Après le U-lit-sse et le petit-bureau-pour-l'ordi - qui malheureusement n'a pas encore trouvé son petit nom propre (ni rencontré son animal totem au fond du bois des antipodes de son esprit, mais qui attendrait d'un bureau qu'il le fît, à part peut-être Aldous Huxley, du sien?) - il nous restait un projet de DIY domestique à réaliser (assouvir?): un projet ambitieux et à vrai dire, intimidant... On avait besoin d'un meuble/fourre-tout/rangement/plan de travail/bar à grignoter en plein centre de la cuisine. On rêvait tout éveillés à une espèce d'île-serviteur-billot à la fois, façon design mais récup' en même temps, chic & écolo et puis à base de palettes, bien sûr. Pourquoi pas sur roulettes, hein? Allez, pourquoi pas, t'as raison: tant qu'on y est... Etc.
Donc pendant 2 semaines, on y a pensé, on a fait un bac à compost, on a jardiné et accessoirement on a "travaillé" aussi (les guillemets, non pas parce que le reste n'est pas du "travail", mais plutôt pour distinguer formellement celui qui permet de payer le loyer). Puis un soir, on a eu l'idée: le plateau, plutôt que d'abouter des planches comme des ringards, on va s'en fabriquer un massif en collant des planches de palettes à plat les unes sur les autres et en utilisant la pièce "en sandwich": bien rabottée et bien poncée, ça sera (laminated table-) top! On s'est mis au boulot presqu'aussitôt. Trois semaines sont passées pendant lesquelle Futuna y a réfléchi profondément... Puis grâce à la scie à onglets, la perceuse et le gros établi mis à notre disposition très gentiment par L. et R. (merciiii!), on a pu débiter toutes les planches à la bonne taille et les percer toutes au milieu et aux deux extrémités.
On a donc passé une nuit d'atelier montage en série: 3 tiges filetées m8, une soixantaine de bouts de planches, de la colle à bois et deux serre-joints serrés, desserrés et resserrés entre chaque nouvelle couche, soit genre 80 fois de suite. Quand on est allés se coucher, on en était là:
le futur laminated table top: fallait oser, fallait y croire, fallait en vouloir! |
On a donc passé une nuit d'atelier montage en série: 3 tiges filetées m8, une soixantaine de bouts de planches, de la colle à bois et deux serre-joints serrés, desserrés et resserrés entre chaque nouvelle couche, soit genre 80 fois de suite. Quand on est allés se coucher, on en était là:
et hop! on choisit, on encolle et on monte: comme les perles d'un collier... la la la! serrage aux serre-joints, puis finition à la sangle à cliquet. |
Les jours suivants, il a fallu passer le plateau au rabot, pour essayer de récupérer une surface d'abord à peu près plane et nivelée, puis si possible: lisse et uniforme! C'est la que J.-M. et S., un couple d'amis et presque voisins, nous ont sauvé la mise en nous prêtant pas un mais deux rabots: le bon vieux modèle à main et un Black&Decker vintage mais vaillant.
- au rabot à main d'abord: le petit côté masochiste de Futuna n'y est pas étranger. En résumé: quatre heures, de très bonnes sensations, des crampes dans les épaules et des ampoules aux deux mains, pour un résultat appréciable mais désespérément insuffisant!
- au rabot électrique ensuite: le petit côté pas-aussi-valorisant-et-vendeur-que-l'outil-millénaire-pour-un-travail-de-compagnon-artisan fait un peu mal à l'ego bien sûr... Mais au diable le plan de comm': le rabot électrique pour récupérer un demi-centimètre de niveau
sur un plateau de 54x152, c'est nécessaire! Une question de vie ou de mort. Vie pour les mains, mort pour les tympans, d'ailleurs.
- au rabot électrique ensuite: le petit côté pas-aussi-valorisant-et-vendeur-que-l'outil-millénaire-pour-un-travail-de-compagnon-artisan fait un peu mal à l'ego bien sûr... Mais au diable le plan de comm': le rabot électrique pour récupérer un demi-centimètre de niveau
sur un plateau de 54x152, c'est nécessaire! Une question de vie ou de mort. Vie pour les mains, mort pour les tympans, d'ailleurs.
La sciure est beaucoup plus désagréable que les copeaux bouclés du rabot à main, ça ne se prête pas aussi bien aux photos façon #lomovintage (Non, on déconne!) mais si on veut un résultat, faut faire une croix sur l'unplugged. True story. Enfin, on a obtenu ça, et là on s'est dit qu'on avait bien fait de se casser un peu le bol (jusqu'à en avoir ras-la-tasse) pour alterner savamment des lattes de couleurs et de grains différents, choisir avec soin le chant qu'on montrait pour chaque morceau etc. Une fois poncé, le grain de chaque planche ressort et la juxtaposition est super resultona. En espagnol dans le texte: ça en jette (un peu)! Voilà, après avoir retaillé les extrémités, tout re-poncé à la machine et passé à l'huile d'olive vierge extra (coupée d'un peu d'Isio4, parce qu'il paraît que l'huile de colza et de tournesol conviennent très bien pour protéger le bois, sans ajouter d'odeur ni foncer trop la teinte) pour gorger et fermer le pore...
après le rabot électrique (merci J.-M.!!!), deux coups de scie aux extrémités et un premier ponçage à la main (grain 40). |
petit atelier d'emboîtements, à la scie, au ciseau et au maillet. une première. la conclusion? il reste du chemin... |
On est passés au Bricomarché du coin (ne riez pas, c'est très bien Brico. C'est comme un Leroy Merlin en plus petit, plus cher et avec moins de choix) et on a récupéré du très bon bois de palettes qu'ils venaient de dégager (les caisses qui emballent les motoculteurs, c'est aussi providentiel que les chassis de transport des portes-fenêtres en pvc!). Rien ne nous rend plus heureux que de trouver du bon bois de palettes! (Ouais, je sais, faut pas abuser non plus. Enfin, y'a pas de mauvais motifs pour être heureux. Je veux dire, ça ou une victoire du PSG ou du Barça, je sais pas ce qui est le plus futile ; et je pose la question franchement, sans animosité ni sarcasme. Bref.). La structure, donc:
1º ça, c'est le plan initial... 2º ensuite, on tire un cap une fois, puis on navigue à vue. |
Bien. Une fois terminée, on l'a recouverte avec des lattes de palettes (et contre-ventée par la même occasion, vu que le poids du plateau nous faisait un peu peur et qu'on voyait bien le tout gîter souplement comme un voilier, avant de se briser dans un bruit de biscotte un peu comme l'aurait fait un château de cartes croustillant - par exemple celui qu'aurait préparé sa femme à Lewis Carroll, en guise de gâteau d'anniversaire, inspirée tout à la fois par l'adaptation d'Alice en dessin animé par Walt Disney et les délicates sculptures en feuilles de caramel de Jamie Oliver pour Master'chef, au prix - il est vrai - de quelques anachronismes. Bref.), on a monté une étagère intermédiaire, du côté qui n'abritera pas la bouteille de gaz. On a poncé tout ça avec amour, on a posé des diagonales pour la résistance à la déformation, puis habillé le tout. On l'a passé à l'huile dure (pinceau et chiffon, longtemps, lentement, avec amour...) avant d'y déposer le plateau.
3º on avance, ça se tient... 4º la bouteille de gaz et l'étagère intermédiaire, 5º on couvre, on passe à l'huile dure et tadaaa! |
Bien sûr, il a fallu ajuster un peu aux quatre coins parce que le plateau est légèrement cintré (un gros centimètre sur son mètre quarante-huit final, c'est pas si terrible vu les conditions dans lesquelles on a assemblé les lattes du plateau) avant de visser sous le cadre, puis on a pu boire un premier verre de vin dessus! Et comme on n'avait pas envie d'en rester là, on a quand même monté un vieux tiroir ramassé aux encombrants il y a longtemps: reponcé, rafraîchi et avec un bout de cordelette comme anse/poignée, il ne choque pas trop et complète bien le truc. Voilà, c'est fini! Snif... On tourne autour comme des oiseaux de proie, cherchant avec appréhension un coin où poncer un peu plus, une vis à rajouter, un truc à remettre d'aplomb... Mais non.
6º on fabrique un petit rail pour le tiroir gratté et éclairci, 7º on monte tout ça et on se prépare à boire un coup! |
le beau billard du bar-billot et son plateau verre-et-liège. |
Finalement, on a accepté que c'était vraiment fini et qu'il allait falloir cocher ça dans la liste des "à faire" d'avril-mai et avancer à la mission suivante! On a pu enfin se débarrasser des chutes de bois, nettoyer à fond et ranger les caisses à outils, faire disparaître les dernières traces de sciure entre les piles d'assiettes en disant "plus jamais ça" (hum...) et étrenner notre nouvelle cuisine avec un verre vin. Et comme on n'avait toujours pas envie d'en rester là - ou vraiment pas envie d'attaquer la tâche suivante sur la liste un dimanche vers 19 heures - et qu'il nous restait quelques cubes de palettes: on en a nettoyé, percé et poncé deux pour faire un set de bougeoirs récup' improvisés: ça prend dix minutes, c'est pratique et pas désagréable... En plus, ils n'ont pas encore pris feu. Tout va bien! On vous laisse avec ces photos façon e-catalogue de meubles et accessoires de chez chic&écolo: pour toute demande de devis, de disponibilité ou pour nous parler de votre projet, nos opérateurs et opératrices prennent vos appels 24h/24 et 7J/7. Alors n'hésitez plus: venez e-magasiner sur Un(t)raveling! Attendez! Mais puisqu'on vous dit qu'on rigole... Ne partez pas! Revenez! C'était une blague, on n'a rien à vendre! Mais, aaaaah...
"Esthétique pop et idiosyncrasies de pallets en reconversion: vers une re-composition post-moderne en forme de nature morte réaliste?" |
Ça me rappelle cette dame qui voulait nous soutirer du blé pour son soi-disant refuge de chiens abandonnés, l'autre jour, à la Foire de T.
"- Bonjour monsieur-dames! Est-ce que vous aimez les animaux?
- Oh non, pas plus que ça, Madame. Bonne journée!"
Non mais, j'vous jure! Si elle insiste, on lui demande les certificats et les carnets de vaccination pour ses corniauds, là. Et puis, c'est quoi qui vient de me piquer? Ça serait une puce de vos bêtes, des fois?
Allez, ça est la fin de nos aventures au pays du DIY domestique en bois de palettes... pour l'instant.
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