avec des tiges filetées récupérées par là. Une fois les 2 profils installés et unis, on les a garnis avec des étagères et des barres sur mesure pour recevoir les différents trucs et machins à y stocker. On en a fait 3 en tout, qu'on a posées sur le ponton de part et d'autre de l'
Oysta' Garage, juste contre le mur de jetée. Atsushi-san avait aussi besoin d'une espèce de paravent ou de panneau mobile pour protéger la zone de nettoyage des huîtres devant le garage, des embruns glacés du début de l'hiver. Avec pas grand-chose de plus qu'une scie circulaire et des vis recyclées, on lui a donc fait deux écrans relativement stables (faudra pas les laisser sur le ponton, face à des rafales à 90 km /h, par contre) et faciles à déplacer. Et finalement, une fin d'après-midi où la lumière était magnifique et invitait au
farniente, on a quand même pris une petite heure pour assembler des chutes de palettes autour d'un vieux volet qui avait servi de fond pour peindre au spray un cadre ou quelques chose comme ça. Quelques cm de tige filetée et une douzaine de clous plus tard, on avait une jolie table basse très
Pinterest pour s'inventer un coin apéro de 19h ou infusion de 22. Avec le soleil qui descend entre les montagnes sur la baie.
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la jetée avant, pendant et après, avec l'étagère finie et chargée ; la même chose de l'autre côté du hangar... et deux pièces uniques de plus!
les tés assemblés à la scie circulaire et un écran terminé ; inspiration de fin de journée, la table basse récup' pour coin apéro-contemplatif. |
Avec tout ce travail et les heures passées en cuisine, à bavarder, rire et apprendre, il y a aussi eu des journées libres. Pour aller surfer (enfin, emmener la planche en promenade et se râper les genoux à tour de rôle dans des mini-rouleaux de Club Mickey, mais bon, faut un début à tout!), pour faire le tour de la baie en vélo ou pour aller faire la tournée des
matsuri (
insérer lien plus tard!), ces festivals qui célèbrent dans les rues de chaque village le cycle des saisons, les solstices et équinoxes, la fin de la récolte du riz, en rendant hommage à tout un tas de divinités, parmi lesquels
Hinari, notre renarde préférée qui apparemment à son grain de sel à mettre dans l'abondance des moissons... On tachera de faire un ou deux posts avec
au moins des photos, vu qu'on serait bien emm---és s'il fallait vous expliquer de quoi il s'agit, qu'est ce qui symbolise quoi, ou les paroles des chansons! On a aussi connu le très attachant Shimon-chan, jeune australien d'origine japonaise, arrivé quelques jours avant notre départ. Il était drôle, curieux de tout, cultivé... et
millenial : toute une synthèse charmante et harmonieuse de plein de cultures assez distinctes. Bref, on a bien accroché et sympathisé. Mais on vous reparlera certainement de lui plus tard, puisqu'on a prévu de se revoir. Le plan est d'explorer un peu ensemble Fukuoka** et les environs, car il a prévu de rendre visite à sa grand-mère le mois prochain. Sinon, Futuna a aussi eu des soucis de santé, apparemment sans gravité mais assez impressionnants. Une espèce de "Vertiges II, le retour" : la suite de ses indispositions et pertes d'équilibre berlinoises, mais en pire. Vraiment pire! On vous racontera très bientôt, dès qu'on en saura plus et que ça ira mieux... Pour l'instant, pas d'inquiétudes, tout
tourne!! baigne et on a la situation en main. Plus ou moins. Et c'est tout pour aujourd'hui! On vous laisse avec deux images façon carte postale pour se dire au revoir :
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1- nos premiers pas (de surfeurs) en forme de cliché officiel : côte à côte, main dans la main, regards vers l'horizon.
2- un stage de parapente! bon, c'était pas nous mais, apparemment, y'avait grave du thermique au pied de la dune, coco! |
Prenez soin de vous,
bises et à bientôt!
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Wallis à l'ofuro : on appréciera son expression de satisfaction absolue et son teint rose ! |
* À propos de l'ofuro : il s'agit d'un bain (très) chaud. et typique qu'on trouve dans les salles de bains traditionnelles qui, en 4 mètres carrés, offrent l'essence du sentou ou de l'onsen : l'hygiène-détente-vapeur! Fait pour être allongé avec le couvercle plus ou moins refermé (cf. Wallis qui est dedans jusqu'au cou). L'ofuro contient de l'eau chaude et propre que l'on ne vidange pas après usage et que l'on change une fois par semaine ou tous les dix jours. Elle est la même pour toute la famille et on ne doit donc absolument PAS s'y laver. Il y a la douche, juste à côté, pour ça. Non mais! Après s'être soigneusement douché, récuré, savonné et rincé, on peut s'y glisser quelques minutes pour emmagasiner de la chaleur (les maisons japonaises ne sont pas super bien isolées) et préparer le corps et l'esprit à aller au lit. Le jour où on vide l'ofuro, l'eau sert généralement, via un circuit spécial, pour la machine à laver le linge. Super idée et super habitude, qu'on aimerait rapporter en Ariège.
** À propos de Fukuoka : c'est une (grande) ville tout au nord de Kyushu, l'île la plus au sud, où l'on a prévu de passer le prochain mois à explorer, camper, randonner et même aller chasser une île inconnue... Mais chuuut, on vous en parlera en temps utile et en détails!
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