Thursday, September 29, 2016

encore plus loin qu'au-delà... (3 sur 8)

Helpx, mensonges et Tokyo!

À peine de retour à Tokyo mais déjà à la bourre pour notre premier rencard Helpx de ce non-voyage-jusqu'au-bout-du-monde, il nous restait quand même quelques jours pour arpenter l'autre ville qui ne dort jamais ; ou alors seulement, parfois, dans le métro - voire sur le quai!
longue journée de boulot + long trajet en métro = adaptation utile au bipédodo!

On avait quand même rendez-vous avec Yuta-chan: notre cher ex-coloc' (de ces années passées à écorner les bœufs, comprenne qui pourra...), ami, petit frère adoptif et chef émérite de nos meilleurs currys! Au menu de cette fin de séjour en forme de bienvenue au Japon: arpentage de rues, de couloirs du métro et de quais de gares, tentative décevante (et à vrai dire complètement ratée) de visite du marché aux poissons de Tsukiji - la criée au thon la plus célèbre et la plus exclusive du monde étant visiblement devenue en quelques années l'une des attractions touristiques incontournables de la capitale. Il nous aurait fallu commencer à faire la queue la veille au soir, pratiquement, pour pouvoir faire partie des happy few qui, loin devant nous, ont pu pénétrer dans ce saint des saints du commerce des scombridés. Bon, passons, on ne s'attendait pas à trouver 200 personnes encore plus matinales que nous, pour une dizaine de "places" en tout et pour tout. Pour le reste, et tout autour, on a constaté avec amertume et sans vraie surprise que Tsukiji était surtout un parc thématique attrape-touristes du calibre de ce célèbre "super marché aux puces de Moscou" (ici ici!). Tant pis... Ça nous aura au moins donné l'occasion de marcher un peu!

heure de non-pointe, mais alors, absolument de non-pointe du tout du tout du tout : en version panoramique et en version touchée par la grâce...
Avec Yuta-chan, on a erré dans le quartier de Ginza, piétinant sans trop de cérémonie quelques-uns des mètres carrés de sol urbain les plus convoités et les plus chers du monde (si si!) ; on a déjeuné dans un resto-avec-barbecue-individuel-de-table aussi délicieux et bon marché qu'il fut difficile à (re)trouver dans un dédale d'immeubles sans nom de rue ni numéro ; et finalement, on a visité deux temples emblématiques de la culture tokyoïte: le plus grand Uniqlo du monde et le célèbre et très fréquenté (pour ne pas dire bondé) Senso-ji d'Asakusa. Ce temple chéri des locaux et des touristes dans la même (dé)mesure est dédié à la déesse Kan'non. Faut-il le préciser, le plus grand Uniqlo du monde est manifestement un temple voué à la consommation décomplexée et la foi en la croissance exponentielle dans un référentiel fini. En plus d'avoir chacun ses propres rites et idoles, ils se distinguent par la lumière particulière qui les baigne et une certaine image du sacré qui transpire de leurs murs, plafonds et parquets... Jugez plutôt :

en haut, c'est Uniqlo (temple du t-shirt bon marché) et en bas, Asakusa (temple de la miséricorde et des souvenirs bon marché aussi quand même).
"Aaaah, le fascinant Japon! Ô, la terre de contrastes, ô, les noces de la tradition et la modernité, etc." Ça y est, le cliché bon marché est lâché, on peut se détendre et continuer notre récit. Évidemment, on a vu plein d'autres trucs, parmi lesquels une réminiscence de notre aventure transsibérienne statue sacrée de Pikachu en véritable granit massif*, des échoppes-maisons pittoresques quoiqu'un peu défraîchies, un cordiste travaillant en hauteur dans les règles de l'art, un Fūjin (風神) gardien de temple protégé des kitsunes Hinaris mains malveillantes des badauds par du grillage à poules, un bar à sushi aménagé comme un KFC mais d'un tout autre calibre, des bassins pleins de carpes mutantes affamées (très très féroces) et même le plus grand bouddha noir assis en pierre naturelle de tous les faubourgs du nord de Tokyo! Autrement dit, moult-et-une curiosités follement exotiques à nos yeux émerveillés de gaijins en goguette. Mais déjà, il était temps de partir, ou presque. Qu'est-ce que c'est que cette vie - diront certains non sans raison - où même à l'autre bout du monde on est pris dans la tenaille insidieuse de l'urgence galopante, du retard coupable et du rendement forcené? C'est la vie, répondront, laconiques, ceux qui savent... Bref.

échoppe défraîchie ; bouddha noir ; sushi-bar ; néon à DLUO ; carpes féroces ; on rentre! ; gardien bien gardé ; prêt-à-porter ; zen ; "bluse" en direct.
C'est aussi à Tokyo que l'on a cherché - et trouvé! - le quartier des drapiers, les docks des cotonniers, le Lavelanet, en un mot : le Sentier local. Une demi-douzaines de blocs de petites rues où d'étroites échoppes se serraient les unes contre les autres, dans la plus pure tradition de la rue de la soif et des kébabs à Rennes, ou des boutiques d'informatique de la rue Montgallet. Le business attire le business, non? Mais bon, c'est pô l'sujet, mon bon m'sieur. Le sujet le voici : on y cherchait essentiellement deux choses (que l'on a trouvées, les choses, ouais!), à savoir des noren pour rapporter, pour offrir, pour faire plaisir et se faire plaisir, et des imprimés traditionnels, au mètre, pour rapporter, pour offrir, pour coudre et en découdre. Immense succès de l'opération textile : la fameuse caisse contenant les objets pas-indispensables-à-notre-non-voyage-et-pouvant-rentrer-en-France-par-bateau a vu son volume doubler instantanément dès notre retour au lab'artement de Hiro-San! Ça nous a au moins permis de finalement aller au bureau de poste le plus proche pour expédier notre monstre par bateau: elle est partie, elle est en route depuis quelques jours déjà, elle vogue vers l'Europe et on ne sait pas encore si elle arrivera à bon port avant ou après nous...

ah, les voyages qui forgent l'âme: magie du rail et bonheur qui fait tchou-tchou!
Après des adieux déchirants à Hiro-san (et la promesse arrachée qu'il viendrait nous rendre visite et escalader avec nous en Ariège quand on serait rentrés et installés), on est à nouveau montés dans un petit train local, direction la province de Saitama et la petite ville de Chichibu, où nous attendait C., hôte de notre premier helpx au Japon (et hors d'Europe). Aux amis avec lesquels on avait parlé de cette étape dans notre périple, le nom de Chichibu, province de Saitama, avait provoqué une réaction qu'on aurait pu attendre d'un français à qui un touriste australien de passage aurait dit tout content qu'il partait passer deux semaines à... Vierzon, par exemple. Ou Arnac-la-Poste. On nous avait même récemment demandé "Mais que diable allez-vous faire à Chichibu?", question à laquelle on avait répondu, enthousiastes: "On a un helpx qui nous attend, ça va être cool!". Imaginez plutôt: un vieil anglais qui, à en croire son auto-biographie sur Couchsurfing, avait tenu une galerie d'art avant-gardiste à Londres et cotoyé Syd Barrett, avait survécu à la vague psychédélique des années 70 qui l'avait pourtant frappé de plein fouet, puis avait officié comme DJ trance à Ibiza et Goa avant de venir s'installer au Japon avec sa femme japonaise, il y avait de ça 25 ans environ. Il s'y consacrait depuis à restaurer une silkhouse (ancienne ferme de production de soie) du XVIème siècle reconvertie en gîte, ainsi qu'à restaurer des meubles et antiques en vue de leur revente, tout en faisant pousser autour de la silkhouse une jungle nourricière, véritable poème permaculturel façon révolution d'un seul brin de paille**... Avec le trajet qu'on venait de faire depuis la France, difficile de ne pas se rêver en négociants en vers à soie au zénith de leur voyage alla Alessandro Baricco***. Pas "Novecento, pianiste" cette fois.

Sur le papier en tout cas, on avait trouvé l'annonce intéressante et on avait eu envie de découvrir "en vrai" un personnage qui s'annonçait haut en couleur et pittoresque, voire (who knew?) passionnant. Ô, le helpx aux alouettes!

voici le rez-de-chaussée de la silkhouse ; les vers à soie étaient élevés à l'étage.
Dans nos échanges de mails, il s'était montré plutôt enthousiaste: récemment cloué au lit par une pneumonie, il lui fallait un sérieux coup de main pour remettre en ordre la silkhouse et la préparer pour un "festival privé" programmé autour de l'équinoxe ; son permis de conduire étant périmé, il avait besoin du permis international de quelqu'un pour pouvoir circuler dans la région ; il faudrait notamment le conduire à l'onsen le plus proche "une ou deux fois par semaine" pour ses ablutions ; il y avait à entretenir le jardin et à cuisiner pour le "festival" ; il ne manquait jamais de travail pour restaurer la maison ou quelque vieux meuble (je n'insisterai même pas sur les allusions tentatrices - pour ne pas dire directement obscènes - aux emboîtements traditionnels et autres secrets ancestraux de la menuiserie japonaise), etc. Bref et en un mot: on s'y voyait, on était enchantés, excités et impatients de juger sur pied. On avait donc "signé" pour dix jours, voire deux semaines. Très bien. Je vais faire un effort pour ne pas sombrer dans le dénigrement gratuit, pour laisser les émotions négatives de côté et pour tâcher de me mettre à la place de l'autre. Je m'excuse d'avance si j'échoue et si ce post se transforme en un grand n'importe-quoi de vidange de sac, insultes et jugements à l'emporte-pièce inclus. Voilà, après les clichés à deux balles, les précautions oratoires qui légitiment a priori tous les débordements! On croirait un populiste en période électorale - et Ford sait que même ici, encore plus loin qu'au-delà du bout du monde, les nouvelles internationales arrivent jusqu'à nous. On avait été témoins de très près du dernier succès populiste en date, qui sait où nous trouvera le prochain? Enfin, bon, voilà...

un "meuble médiéval", élégamment tordu mais guère voué à être restauré...
Quand on est descendus du bus au terminus, tout au bout de la ligne locale qui démarrait en gare de Chichibu pour terminer Ford-sait-où en rase campagne, Lord Prout (ce sera son nom de code à partir de désormais) nous attendait dans sa petite voiture, déjà exaspéré par les 10 minutes de retard. Était-ce de notre faute? Apparemment. Soit. On a roulé une dizaine de minutes, juste assez pour briser la glace en s'enfonçant dans la nuit et sous la voûte sombre d'une forêt dense qui couvrait une colline escarpée. On a finalement débouché sur un petit plateau isolé, un peu en retrait de l'axe de la vallée et abritant un hameau d'une dizaine de maison éparses, abandonnées pour la plupart et entourées de champs peu entretenus. Lord Prout nous a expliqué, pas peu fier, que ce hameau "fondé par des samouraïs déserteurs en fuite avait vécu retiré du monde jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale, date à laquelle il avait été pour la première fois connecté au reste de la province par une route carrossable" (sic.). La question qui, déjà, nous brûlait les lèvres: "que foutaient-ils donc avec toute cette soie accumulée dans leur ferme depuis le XVIème siècle, s'ils vivaient reclus sans que le reste du Japon ait connaissance de leur existence?" Ils devaient péter dans la soie - littéralement - et peut-être même se torcher avec! Amis de la poésie... Passons. En plus, je commence déjà à exprimer des jugements sournois quand j'avais promis de ne pas le faire). Se tenant péniblement debout devant nous, se déplaçant avec difficulté et avec le souffle (très) court, plié en deux après avoir descendu une volée de marches, Lord Prout, nous est apparu être un homme âgé (72 ans, disait-il) qui avait beaucoup maigri et s'était énormément affaibli au cours du dernier mois suite à sa pneumonie. Il vivait apparemment seul depuis quelques années ; sa femme et sa fille "ne supportant plus le soi-disant désordre et la soi-disant saleté dans laquelle il vivait" (sic.), avaient choisi d'aller vivre à une trentaine de kilomètres de là. Il a insisté sur les "soi-disant" comme pour nous inviter à rétorquer qu'en effet, elles exagéraient. Nous, on n'a pas relevé...
la silkhouse rangée et nettoyée par nos soins, bel exemple de fusion 1550-1970.

Lord Prout était en fait une personne âgée et solitaire, vivant en silence dans un hameau abandonné, sans voisins, reclus dans une maison ancienne menacée par l'humidité, le poids des ans et l'accumulation de monceaux d'ordure - le tout entouré d'une nature luxuriante et envahissante. Lord Prout était aussi une personne qui, depuis une semaine environ, faisait ce constat amer qu'il ne pouvait plus jardiner, porter ses sacs de courses, nettoyer ni entretenir sa maison tout seul. Il faisait sans doute pour la première fois l'expérience douloureuse et angoissante de la perte d'autonomie. Il avait visiblement pris conscience à l'hôpital de la précarité de sa situation, ou de l'impermanence de toute chose. Désolé pour le cliché, mais pour un prosélyte de la révélation psychédélique prétendant avoir embrassé la philosophie et la sagesse orientales depuis près d'un demi-siècle et répétant ad nauseam que le LSD avait ouvert son troisième oeil - et le bon - il était étonnamment peu préparé à l'éventualité de sa propre fin. Tout cela prenait la forme d'une nostalgie ego-lâtre envers tout ce qu'il avait été, d'un mépris non dissimulé pour le reste de l'humanité, d'une intolérance crasse à toute idée ou opinion venant de l'extérieur, d'une indécrottable conviction d'avoir toujours raison, d'une incapacité forcenée à accepter avec un sourire l'aide extérieure dont il avait pourtant tellement besoin, ainsi que d'une résistance pathologique et en toutes circonstances à dire "merci", "pardon" ou même simplement "oui". Dès le matin du deuxième jour, on avait conscience d'être tombés dans l'antre d'un authentique tyran manipulateur et pervers, sombrant dans une sénilité paranoïaque, passif-agressif et sournois. Et qui, de surcroît, donnait déjà des signes de méfiance maladive et de besoin de contrôle en toutes circonstances. Ça s'annonçait enrichissant! Ça promettait!

sur la route de Madison, non, mais sur celle de Chichibu (c'est bien aussi).
À ce stade, on aurait dû prendre nos sacs à nos dos et nos jambes à nos cous, mais on est décidément trop cons était touchés par sa situation et on avait envie d'être utiles. Notre bon vieux syndrome du Border Collie qui nous a plus d'une fois joué des tours... Car si helpx est une formidable école de négociation, de "savoir dire non" et de "mettre des limites", c'est aussi un extraordinaire laboratoire d'exploitation et de néo-esclavage, dans lequel celui qui met la bouffe dans les assiettes bénéficie d'un ascendant inconscient assez considérable sur des bénévoles bien intentionnés. Et ce levier de la nourriture exerce un couple phénoménal dans le pacte qui se conclut. On a bien pensé à avertir sa femme pour qu'elle vienne s'occuper de lui ; on s'est disputés beaucoup et on a parlé un peu, aussi ; on a serré les dents et on a travaillé pour reprendre de haute lutte à la moisissure et aux insectes, le terrain perdu ces dernières semaines? mois? années? On a subi sa misogynie et bu sa miso-soup ; on a tenu jusqu'au matin du quatrième jour, d'humiliations mesquines en coups de gueule furieux, de mensonges raffinés en minauderies puériles et de chantage affectif en menaces voilées. On se disait parfois, "si c'étaient nos parents, on ferait preuve d'empathie et on l'accepterait, alors pourquoi pas lui? On oscillait régulièrement - tic-tac, tic-tac, tic - entre le mantra de Jack Kerouac "equally empty, equally lovable, equally a coming Buddha" et celui de Wallis "est-ce que Lord Prout a essuyé mon front la nuit toutes les fois que j'avais de la fièvre? Non? Ma mère l'a fait." On se répétait qu'il est long le chemin qui conduit à la sagesse et la compassion. Et aussi qu'il n'y a rien au bout de la patience: au bout de la patience, il y a la patience. Mais quand il a expliqué devant nous aux "clients" de l'événement privé que pour le service, "son staff" (sic.) était inclus dans le tarif de la prestation et qu'ils s'occuperaient de tout, alors qu'on venait de passer 3 jours à ranger, nettoyer, désherber, lessiver, désinfecter et récurer la boîte de pétri géante qui lui servait de cuisine sans autres retours que "je ne vous l'ai jamais demandé", "j'aurais très bien pu le faire moi-même" et autres "il y a quand même du travail plus urgent à faire et si vous ne vous en rendez pas compte vous-mêmes, je ne vois plus ce que je peux faire pour vous", on a décidé que c'était bien et que son festival-événement il pouvait se le ranger là où on pensait. Ce qu'on lui a d'ailleurs suggéré de faire dans notre meilleur anglais. On a fait nos sacs, on l'a remercié chaleureusement et on est partis, tôt et à pied, vers l'arrêt de bus qui nous ramènerait au monde des vivants.

de retour de chez le véto, le chat à la cool ; ishin-denshin ; devant l'estafette de campagne, photo-souvenir dans les règles. Merci Fujio-san!

Environ 40 minutes plus tard, comme Futuna marchait le long de la route, son pouce tendu plein d'espoir vers les rares automobilistes et que Wallis lui expliquait que ça ne servait à rien, on a soudain entendu une voiture qui roulait au pas derrière nous et, dans le grésillement d'un mégaphone embarqué, une voix métallique a hurlé "Where are you going?" Alors qu'on était sur le point de se jeter à genoux avec les mains en l'air, on s'est instantanément convaincus ensemble (un exemple frappant d'ishin-denshin) que le vieux Lord Prout, concevant la plus macabre des vengeances, s'était lui-même frappé avec une statuette de Kan'non avant d'alerter la police pour nous accuser d'agression et de vol. Mais non, le pauvre homme n'avait même pas eu l'imagination suffisante (ouf!). Le temps de se retourner, on a découvert garée derrière nous une minuscule voiture couverte d'affiches électorales et son propriétaire, Fujio-san, une légende de la vie politique locale en campagne pour sa énième ré-élection, marchant déjà vers nous avec un grand sourire pour prendre nos sacs et les charger à bord.
la méditation futunéenne, discipline récente mais dont les adeptes se multiplient.

Il était positivement enchanté de pouvoir rendre service à deux gaijins perdus, il avait le temps de nous conduire non seulement à l'arrêt de bus mais même directement jusqu'à une gare d'où l'on pourrait prendre une série de trains locaux direction Nagano, notre prochaine étape... Tout en roulant prudemment en rase-campagne et en saluant absolument TOUT le monde, Fujio-san nous a expliqué dans un anglais parfait qu'il descendait d'une longue lignée de samouraïs locaux, qu'il aimait passionnément les chats (un spécimen fort sympathique se promenait d'ailleurs librement dans la voiture, pas trop traumatisé après une visite d'urgence chez le vétérinaire un dimanche matin: tous les prétextes sont bon pour sortir distribuer des tracts et serrer des mains!) et qu'il adorait les étrangers en général. Il était flatté que des Occidentaux aient choisi Chichibu pour leurs vacances au Japon, c'était émouvant, la journée s'annonçait belle et chaude, le chat ronronnait sur le tableau de bord comme un vieux 103 Motobécane. Arrivés pile à l'heure pour le prochain train en partance, on a trouvé le temps - entre nos remerciements émus et sa bénédiction chaleureuse - pour une photo-souvenir de rigueur et un échange de notre facebook respectif. On lui a également promis de dire une petite prière pour la bonne santé de ses chats, et de tous les autres, au prochain temple qu'on visiterait ; ce qu'on ne manquera pas de faire! Hop! Vite fait bien fait, on a sauté dans le train qui partait et bien vite, Futuna s'y est adonné à son activité préférée - activité qui a d'ailleurs fait des émules (voir ci-dessus la preuve irréfutable).

La suite au prochain numéro : Nagano et tout ce qui nous y attend (allez, juste un petit teaser: des chèvres, des ninjas et des typhons, rien que ça!), plus une cuillère ou deux de helpx en rab' (faut-il qu'on aime ça, décidément!) et pas mal d'autres (globalement bonnes) surprises... À bientôt!


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plus vrai que nature et digne des galeries du musée de cire de Madame Tussaud!
*  Gotta catch 'em all! À propos de ce remarquable Pikachu en granit massif qui nous attendait là, au coin d'une rue banale d'un quartier ordinaire, devant une banale boutique d'articles funéraires en pierre, entre de banales lampes à esprits et stèles de marbre d'inspiration classique Shinto-Chihiro... On l'a reconnu pour ce qu'il était: un équivalent nippon-kitsch du  bambi en celuloïd ou du nain de jardin pousseur de brouette avec un géranium dedans. Approchez! Écartez le rideau!
Un chef d'oeuvre Michaelangélien, un Rodin au pays des Ronin, une ode à la geek-culture millenial cachée ici, en plein cœur d'un bestiaire shinto: Mariage de tradition et de (post-)modernité, ô, les mille surprises que nous réserve le mystérieux archipel. Et dire que le guide-les-masses n'en parle même pas: "quand Lonely Planet montre la voie, un(t)raveling voit la montre? Euh. Enfin, vous aurez compris l'idée. Ou pas...

**  la révolution d'un seul brin de paille est un best-seller et la Bible de la permaculture, écrit en 1975 par l'agronome japonais Masanobu Fukuoka. Dire qu'on le recommande vivement serait un euphémisme. On pourrait même cesser d'adresser la parole à quiconque ne l'aurait pas dans sa bibliothèque. ;)

*** Alessandro Baricco, un extrait de "Soie": le voyage aller (on ne détient absolument pas les droits, mais on considère la reproduction de ce court passage comme un hommage à un auteur qu'on apprécie beaucoup) :"Il passa la frontière près de Metz, traversa le Wurtemberg et la Bavière, pénétra en Autriche, atteignit par le train Vienne puis Budapest et poursuivit jusqu’à Kiev. Il parcourut à cheval deux mille kilomètres de steppe russe, franchit les monts Oural, entra en Sibérie, voyagea pendant quarante jours avant d’atteindre le lac Baïkal, que les gens de l’endroit appelaient : mer. Il redescendit le cours du fleuve Amour, longeant la frontière chinoise jusqu’à l’Océan, et quand il fut à l’Océan, resta onze jours dans le port de Sabirk en attendant qu’un navire de contrebandiers hollandais l’amène à Capo Teraya, sur la côte ouest du Japon. À pied, en empruntant des routes secondaires, il traversa les provinces d’Ishikawa, Toyama, Niipata, pénétra dans celle de Fukushima et arriva près de la ville de Shirakawa, qu’il contourna par l’est, puis attendit pendant deux jours un homme vêtu de noir qui lui banda les yeux et qui le conduisit jusqu’à un village dans les collines ou il passa la nuit, et le lendemain matin négocia l’achat des œufs avec un homme qui ne parlait pas et dont le visage était recouvert d’un voile de soie. Noire. Au coucher du soleil, il cacha les œufs dans ses bagages, tourna le dos au Japon, et s’apprêta à prendre le chemin du retour."

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