... Riga - Moscou: peu à pas et pas à peu!
on en était restés au sac à dos à pattes, pret à monter dans le train... |
Une fois à bord, nous trouvons facilement nos places: la 43 et la 44, couchettes superposées en long (dans le sens de la marche) vers le milieu d'une voiture de troisième classe. C'est le même type de wagon ouvert que celui qui nous attendra au départ de Moscou: une soixantaine de couchettes superposées sur deux niveaux et organisées par six: deux fois deux transversales (perpendiculaires à la marche) autour d'une fenêtre avec une tablette et deux longitudinales, accolées à la fenêtre d'en face (comme les nôtres, donc). Celle du haut s'escamote tandis que celle du bas se replie en deux sièges et une tablette: c'est le format que nous avons choisi, histoire de ne dépendre de personne quant à nos horaires de repas, de coucher ou de lever...
il a l'air vide comme ça, notre wagon, mais les voisins ne vont pas tarder à arriver... |
ici commence l'hégémonie du bouleau; ici repose le sens du mot "monotonie". |
La fatigue et le bon vieux tchoucou-tchoucou auront pourtant raison de nous puisque des voix fermes mais courtoises, suivie d'uniformes vert sapin, nous réveillent un instant plus tard. Nuit noire dehors, le train est arrêté au milieu de nulle part. De hautes grilles surmontées de barbelés nous enveloppent comme une espèce de couloir ou de nasse et les voix affublées d'uniformes révèlent bientôt des mains gantées qui s'agitent en réclamant sans ambiguïté nos passeports. Il s'avère que ce ne sont que les Lettons qui nous laissent quitter l'UE, non sans faire quelques blagues que nous ne comprenons pas mais auxquelles nous rions de bon cœur... Jusqu'ici tout va bien et comme disait papi: "on mange notre pain blanc". On tâche donc de se rendormir bien vite, pressentant que le répit ne durera guère. Mais Futuna commence à être nerveux: il gigote, il trépigne sur sa couchette, il renifle, il a les coussinets humides... La mère Russie lui file l'angoisse, un peu de parano et des sueurs froides: on nous écoute, on nous fiche, on nous surveille, on nous attend au tournant, on en a après nous et on nous soupçonne surement déjà de quelque chose! Afin de pouvoir parler librement tout en évitant de dévoiler notre jeu, on convient alors d'un code secret. Comme il n'est pas question d'évoquer directement les habitants du pays (les R----s), ni leur monarque (Vla----- Pou----), sans quoi on se retrouverait en prison avant d'avoir eu le temps d'épeler Goulag (qui à l'envers se lit Galoug! c'est drôle!). À partir de maintenant, on les appellera donc les Po-ke-mon. Et leur souverain tout-puissant, Pi-ka-chu. En pleine hystérie de lancement de l'app' Pokemon Go!, il faudra au moins un Alan(ov) Turing(ovitch) pour craquer notre Enigma à nous. Hin hin hin (rire jaune)...
to eat purée or not to eat purée?that is the question... |
bienvenue à Волоколамск darladirladada! y'a du crachin et des wagons, darladirladada! |
Le temps de faire de même avec le reste du wagon et avec tous les autres wagons - ils étaient venus nombreux nous attendre à la frontière (comme si quelqu'un les avait avertis, vous voyez bien qu'on est fichés!), ça ne prend donc qu'un temps somme toute très raisonnable - ils se replient, les portes claquent, les freins cliquettent, les chiens et les kalachnikovs s'effacent, les spots s'éteignent et le train s'ébranle. Les barbelés, eux, ne bougent pas et ne sont bientôt plus qu'un lointain souvenir embrumé et confus, tandis que les ronflements reprennent comme si de rien n'était. C'est fait: on est entrés. On est à Pokemon-land et à partir de ce moment, Futuna n'aura plus qu'une seule idée en tête ressortir; plus qu'une unique obsession: quitter le pays!
La nuit se poursuit pourtant sans histoires, tous dorment du sommeil du juste et avec les premiers rayons du soleil, on ouvre les yeux sur un nouveau monde: Волоколамск! Encore quelques petites heures de rien du tout à rouler à faible allure sous un ciel gris, à travers des banlieues industrielles grises, le long de barres d'immeubles grises - et assez gigantesques pour reléguer Le Corbusier au rang de père spirituel du mouvement Tiny Houses - et on entre dans Moscou. Le nom fait rêver, la gare Rizhskaia un peu moins, mais on y est: on est arrivés au paradis des matriochkas, le pays où les couloirs du métropolitain sont grands comme la grotte de Lombrives, ses escaliers comme le gouffre de Padirac et sa décoration est digne d'une cathédrale néo-baroque ou d'un cinéma Utopia! Dès qu'on aura réussi à retirer des roubles et à trouver notre ligne de métro, on file retrouver A., notre hôte CS pour les prochains jours et on vous raconte tout ça très bientôt! Скоро увидимся!
matriocka, matriochat et matriochouette sont dans un bateau ; premiers pas dans le métro du peuple: mais, on dirait Versailles! |
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20 francs le kilo
Notre section spéciale (hashtag 20 francs le kilo) pour tous les fans de comptes, les stressés du budget (serré) y ceux qui seraient piqués par la curiosité - ou par le virus - du voyage sans avion(s)... Ils trouveront donc ici et dans cet ordre: la vérité, toute la vérité et rien que la vérité (arrondie, sans virgules et avec parfois quelques oublis mineurs et fortuits, il est vrai). Mais dans les grande lignes, voilà ce que ça donne :
- Riga-Moscou (train Latvian Railways): 17 heures / 950 km / 75 (x2 personnes) 150 euros.
Soit environ 16 centimes d'euro du kilomètre (et par personne) et le gîte pour 1 nuit résolu!
Je veux la suite chez les pokémons !!! et en francais, c'est jouable ?
ReplyDeleteBises à tous les deux.
Nico.
on y travaille! et pour le français, on va voir s'qu'on peut faire ;)
Deletemerci d'être fidèle au poste et à bientôt,
nous