Thursday, February 23, 2017

CONtes de la FOLiENS ordinaire

et autres histoires.

À titre emprunté, on ne devrait pas trop regarder les dents. Et encore moins lui tripoter les syllabes. On le rendra donc à qui de droit, en même temps qu'un hommage de circonstance - sobre et subtil. Voilà, ça devrait faire l'affaire...

Antiquités Brocante, mais pas seulement: Pension de famille dans son jus, aussi!
Tout ça parce qu'on n'avait nulle part où ranger une vieille édition de poche jaunie qui traînait depuis longtemps et que faute d'autre chose à se mettre sous la dent, Futuna avait décidé de le lire. Et puisqu'il y était, de jouer un peu avec. Pourtant, le décor était plus buccolique que Bukowski. Pourtant, il évoquait davantage une idylle dans un motel à la Wong Kar Wai que la vie dans un bordel au Texas. Mais c'est l'occasion qui fait le larron, non? Et retourner à la case départ a ceci de bon qu'on recommence, réinvente, refait et reconstruit. Mais aussi qu'on fait des trucs qu'on n'avait pas ou n'aurait pas fait "en temps normal".

C'est quoi un temps normal, d'abord?

Bien. On venait de rentrer de notre non-voyage au bout du monde. Et comme au bon vieux temps, on n'avait plus vraiment de chez nous, sauf un petit lit sur 4 petites roues. Wallis avait donc cherché du travail saisonnier de vétérinaire sanitaire pour les premiers mois de l'année. N'importe où, ou presque. Elle en avait même trouvé, qu'elle avait accepté. Elle avait fait tout ça depuis le Japon. Ouais. Sur internet, avec un entretien par Skype. Elle est comme ça, Wallis. Rien ne lui résiste. Cause she's cool, you know? L'affaire se passait pas très loin d'Oradour-sur-Glane (ceci explique cela), au beau milieu de nulle part la Charente limousine. Futuna, quant à lui, comptait retourner au Pays Basque comme tous les ans et attendait pour ça que le téléphone sonne. Eh oui! Futuna est adorable bien qu'un tantinet moins proactif. Faut dire qu'il avait déjà des traductions/révisions pour occuper tout son mois de janvier.

tout y est: la vierge, le kitsch postal et le mobilier "vintage" (pour ne pas dire désespérément ringard), les portraits de famille et l'ivoi'art...
"Bah", il s'était dit. "Quite à passer mes journées le cul sur une chaise et le nez collé à un écran, autant que ce soit auprès de ma blonde!". Pas proactif, le mec, mais romantique: autant qu'on veut. Et puis cet ordinateur, il fallait bien le poser sur un bureau et avoir une chaise à y poser devant... Il avait donc suivi le mouvement, chargé sa couenne et son sac à dos dans le 2c15 et avait remonté la N20 avec elle jusqu'à Brive-la-Gaillarde. Là, ils avaient tourné à gauche, puis enfilé comme autant de perles à un collier des départementales z-à  leurs roues. Ils s'étaient garés devant un vieux chapiteau bouffé de mousse (un dancing depuis longtemps déserté), pour s'installer sur les conseils de leurs vétos-et-patrons dans une pension que l'on aurait pu (en espérant ne blesser personne) qualifier de miteuse.

quelqu'un a dit "un motel à la Wong Kar Wai"? Mais... c'est l'hôtel de Shining!
Jugez plutôt: l'enseigne qui donne le ton sur la façade, le bric-à-brocante poussiéreux au rez-de-chaussée, l'odeur de moisi dans l'escalier, la moquette élimée le long du couloir et la salle de bains sur le palier. Pour rendre à César, il faudrait aussi signaler les pensionnaires alcolos qui éclusent et fument du soir au petit matin, toutes fenêtres fermées dans la cuisine commune. Qui semblent sortis de la monographie Wikipedia sur la cirrhose. Qui mieux que personne, plantent le décor alla Bukowski. Et qui, en allant se coucher, titubent dans le couloir et grattent à notre porte en miaulant et en chantant "Ay, quiero hacerte el amor esta noche"... Bon, comme nous a dit la taulière quand on est allés se plaindre "c'est plutôt flatteur!", comme s'ils désignaient la plus jolie fille de la ville. Non madame, c'est pas flatteur, c'est juste relou, en fait. Vous nous direz, ça ou des jumelles mortes en robe à fleurs et un petit garçon avec un tricycle, c'est vrai qu'on ne perdait pas au change (pardi!).

Sinon bah, le coin était joli et Bukowlique ; on était au bord de la Vienne, pas les pieds dans l'eau mais presque ; on se sentait bien dans la campagne charentaise (disons qu'elle nous allait comme une pantoufle un gant, ha ha!) ; on explorait ce qu'on pouvait pendant et après le travail. C'était plutôt plat, mais toujours pittoresque. Il y avait des chateaux en ruines sur des buttes en marnes, du bocage pas normand avec du bétail paîssant, des sentiers escarpés et même, des dérivations pour  personnes moins agiles! Si, si: le grand mariage zen de l'authentique et du trou-du-cul du monde à 4 heures de Paname... En lieu et place de la chatte blanche, on avait un chat gris un peu con qui passait son temps à gratter à la fenêtre des toilettes pour entrer, traverser la chambre et aller gratter à la porte pour sortir dans le couloir. On est même tombés tout à fait par hasard sur un bled avec le même nom qu'un ancien président de la République, dont la stratégie pour nous arracher un second mandat faisait encore recette. En cette période pré-électorale, on vérifiait que - décidément - la politique est l'art d'enculer les mouches et de refaire du neuf avec du vieux: "Ça marche, ça marche! Ils te suivent, n'arrête pas de souffler dans ton pipeau!". Fin de la parenthèse.

sans intention ni message cachés: trois femmes, trois poulets, douze singes volants qui ne sont jamais arrivés à baiser et pas de chaussettes!

La routine s'était installée assez vite et c'était rassurant: après le p'tit déj, Wallis partait vers 8h et Futuna se mettait au travail (après avoir traîné un peu au lit en lisant le journal ou ce vieux recueil de nouvelles jauni par les années) jusqu'à l'heure de préparer le repas de midi. Cons comme le Christ, nos alcoolos de service fumaient dans la cuisine, tapaient dans nos réserves et chuchottaient avec des airs de conspirateurs dès qu'on était dans les parages. Wallis passait manger à un moment variable entre 12h et 13h30, prenait un café puis repartait. Rebelote l'après-midi. Traductions/révisions, éventuellement les courses puis c'était le soir. Le mois de janvier était passé très vite, un peu comme un rêve. Et puis un jour, un peu comme après un rêve, le réveil avait sonné. Enfin, pas exactement: c'est le téléphone qui avait sonné. C'était le pays basque / il fallait y aller / c'était urgent. Le zoo libéré, des brebis partout, vite! Tu peux être là hier? Il fallait aussi déménager des affaires en Ariège au passage. Soudain, il y avait des traductions dans la pile d'attente... Bref, en l'espace de 48 heures, c'était le stress, il fallait se séparer, tout plaquer, courir et tel le petit ramoneur - vaillant et enthousiaste - il fallait retourner au charbon et au pas de course, siou plaît!

après Kramer contre Kramer, Panoramique contre Panoramique ou "comment troquer un cauchemar orange  pour un horizon bleu".

On pourrait presque dire qu'une fois là-bas, dans le plus petit coin de Navarre, tout n'était que luxe, calme et volupté. Mais ce serait mentir: prophylaxie sanitaire la journée, traductions la nuit et un projet secret dont vous entendrez peut-être parler dans quelques mois si tout va bien (et non: ce n'est pas ce que vous imaginez!). Ajoutez à ça qu'au détour d'une visite sanitaire, j'ai vécu avec l'ennemi public nº1, alias Hugues Aufray et vous aurez presque la teneur des carnets d'un suicidé en puissance! J'exagère, c'était bien quand même. Voilà, cette fois je crois que je les ai tous glissés dans ce post, je vais donc pouvoir conclure... Excusez-moi une seconde, c'est mon téléphone. Voyons:

- Allô? Oui, c'est moi. Quoi? Euh, pardon, comment?
- ...
- On en a oublié un?
- ...
- Il faut que je leur raconte aussi quand nous sommes allés au festival de la Bédé d'Angoulême
retrouver notre cher A. et ses potes? Et où nous avons eu des discussions très animées, en particulier
le jour où nous avons parlé de James Thurber?
- ...
- D'accord! Merci beaucoup en tout cas! Oui, c'est ça. Au revoir!


et à la demande générale: le jour où nous avons péché des cace-dédis.


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