Monday, December 28, 2015

MCC#2 - Ma Cabane au Canada! - épisode 2


not' cabane au Canada: mi-finigue, mi-raisin 

"Finalement, au bout d'un moment,
Soudain, il fit nuit.
Nous rangeâmes chaque chose
À sa place; nous lavâmes bien
Les mains
Et promîmes de revenir bien vite
Pour la suite.
 Puis nous rentrâmes chez nous
Par la route qui serpente
À travers un Lauragais
Tout Transi
De bise nocturne."

Pis oui, c'est çô, lô: la vie suivit son cours sans histoires, métro-boulot-dodo, à chaque jour suffit sa peine, et roule le train-train à son pé-père Nouel, comme on dit. Puis il arriva avec ses rennes et son traîneau porté par le vent (à propos de celui-ci et des voeux que l'on jette souvent à la cantonade sur son passage, vous trouverez une version personnelle de carte de voeux de non-oël 100% faite à la main dans le plus pur style Un(t)raveling en suivant ce lien exclusif vers du contenu gratuit rédigé avec amour, garanti sans spams et non sponsorisé par un groupe multinational payant ses non-taxes dans les paradis fiscaux!), accompagné de quelques formalités administratives de saison, puis de quelques jours de vacances bien méritées. Nous pûmes donc (enfin) retourner à notre désormais chère canade au Cabana, qui en avait d'ailleurs bien besoin... Sans plus de cérémonies, voici la suite palpitante ET la trépidante fin du projet MCC:

étape 7: not'bon maît' mettant la main à la pâte ; la bâche étanche (bientôt plus) ; le bardage du toit en cours.
La septième étape: not'bon maît', le pharaon-patriarche débonnaire, avait décidé qu'il n'y aurait ni tôle ondulée, ni bac acier, ni toile bitumée: ce serait toiture en bois de palette et bâche plastique étanche posée par en-dessous, entre le bardage et la volige. Nous tentâmes bien d'avancer des arguments raisonnables - que si la bâche sous le bardage cloué/vissé signifierait une voie d'eau sous chaque vis de chaque latte, que si ça allait peser beaucoup, que si le plastique allait se voir dessous et que ça ne serait pas du meilleur effet, que si tout ces beaux efforts d'assemblages rustiques pour finir avec un toit qui goutterait à la première pluie... quel bâchis! En vain! On voulait mieux que ça pour notre chère charpente qui le valait bien et pour elle on lutta bec et ongles. Mais à un moment donné, le travailleur baisse les bras et c'est bien le client qu'est roi. Sire si vous n'étiez pas le roi, chantait Yves Montand en son temps - et pas le mien. Ou si, aussi, puisque j'eus le privilège de l'écouter, enfant (et en heures!). L'on mit donc la bâche comme il voulait, puis on la couvrit en clouant/vissant le bardage de palette par-dessus. Le temps de doubler le bardage à la face inférieure des débords de toit (histoire de cacher la bâche, au moins de/à l'extérieur) et de fignoler les rebords avec une plinthe et ce fut l'heure d'aller manger: pas à dire, on n'avait jamais été aussi bien traités en helpx que sur ce chantier-ci! On abandonna tout en plan, se lava les mains et se mit à table. En revanche, le café à peine avalé, on y retournait.

étape 7 bis: le bardage du toit (presque fini) ; le toit vu du ciel (en vue subjective "je suis la pluie") ; le toit vu de dessous: bâche comprise...
La huitième étape: ça fait, nous pûmes nous consacrer corps et biens au défi suivant: le portillon. Nous avions choisi, dans un louable effort de prévision et de gestion des stocks, une jolie palette pour faire office de porte. Et not' bon maît' avait acheté chez Brico une belle paire de gonds qui serait tout à la fois l'orgueil et le joyau de not' Cabanada Dry (ou Wet, vue la décision-pomme de la discorde quant à l'étanchéité du toit...). Restait à amener la palette au format de l'ouverture, puis à en rigidifier un peu le châssis sans trop l'alourdir (ni trop l'enlaidir). Nous nous mîmes (mars eau: c'est d'actualité avec cette sècheresse et ça mettra un peu d'ambiance musicale dans ce post et un joli morceau de divertissement culturel et néanmoins télévisuel!) au boulot sans plus tarder et gnic gnic gnic! et pan pan pan! trois coups de scie, quatre coups de marteau et cinq clous plus tard, on avait un portillon avec son fenestrou délicieusement rustique, prêt à être installé.

étape 8: habillage de palette en bonne et due forme... de portillon façon buccolique: "bin, y manquerait juste qu'un faux-puits en pneus!"
La neuvième étape: qui faisait un peu partie de la huitième, quand même, ce fut de monter un loquet, un verrou, un truc quoi (hein? comment vous dites? un penne?). Alors quitte à donner dans le rustique, nous nous dîmes en riant intérieurement de tant d'audace, autant y tremper jusqu'au cou et faire un machin façon vieille porte de vieille borde d'antan où qu'on y garde les béliers. Sitôt dîmes, cytokine! Euh, pardon: sitôt fîmes! Un trou, un taquet, un bidule: quand il tirût la bobinette, la chevillette cherrût et le chapi peteron joure rugea mais un teu pard qu'on ne l'y prendrait plus, non mais sans blog! Du coup, voilà: on n'a guère plus grand-chose à raconter, parce que not'bon maît', le glabre-Moïse de sa Vallée d'Ossau, décida que c'était bien comme ça: pas de petites étagères, pas de bardage du côté (pour l'instant), pas de décorations ostentatoires en ces temps de crise et d'austérité... On avait bien bossé, mais ça en faisait des bouches à nourrir tout ça, sans compter que le charpentier en herbe éclusait du pinard qu'on aurait dit qu'il venait de passer quarante ans dans le désert! Bon.

Et la dixième étape: las, nous installâmes néanmoins trois solides montants verticaux, fixés (chevilles et vis) au mur de briques de la cabane, en regard (et donc sous chacune) des trois fermettes, afin de pouvoir facilement y clouer quelques planches à crochets et autres supports où suspendre tous les outils et accessoires de jardinage. Nous nous disposions à monter tout ça vite fait bien fait, en récupérant les morceaux qui traînaient de-ci de-là, quand il arriva dans son char d'or et dans un fracas de buccins qui sonnaient la fanfare: "On verra ça plus tard, rugit le pharaon, je vais de toute façons passer tout ça au vernis ou à la lasure. Donc à partir d'ici, je reprends la main, les rênes et je continue. Merci d'être venus. Beaucoup. Vraiment. Maintenant, vous pouvez ranger vos affaires et passer un coup de balai, c'est très gentil à vous d'avoir filé ce coup de main, merci! Là, je peux me débrouiller, voilà! Allez, hop! Je ne vous retiens pas, allez voir en Terre Promise si j'y suis". Nous livrâmes donc le chantier, fîmes nos sacs et puis, on repartîmes, non sans avoir fait des bises aux uns et aux autres et avoir engullipé un délicieux repas de non-oël, où on fûmes ni treize à table ni quarante tribus, mais où l'eau se changea en vin à plusieurs reprises, le porc au caramel coula à flot et le dessert tira... misu. Désolé!

étapes 9 et 10: sur deux lignes et sans foiritures, le portillon portillant, le loquet loquetant, le cabanon cabannant et le ciel gris... zonant!
En moins de temps qu'il n'en phallut (ah non! ça va pas recommencer!) pour le dire, on fûmes en fuite dans le désert vallonné des confins de la Haute-Garonne et de l'Ariège. On avions de la manne plein le coffre de la voiture et finîmes par nous demander si tout ça avait bien eu lieu; sensation étrange parfois ressentie lorsqu'on s'éveille juste après un rêve... Heureusement qu'il nous restait ces quelques photos, pour se convaincre que l'on n'était pas devenus complètement fous, qu'on n'avait pas tout inventé; conversation type d'une situation de ce genre:

" - Construit un appentis pour la cabane?? Mais enfin, de quoi parlez-vous, les jeunes? Vous venez de passer les huit derniers jours enfermés dans une chambre d'hôtel en face de la gare à Périgueux, à apprendre par coeur toutes les paroles de toutes les chansons des Beatles, en vous nourrissant exclusivement de pizzas Domino et sans sortir une seule fois, même que la réceptionniste a appelé la Police...
 - Ah bon? Vraiment? C'est bizarre, on aurait pourtant juré que..."

Tiens, à ce sujet et à ceux qui auront eu le courage, ou l'obstination, d'arriver jusqu'ici: on sommes fiers de présenter-leur deux magnifiques cadeaux de non-oël qu'on se sommes faits, qui viennent enrichir la petite bibliothèque à roulettes Un(t)raveling, et qui viennent à point - aussi - pour résumer ou donner un semblant de sens à tout ce dont on venons de parler en désordre et sans grande préoccupation pour la cohérence ou la chrono-logique:


étape 11: lectures vivement conseillées, sources d'inspiration et sans foiritures, le portillon portillant, le loquet loquetant, le cabanon cabannant et le ciel gris... zonant!
Chacun des deux est, dans son genre et pour le(s) sujet(s) qu'il traite, remarquable: richement illustré, fascinant et tout à fait à même de faire passer un moment agréable, instructif et transformateur à quiconque se penchera dessus... Voilà. On, on dit ça, on dit rien. Joyeux non-oël à tou(te)s!


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* Au fait: c'est bien joli tout ça, mais y'avait-il seulement une astérisque de renvoi dans ce post? Ou s'agit-il d'un artifice vil pour vous faire perdre un peu plus de temps aujourd'hui? Allez comprendre, allez savoir...

Friday, December 25, 2015

Riding a three-cat open sledge...


With the less wintery winter we remember and the very first Christmas Full Moon your Un(t)ravelers will ever see - last one was on Dec. 25th 1977 -, we are delighted to wish you all the following (see below) and much more for both what's left of 2015 and the New Year 2016!




See us wave our hands at you in pure amazintastic joy, as our triplicated old-but-still-in-shape-and-beautiful K-cat flies us around above the snowy valley of l'Ariège! Come closer, for we don't easily talk loud and here's our three step recipe for happiness:

1- Keep moving, exploring and discovering, in a word: un(t)raveling! Remember it's not about where you're going, nor how far you get. It's about how you look at the world around you, here and now. Follow the brilliant suggestion of Cheryl's mother in Wild (higly recommendable movie, btw!) and put yourself in the way of beauty...

2- Do cruise the way that is best for you. You know better than anyone whether it's on a bicycle, in a Marco Polo Mercedes-Benz, with skis or on horseback! Our sledge is not necessarily the one for you, and vice versa... Find yours, ride yours! And if you ever need instructions for a DIY sledge, just ask! Come build it here in the yard: you'll have a chance to try it with an actual cat and (hopefully soon) actual snow. Every chemist knows it: using the right vehicle is key to success!

3- Make sure you are surrounded at all times (well, give them a break every now and then, e.g. when you go to the restrooms) by nice, loving and smiling people. Don't forget to be nice, loving and smiling with them too, in return! People make the world, ya know, go round... And that's pretty much it: this is about all the best, most profound wisdom we are capable of, from us to you: appropriate vehicle, genuine curiosity and the gift of Others. So, enjoy this very Merry Christmas and the great coming Happy New Year too!


Ah, and of course: here's your load of funky good time, fellahs!




Don't forget to have a look at the cold full moon tonight: step outside, breathe the fresh air, look up and say hello to the bearded old man if you see him...


With love, peace and a warm hug,
Wallis & Futuna

Monday, December 21, 2015

All the truth about...

 ...why 2015 may have been tough but 2016 is gonna rock!
(true thing; scientifically proved; factual stuff inside; soon on TV)



After hours of hard work, complex calculations and exhaustive studies (little white lie), we are pretty proud, genuinely glad and - needless to say - extremely relieved to announce that:
2016 is going to be a great year.

the views while climbing at Calamès: yes, this was Dec.18th in Ariège!
Okay, let's face it at once: 2015 was a mess. 2015 was pretty hard on us all. 2015 sucked. 2015 was a year we'll all want to forget and we're not going to waste your time trying to justify this assumption, since you probably all agree. 2015 was the year equivalent of a movie with Ryan Goslin: many expectations, little bit of this, little bit of that, ambitious soundtrack, snobbish photography; reminds you of many good things you've seen before but in worse; pretends to be smart but doesn't make any sense at all and in the end, sadly fails to get anywhere... Okay, this is maybe a bit of too harsh: there were good things too in 2015. To name just one: Global Warming! which allowed us to climb on a Dec. 18th in shorts and t-shirts at the closest crag, with a lovely bunch of smiling English expats. Or the globalized production, distribution and retail system, which allows us to enjoy amazingly fresh organic oysters from Oléron island in the middle of the Pyrenees mountains! Okay, sarcasm is taking us nowhere...

Bourgogne wine and Oléron oysters: yes, this was Dec.18th in Ariège!
But if you look at it closely enough, there's no big surprise (there seldom are). As a number, 2015 is NOT COOL at all. 2015 only accepts to be divided by 5. Then by 13 and 31. Now, talk about being flexible! Or resilient! Come on, 2015: you could have made some concessions. But none! Instead, 2015=5x13x31. Honestly, just - how - lame - is - that? Seriously: 13x31? A palindromic product of primes: a PPP! a Pee Pee Pee! What could one expect from 2015 but disappointment? Not only is 13x31 gross, it is also unnatural and scary. 2015 is a numeric equivalent of Cronenberg's creepy dysfunctional fantasies from the eighties. An unpleasant freak. The public has voted and the adventure is over for you, 2015! You're the weakest link, 2015! You're out! Out!


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(with a nice celestial music sounding now, e.g. Schubert's litanei for piano and cello...)


Now, mathematically speaking, 2016 is an incredibly rich year.
2016 accepts pretty much all factors: a sign of tolerance:
it accepts division by all numbers from 1 to 9, but 5. Hard to believe? Look:

2016 / 1 = 2016 ; 2016 / 2 = 1008 ; 2016 / 3 = 672 ; 2016 / 4 = 504 ;
2016 / 6 = 336 ; 2016 / 7 = 288 ; 2016 / 8 = 252 ; 2016 / 9 = 224.

It is also (logically enough) a multiple of the product of any of the numbers: 2, 3, 4, 6, 7 and 8.
2016 is full of possibilities. Still can't believe us? Look here:
2016 = 12x168 = 14x144 = 16x126 = 18x112 = 21x96 = 24x84 = 28x72 = 32x63= 36x56 = 42x48. And all the way down again = 48x42 = 56x36 = 63x32 =... Cool, isn't it?

2016 is twice 1008, which is 1x2x3x4 x6x7.
1 is Whole, 2 is Union, 3 is Heaven and 4 is Earth, 6 is Evil and 7, Perfection.
What else? 2016 will include and embrace every thing 2015 didn't...

Let's play a bit more: 2016 = 42x48, we've seen that earlier. But 42 and 48 happen to be 45-3 and 45+3, respectively. Doesn't it ring a bell from high school? Exactly: (a+b) x (a-b)!

So, if 2016 = (45+3)x(45-3), then 2016 = 452 - 32.
Really? Does it? 452 = 2025 and 3= 9. 
2025 – 9 = 2016. Yes, Ma'am! QED.
2016 should thus be smart and accurate, shiny and crystalline. Perfect.


(if you're done with the litanei, how about trying some Bach&Gounod now?)


Anyway, we don't want to complain of the year we're about to say goodbye to, for it is not nice nor constructive.

* literally: "landing forbidden from June 1st until the grass' harvest" !!!
Needless to say we do NOT believe in numerology (except maybe when it comes to the magic of numbers in music or in nature, the perfection of their cold beauty "as a stone dream", said Baudelaire...). So, if anything at all, this funny bullsh... was most probably a projection of our very own humble experience during this past year and our very own sincere hopes for the year to come, respectively. Our sincere apologies to the people who do believe in numerology: we did not intend to offend them, nor to be disrespectful in any way. This was no truth, just a random mixture of cold maths facts and dubious claims. We happen to be expecting the new year with sheerer eagerness than ever before...

We'll wish year a happy new you as soon as possibly possible (y como Dios manda!) so meanwhile, remember NOT TO land until the grass has been harvested*, enjoy the Winter Solstice and each one of these 10 merry un-Christmas days!


Monday, December 14, 2015

MCC#1 - Ma Cabane au Canada! - épisode 1

du typique diptyque "avant/après", voici donc le demi... d'ouverture (ha ha!).

"Ma cabane au Canada*,
Elle est blottie au fond des bois.
On y voit des écureuils,
Sur le seuil.

Si la porte n'a pas de clef,
C'est qu'il n'y a rien à voler
Sous le toit de ma cabane
Au Canada."


Voilà voilà. Très bien, un grand merci à Line Renaud. Après cette introduction musicale et dépaysante, nous pouvons commencer: notre cabane au Canada à nous, ce weekend-là, était plutôt tarnaise. En fait d'écureuils sur le seuil, il y avait en outre une vielle chatte (pardon, il faut appeler un chat un chat - donc par son nom - et je ne veux pas voir cette espèce de sourire en coin moitié goguenard moitié adolescent attardé!) obèse et taciturne, roupillant du soir au matin dans une caisse curver au plastique défraîchi et remplie de couvertures, sur l'étagère courant le long du mur du fond. Mais c'est plus difficile à chanter, d'ailleurs ça ne rime même pas. Ou alors y'a longtemps - et il sentait pas bon... Pauvre chère Line Renaud! Bien. Le "patron" (on aurait pu dire "le parrain" ou "le patriarche", "not' bon maître", le "client" ou encore "l'instigateur du projet"; on aurait même pu l'appeler Moïse, tiens!) voulait pouvoir ranger à l'abri des intempéries - et un peu aussi des regards - des trucs trop grands ou pas assez importants pour aller dans la cabane. Il avait donc besoin d'une extension à ladite cabane, et nous nous offrîmes, d'autant plus volontiers qu'on savait à quel point il adore bricoler, de la faire pour lui, avec beaucoup de gentillesse et pas mal de bois de récup'.

étapes 1 et 2: évaluer l'existant, rassembler les matières premières et dimensionner le projet, au moins dans les grandes lignes...
Ajoutez à cela une courte mais enrichissante formation sur un weekend, intitulée "les bases de la charpente en pratique" et organisée par l'association Écorce (association d'éco-constructeurs de l'Ariège et de l'Aude qui nous compte désormais parmi ses membres valeureux et vigoureux) et vous obtiendrez - hop! - le cocktail rêvé pour un projet DIY à la sauce Un(t)raveling. On avait d'ailleurs déjà fait une petite cabane de jardin en palettes pour une maison antérieure de not' bon maître, mais elle resta hélas en héritage pour les (chanceux) locataires suivants; les curieux la trouveront parmi les cartes postales de notre section handmade with love. Donc, sans plus attendre, voici:

La première étape: comme pour tout projet d'upcycle-DIY qui se respecte, nous nous lançâmes d'abord dans une chasse (éperdue) aux palettes et autres pièces de bois diverses. Chasse fructueuse dans et aux abords de R., où les boutiques de bricolage, d'équipement pour la motoculture et autres dépôts de matériaux de construction sont légion et abandonnent souvent, à la nuit tombée, des trésors de toutes tailles et qualités dans les recoins sombres de leur(s) parking(s). L'Association précédemment citée nous vendit également sept mètres d'un bon chevron (6x8cm) en deux belles pièces, parfaites pour réaliser une charpente légère mais "dimensionnée". Après avoir épointé et ébarbé sommairement tout ça, nous le classâmes (Ford! que ce passé simple sied mal à notre XXIième siècle!)

étape 3: les petits coffrages prêts à encoffrer, les supports de nos pattes armées et les faux-poteaux bien équerrés!


La deuxième étape: réaliser une étude qui - sans toutefois ignorer complètement les désirs du client - satisfît avant tout les exécutants (d'un jour) et leur permît d'écouler la matière première qu'ils avaient accumulée à grands renforts de voyages en 2c15. "Vous vouloir structure légère, planches clouées, pieds posés à même le sol, quelques cailloux pour caler? Parfait, nous bien compris! Pas se préoccuper, nous faire charpente traditionnelle, assemblage pièces, scellement armé!" (sic.) À ceux qui se demanderaient d'où nous vinrent cette stratégie brillante et ce cynisme commercial: ils nous furent donnés par un certain archi' et son aréopage d'artisans que nous vîmes à l'oeuvre - quoique du coin de l’œil - sur un chantier juste à l'autre bout de ce même jardin... Voilà, il nous fallait le dire, c'est dit. Nous nous mîmes (marre sot?) donc sans plus tarder au boulot.


La troisième étape: ayant demandé à not' bon maître le patriarche-client de creuser des trous en deux points stratégiques et déterminés avec précision, nous nous mîmes (mare seau?) en devoir de préparer deux petits coffrages de 25x25, ainsi qu'un support percé qui recevrait les tiges de scellement: 4 gonds de volets de 60cm (3,10 euros pièce chez Brico') semi-enterrés, armés de ferraille et positionnés de façon à prendre les poteaux transversalement. Avec 2 chutes de chevrons en guise de faux-poteaux et une longue latte de palette, nous montâmes un dummy pour présenter tout ça en place, d'équerre et à niveau. Hop! C'est fait, circulez y'a rien à voir et let the police do its (repressive) job...

étape 3 toujours: on dirait pas comme ça, mais c'est plus dur de mettre en page ces photos que de poser les pieds d'équerre!
Nous mélangeâmes avec soin (vous, on ne saurait le dire, mais à nous, tous ces "-âmes" nous y font mal, justement; et c'est bien plus la flemme de tout modifier que notre flamme pour le passé simple qui nous fait persiste-et-signer) sable et ciment prompt sans en respecter (est-ce permis?) le dosage précis. Puis nous mouillâmes généreusement le tout et l'agitâmes vigoureusement avant de mettre finalement le truc dans le machin sans plus de cérémonies. Il fallut s'y reprendre à plusieurs froid, euh pardon! fois - décidément le lapsus m'habite aujourd'hui et ce paragraphe sent dangereusement le soufre. D'ici que des défenseurs des mœurs viennent à nous lire et veuillent nous réduire au silence, il n'y a pas long... On essaiera bien de leur dire que Rabelais lui-même, Ronsard et nos ancêtres les Gaulois. Las! En ce dimanche de second tour, les jours de la bite écrite, ou dessinée, pourraient bien nous être comptés. Filons!

comme ça a l'air propre, simple et évident sur la photo! Snif...
La quatrième étape: pendant que le machin séchait, et comme le tout paraissait très confus (décidément, ce post va faire des Heureux les simples de la bougie car le royaume d'essieu leur appartient à ceux qui ne sont pas nés de la dernière pluie abat grande brise Marine sur nos campagnes!), nous en profitâmes pour aller scier un coup. Ou scier dans le bois, c'est comme on veut. Nous voulions fabriquer un portique avec deux pieds d'environ 1,70 m, un montant d'environ 2,30 m de portée et trois fermettes qui reposeraient contre le mur de la cabane, de 1 m de large et 40 cm de haut pour donner une pente confortable à notre toit en bardage**. L'idée était de faire porter le poids de celui-ci (minime) sur le portique scellé et de fixer les fermettes aux chevrons de la cabane: pas vraiment de charge, juste une tenue à la traction (faible) lors des coups de vent. Après tout, le schmurtz ayant des pieds coulés dans le béton armé dans la plus pure tradition du BTP napolitain, nous n'avions pas vraiment de souci à nous faire. Pouf pouf! Nous nous jetâmes à corps perdus dans un marathon d'assemblages: mi-bois pour les montants horizontaux (résistance à la traction), tenons et mortaises pour les contre-fiches (compression et équerrage) et si on dit des bêtises, surtout surtout, vous nous corrigez dans les commentaires, s'il vous plait: on débute et on déborde d'enthousiasme mais bon, faudrait pas croire non plus qu'on y connait quelque chose... Nous apprîmes à tracer les parallèles au mètre de charpentier parce que, dixit le charpentier de la formation: "quand t'es à 6 m de haut sur une charpente par grand vent, t'as pas vraiment le loisir de trimbaler règle, équerre, compas, gomme et tout le saint-trusquin" (le calembour n'est pas du charpentier; je sais, c'est pure trusquinerie de le préciser mais on en est si fiers!).

étape 4: un mi-bois avant/après ; un tenon fini puis en cours de traçage et LE truc-astuce pour tracer sans trusquiner!
Nous préparâmes et creusâmes les mortaises au ciseau et au maillet - non sans quelques sueurs froides et autres anguilles existençoisses - comme ils verront bientôt ci-dessous. Puis assemblâmes le bijou. Commencèrent alors de longues séances de démontage, correction des coupes, remontage successifs jusqu'à obtention d'une structure stable, bien emboîtée et d'équerre. Dire que nous nous y reprîmes à plusieurs fois serait un euphémisme... Puis à un moment donné, vers la fin de la première journée, le truc ressembla enfin à quelque chose. On le démonta donc pour la dernière (!!!) fois, on rangea tout avec soin et on laissa le soir jeter sur la scène un voile humide et glacé - tout à fait propice au séchage du ciment, d'ailleurs! Après un dîner bien mérité, délicieux et préparé avec amour par not' bon maître le mécène-pharaon, dont les largesses firent pleuvoir dans nos timballes un déluge de vin rouge, nous partîmes cinq cents et par un prompt renfort, nous roulâmes bientôt la viande dans le torchon... Ce fut un lever aux aurores pour un Futuna incapable de dormir plus longtemps en ce matin glacial et venteux. Et que je te me serve des tasses de café au lait, et que je te me fasse et refasse des calculs douteux... "Qui trop tourne autour du pot finit par attraper des vers" ne disait pas ma grand-mère et comme elle n'avait pas tort.

étape 4 (fin): mortaisage et assemblage sont les mamelles de la charpente! en résumé, après retouches et re-retouches ça donne ça.
La cinquième étape: peu avant neuf heures, pourtant, nous osâmes enfin mettre les points sur les i, les poteaux sur leur socle et en un mot: la chose à sa place. Il fallut lui parler doucement et la marteler avec tendresse pour que les poteaux glissent entre les gonds scellés. Pour éviter d'éventuelles remontées d'humidité, nous prîmes la (sage) décision de leur poser une cale en bois de séparation dessous et, après en avoir ajusté le niveau avec soin, nous pûmes assujettir le tout, que nous vissâmes et serrâmes en position finale - ou presque. Les montants transversaux ayant été préparés avec quelques centimètres de plus, nous dûmes les recouper après avoir vérifié l'aplomb du système (qui n'en manquait pas!), avant de pouvoir les démonter pour passer finalement au montage des trois fermettes: une à chaque extrémité, en appui sur l'un des poteaux et fixée à l'un des chevrons extérieurs du toit de la cabane, et une autre à environ deux tiers-un tiers de la longueur du bidule, reprise sur la faîtière curieusement excentrée... Allez comprendre.

étape 5: installation finale du schmurtz, montage des fermettes et fixation au sol et à la cabane. Ça devrait tenir...
La sixième étape: pour l'assemblage de nos fermettes, nous avions le choix entre des rêves plein la tête et la mise à l'épreuve du réel. Tristement peut-être, à environ 11h du matin ce dimanche de décembre, le pragmatisme prit le pas sur les idéaux: un embrèvement simple vissé en partie basse, pour la poussée du toit, et des tire-fonds de 10x140 pour tout le reste. Vlan! Ce ne fut guère élégant mais ça tiendrait. Il eut été difficile de ne point verser une larme, et nous ne la retînmes pas. Mais dans le fond, ça n'allait guère se voir et "on n'avait pas tellement le choix". Ce n'fut pas Waterloo, mais ce n'fut pas Arcole: ce fut l'heure où l'on r'grette, d'avoir manqué l'école... Perte de l'innocence et le temps qui jouait contre nous; le fond de l'air était frais et le filet-mignon sur son lit de petits légumes et citrouille braisée était prêt à être enfourné. Nous étions deux amis et Fanette m'aimait, plus dure sera la chute etc. Réalisme et pragmatisme sont décidément les mamelles... des bricoleurs du dimanche.

le diptyque "avant/après" et sa moitié... pas tout à fait terminée. Affaire à suivre?

Or donc la voie facile n'est jamais la plus courte:
Tout ne fut pas aisé et ça ne fut pas d'la tourte.

Alors bien sûr dit l'autre: nous eûmes des orages,
(Vingt ans d'amour, c'est l'amour fol
Mille fois tu pris ton bagage
Mille fois je pris mon envol)

Cent fois sur le métier remîmes notre ouvrage,
Le polîmes sans cesse et le re-re-polîmes,
Ajoutâmes parfois et souvent effaçâmes,
Nous hatâmes un peu et sans perdre courage.

Comm' dit si bien Boileau enfin: au vent nouveau,
Tout l'bazar fut monté, pour l'heur' de l'apéro!


Ouf! Trois fermettes et quelques tire-fonds plus tard (vissés à la main, la visseuse ayant déclaré forfait bien vite), nous pûmes rentrer nous refaire: Nous qui crevions de froid, aller nous mettre au chaud, Nous qui crevions la dalle, aller casser la croûte. Diantre! c'était à craindre: à force de traîner (Ma misère hautaine) entre rimeurs d'élite, Voilà que j'ai choppé une Alexandrinite*** (chronique?). Nous revînmes plus forts et convaincus que jamais, décidés plus qu'à en découdre: à en finir! Nous fixâmes sans d'états d'âmes deux pièces descendant de la faîtière pour recevoir et soutenir la fermette excentrale (-trique?). Puis nous couvrîmes nos fermettes d'une volige fine et légère comme un voile ou une bruine d'été. L'amour de la besogne bien finie nous poussa même - cerise sur le liteau - à cheviller nos contre-fiches, plus pour le look qu'autre chose; qu'importe le bon grain pourvu qu'on ait l'ivrée? Hein? Non? Ah bon.

étape 6: embrèvements des fermettes, petit chevillage juste pour le plaisir, pose de la volige et c'est tout pour aujourd'hui...
Finalement, au bout d'un moment, soudain il fit nuit. C'est ça qu'est bête avec l'hiver: le soleil chauffe moins et brille moins longtemps. La journée de travail s'en voit donc réduite et l'on s'étonne presque que le MEDEF ne nous propose point une loi d'ajustement hivernal du salaire minimum au pro-rata des heures de jour, ça leur ferait les pieds à tous ces gauchistes fainéants, non mais! Nous rangeâmes chaque chose à sa place, nous lavâmes bien les mains, promîmes de revenir bien vite pour la suite et rentrâmes chez nous par la route qui serpente à travers un Lauragais tout transi de bise nocturne.

Allez, ça est la fin de l'épisode du jour d'aujourd'hui. Dans le prochain, on parlera couverture du toit, bardage extérieur, porte et plein d'autres merveilles qui fleurent bon le DIY, la récup' de palettes et tout ça...

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* autrement connue (et immortalisée) comme "Ma maison dans la forêt...", version improvisée par N., une amie de colonie de vacances à la mémoire fantaisiste - et très alcoolisée cette nuit-là - lors d'un jeu de table il y a environ presque exactement 20 ans, tout ça ne nous rajeunit pas. Nico si tu lis ce post, tu t'en rappelleras sûrement: il y a des expériences que l'on n'oublie pas et je pense qu'un certain mur, en tout cas, s'en souvient encore....

** Un(t)raveling tient à préciser qu'une fois accordée la conception initiale du projet, not' bon maître le Gaudi pavillonnaire eut tôt fait de reprendre en main la maîtrise d'oeuvre et décida de bon nombre d'aspects concernant notamment les finitions et avec lesquelles nous pûmes, ou non, être d'accord au moment de leur exécution. "Je préfère, faisait dire Marguerite Yourcenar à son Adrien, être le premier dans un village que le second à Rome". Et nous sommes sûrs qu'Adrien devait avoir travaillé sur des chantiers d'abri de jardin, lui qui n'ignorait rien des affres de la compromission!

*** l'alexandrinite chronique, bien connue en Wallonie comme la Jacobrélose galopante et un peu partout ailleurs sous le nom inquiétant d'Hugolite maligne hyperboliante qui n'est guère complaisant avec une évolution clinique pourtant le plus souvent favorable. Les accès d'alexandrinite chronique se dissipent en effet souvent spontanément au bout de quelques jours. S'ils durent rarement plus d'une semaine, ils peuvent toutefois laisser leur victime dans un état d'épuisement total. Pas de traitement connu, si ce n'est peut-être, l'application d'une bonne dose de Journal de 20 heures.