... Albi - Berlin, en guise d'échauffement.
Le début est facile : «nous
partîmes d’Albi mais par un bon transfert, il y eut un autocar après le
TER». Voilà. Ça, c’est fait. Facile, le réveil le fut un peu moins, vers
5h30 – du matin, bien sûr! Qui veut aller au bout du monde alla Tiziano Terzani* (i.e. sans prendre d’avion – «plane-free in '93») doit se lever de bonne heure. Et il y a au moins un bon
50% de l’équipe qui a du mal avec le lever de bonne heure… Bon, quand faut y
aller, faut y aller. En mode direct, ça donnerait quelque chose comme ça :
en traversant Toulouse, larmette nostalgique et vues du canal. |
-
5h35 : après une longue et agréable soirée puis une courte nuit chez la
tante O. qui avait accepté de nous recevoir pour la veille du grand départ,
mais aussi de garder le 2c15 bien au
chaud dans son garage pendant notre absence, on se lève et on prépare à tâtons
quelques cafés au lait. Un brossage de dents plus tard, on prend le chemin de
la gare SNCF d’Albi. Comprendre : O., tante (et marraine) émérite, nous
fait l’immense faveur non seulement de se lever pour nous dire au revoir, mais
surtout, de nous amener en voiture alors qu’on avait prévu de partir à pied,
« tranquillement ». Hum…
-
6h14 : le TER est à l’heure et presque vide. Il n’y a que nous et trois
princesses martiniquaises assises deux rangs derrière. Elles nous font profiter
d’une playlist de zouk sur leur i-phone et de leurs commentaires salés sur la
soirée du samedi – mémorable, visiblement. On ferme un œil puis l’autre, rarement
les deux à la fois grâce aux rires et aux coups de coudes dans les côtes qui résonnent
jusqu’ici ; on somnole et on regarde par la fenêtre en se disant que quand
même, on aurait bien aimé être de la fête.
- 7h21 : on débarque à Matabiau, on longe le Quick fermé (tant pis), on gagne la gare routière et en moins de vingt minutes (juste le temps de faire pipi), les sacs sont dans la soute et nous, on est assis dans notre super autocar Eulorines à destination de Berlin. Départ à 8 heures pétantes, pour une arrivée prévue vers 10 heures le lendemain matin. On se fait une raison et on s’efforce de dormir les heures de retard accumulées au cours des derniers
la (fameuse) gare de Limoges, peut-être pas sous le meilleur angle? |
le plan d'une cité Maya? non, le métro de Berlin: beau comme un Mercedes-Benz. |
-
10h43, j+1 : friches industrielles et barre d’immeubles gris défilent par
la fenêtre du s42, un train de banlieue qui s’appelle peut-être Ringbahn et fait – apparemment – le tour
de Berlin. Fatigués et pas très frais, on compte les 3 ou 4 stations qui
restent avant de descendre à Sonennalle
et de rejoindre à pattes la maison de nos hôtes pour la semaine : A. et
T., catalans en exil et berlinois d’adoption, qui partent d’ailleurs à Menorca le surlendemain en nous la
laissant (leur maison), pour passer une semaine de vacances bien méritées.
Délicate attention ! Aussi délicate, il est vrai, que les orchidées et le
bonsaï dont nous aurons la charge et la responsabilité pendant ces quelques
jours. On dirait pas mais c’est plus compliqué qu’un chat!
Tempelhof in questions: fooubble or bubbleball? ; swarllings or starlows? ; landing or taking-off ?. |
duel d'urban art-itude: classique Blu (was there) vs. (anonyme) panda volant. |
- 16h56, j+1 : douchés, changés et
presque rajeunis dans les allées et les pelouses de l’aéroport désaffecté et
réaffecté du parc de Tempelhof, on slalome entre cyclistes à DJ-bag en
bandoulière, foot-globers survitaminés,
potageurs urbains néo-paysans, hipsters en tongs et familles turques affairées
autour des barbecues. L’ambiance berlinoise en cette fin de mois de juillet est
au farniente et à l’héliotropisme. On
se demande qui travaille et quand, ce qui est d’autant plus frustrant qu’une
réponse évidente à cette question est : nous, presque tout le temps. Pendant ce temps, les freaks sont de sortie et la ville est à eux... la preuve en image!
- 11h29, j+4 : le week-end est fini,
on est au boulot. Quelques traductions urgentes qu’on s’était engagés à faire
(mais auraient dû arriver avant le départ ; une parole est une parole…)
sont tombées et occupent une bonne partie de notre temps. C’est rigolo de se
réinventer une routine de travail ailleurs, et on s’amuse de ce statut fortuit
de #digitalnomads. Qu’est ce que vous voulez, on est trendy ou on l’est pas…
of the space invaders, John Malkovich's secret sister and the stylish cyclists... |
- 17h34, j+5 : dès qu’on se permet de considérer la journée de travail terminée, on prend les vélos et on va explorer les environs, nez au vent. Ça fait local, ça fait les cuisses, ça fait prendre l’air et ça permet de prendre des photos à une heure où la lumière est agréable – on se console comme on peut. On en profite aussi pour voir et boire quelques bières avec E., presque-petite-soeur barcelonaise de Wallis qui vit ici depuis plus de 8 ans et y est comme un poisson dans l’eau, même si le poisson rêve apparemment de changer de bocal… Elle nous montre quelques jolis (coin-)coins et nous parle de la vie ici, de la culture, du modèle d’intégration ou des changements récents.
eine kleine galerie de kuntz ; un bout de lektur urbaine ; un autre joli coin(-coin) ; l'intégration multi-kulti (urelle)... |
- 08h12, j+6 : Futuna se réveille avec un méchant vertige, qu’il met sur le compte de la fatigue, du stress, du kéfir un peu passé ou des trois à la fois. Le monde tourne littéralement en rond : de gauche à droite, assez vite et très régulièrement. Non seulement, ça rend difficile les mille petits gestes de la vie quotidienne, mais en plus, garder la nourriture plus d’une vingtaine de minutes devient un défi herculéen. La journée se passe devant l’ordi, ce qui n’arrange rien et le lendemain au réveil, c’est pire. On se dit que ça ira, que c’est bizarre mais que ça va passer, le gros coup de barre, le contrecoup, etc. Wallis vérifie régulièrement que le cou n’est pas raide : « ça va, c’est pas la méningite » et Futuna qui a rendu toutes ses traductions ET toutes ses tartines, passe la journée à dormir.
vertiges (de l'amour), ou la belle au bois tournant! |
Konztanten: tension 11/7 !! température : 35,7 ºC !! fréquence
cardiaque : 52 !!
Voilà: ça, c'est fait. S'ensuit un examen neurologique kömplet avec des tests classiques (le coup de maillet sur la rotule, on ne fait pas mieux) et d'autres plus bizarres et farfelus, pour écarter l'AVC et caractériser le nystagmus. Finalement, le diaknostisch: est posé, qui est bénin (ouf !) et plutôt rigolo : un BPPV! Benign (on vous l’avait dit) Paroxystic (je confirme) Positional (soit) Vertigo (je confirme, bis), ou Vertige positionnel paroxystique bénin. En résumé, un otolithe de l’oreille interne qui a quitté l'utricule et est venu flotter dans l’un des canaux semi-circulaires, stimulant les neuro-cils et simulant une accélération spatiale de dingue. Le cerveau, ce grand naïf, croit qu’il s’agit d’un mouvement de rotation et crée le nystagmus ad hoc pour compenser. Resülttatz: ça tourne, toujours dans le même sens, ça fait tomber et ça fait vomir.
manœuvres de Sémard pour le traitement du VPPB: tant que le ridicule ne tue pas... |
passage obligé par le mur: et Mercedes-Benz, toujours... ; en technicolor, ou presque ; un artiste catalan qui me rappelle Edmond Baudoin. |
le tarmac desaffecté, puisqu'on ne volera pas de si tôt, et le cielo sobre Berlin, en hommage à M. Wenders... |
Bons baisers de Russie!
(cette fois sans cachotteries)
(cette fois sans cachotteries)
Wallis & Futuna
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20 francs le kilo
Finalement, on inaugure ici une nouvelle petite zektion (à retrouver dans tous les prochains posts et sans doute en récapitulatif un jour entre bientôt et le futur lointain...) pour les curieux, les amoureux des nombres et toutes les personnes qui ne nous ont pas encore fait la remarque mais qui en meurent d'envie et qui brûlent de savoir: "Voyager si loin sans avion? Mais ça doit être horriblement long et puis ça doit coûter horriblement cher!"
Voici donc toute la vérité en chiffres (arrondis et sans virgules):
- Albi-Toulouse (TER SNCF): 1 heure / 80 km / 15 (x2 personnes) 30 euros.
- Toulouse-Paris-Berlin (autocar Eurolines: 25 heures / 1700 km / 60 (x2 personnes) 120 euros.
En tout (et pour tout): 1800km et 150 euros, soit environ 4 centimes d'euro du kilomètre (par tête).
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* Un devin m'a dit: voyages en Asie, de Tiziano Terzani, accompagnera Wallis jusqu'à très très loin, puis Futuna, au moins jusqu'au retour...