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Wednesday, May 4, 2016

Vous r'prendrez bien un peu de varappe (ariégeoise)?

oh, juste une lichette, alors!

Jusqu'ici rien de bien nouveau et toujours le même plaisir à se retrouver ; à penser et se dépenser ; à discuter et se disputer. La long-due visite, programmée pour la fin février mars avril a finalement lieu "comme prévu", si ce n'est que la neige a décidé de ne faire cette année qu'une timide apparition suivie d'une retraite anticipée. Nos options ski, raquettes, igloos et huskies font pschit! - comme dirait Jacques Ch. - et sont promptement remisées.
extraordinaire vue sur la vallée de la Courbière depuis la Roche ronde.
À grimper, donc, puisque le soleil et les changements climatiques infligés par les ballonnements de nos ongulés domestiques nous y contraignent! Non à l'élevage qui favorise la pratique de l'escalade qui dérange les charognards qui mangent les carcasses des ongulés tombés au pâturage d'honneur. En forme d'instantanés de quelques-uns des secteurs les plus proches (dans un rayon de 10 km), voici un authentique et véridique résumé fait en mots et avec de vrais morceaux d'images de ce qui a fait cette semaine casi-(dolo)-mythique:


Jour 1 - couennes et mini-grande à la Roche ronde:
La pluie insiste pour préparer le comité d'accueil et recevoir notre cher A. dès son arrivée. Il faut donc pour démarrer en douceur, opter pour un secteur bien orienté et connu pour sécher vite. La Roche ronde a de bons arguments: une poignée généreuse de voies faciles plus techniques que physiques, une exposition plein sud et bien aérée - pour ne pas dire "en plein vent" - et une marche d'approche suffisamment raide pour laisser le temps à la paroi de sécher! À l'exception de quelques gouttières pléthoriques et des sueurs froides résultantes sur deux sections fines de Ballet-brosse et Thé au harem (6a+ et 6b), les voies sont praticables et agréables, du 5 ou 5+ (une bonne flopée) au 6b (dont la très belle Amarcord, tout en finesse).
En résumé: après-midi ensoleillé, vues magnifiques et échauffement plutôt probant. Vus l'approche et le pied de voie, la Roche ronde n'est pas un secteur pour aller grimper avec des enfants (ou si, mais sans moi!) mais c'est une option formidable et pas trop fréquentée, surtout quand on pense au voisin Calamès... On a d'ailleurs raconté notre aventure à trois avec J. à la très jolie Pénélope, longue et homogène dans le 5, il y a quelques temps.

ballet brosse (L1: 5, L2: 6a+) vu d'en bas ; depuis le très confortable R2: toute l'humidifficulté se concentre sur une quinzaine de mètres!

Jour 2 - couennes à Génat:
On se lève du bon pied, le temps est beau et (très) chaud, avec un je-ne-sais-quoi d'orageux dans l'air: les mouches sont co-connes et nous tournent autour sans pitié. "On est de bonn' bonn' bonn' bonne humeur ce matin, y'a des matins comme ça!" On décide donc d'un commun accord de miser sur une approche extra-courte, avec prairie et arbres slackline-compatibles inclus en cas de coup de mou.
A. en pénitent gris, prêt à sonner l'angelus.
Bref, on met le cap sur Génat. À un moment donné, on se dit qu'on pourrait pousser jusqu'à Auzat mais on a la flemme. Pour parer à toute éventualité de coup de chaud, on prend du casse-croûte et de l'eau, histoire de se poser à un moment: personne ne va nous faire changer d'avis. - Si un expert en géologie nous lit: le calcaire de Génat varie énormément entre abords immédiats de la grotte (assez typique, bien sculpté, de beaux trous et quelques fissures mémorables), dans la grotte (le pack classique gros dévers tricolore avec colonnettes, on ne touche pas à ça!) et plus loin sur les côtés (dalle à aspect sédimentaire, tout en ronds et en plats déroutants mais vraiment agréables dès qu'on y est habitué...) Qu'est-ce que c'est? Comment ça s'appelle? D'où ça vient? Merci d'avance! - On revisite avec plaisir des voies connues qu'A. découvre avec plaisir (Palo, Malo, Clair de lune, Uranus, l'Anti-Génat, Banans slip...) tandis que la chaleur a peu à peu raison de la maigre somme de nos volontés individuelles. Las, la faim se fait sentir, puis la digestion attaque. On en est à la sieste post-prandiale quand nos anglais préférés débarquent: Sam, G. et J., en tenue de combat et prêts à en découdre. Ça tombe bien, il nous reste une petite poignée de voies faciles à tester autour de Hale Bopp (6a old school qui coupe un peu la digestion): la belle Corvus (6a+) et la teigneuse Corax (6b), concentrée dans un pas de bloc long et beaucoup plus dur que ce que la cotation laissait imaginer...
En résumé: longtemps réservé au grimpeurs dans le 7 et le 8, Génat offre maintenant deux jolis secteurs de couennes du 4+ au 6b+/6c qui valent le détour, grâce à la passion, au travail et aux efforts de Gérard Jalbert, qu'on a croisé là-haut dernièrement, qu'on salue et qu'on remercie au passage!

Futuna et G., têtes en l'air et nez au vent ; J. de retour d'une longue envolée ; un topo non-officiel mais à jour signé Un(t)raveling!

Jour 3 - grande(s) voie(s) à Calamès:
Visite éclair de notre chère C. qui, ayant laissé les filles avec leur papa, nous rejoint pour 24 heures et une séance d'escalade promise elle aussi de longue date. La C. est comme les frères FÖRM allemands de la blague (un autre classique des années 80, tiens: Monsieur et Madame FÖRM ont trois fils, comment s'appellent-ils?" - Jesus, Hans, Hubert Förm", bien sûr! Pardon, je me laisse aller...).
La C. à l'attaque de la L1 de Rio.
En un mot elle pète le feu, elle  bouffé du lion, elle a grave trop la patate. Pas question de passer sa journée à piétiner au pied de voie en attendant son tour en moulinette: elle est motivée pour aller faire une grande et pourquoi pas deux grandes en parallèle? Bin, okay, qu'on y répond: allons-y! On se prépare un peu, on choisit nos objectifs rapido et sur le coup de... 14h20 (si, si!), le soleil caché derrière un voile gris, un petit air d'il va pleuvoir, on décolle direction Bédeilhac et son petit parking, avant de monter jusqu'au secteur du Pilier des Cathares où nous attendent Rio et Ryobi (cinq longueurs équipées, 180m d'escalade facile). Il s'agit de deux lignes parallèles dans le V, V+ et exceptionnellement 6a, équipées mais avec "un peu d'air entre les points" (la L2 de Rio est très aérée: si vous n'êtes pas confort ET détendu dans le 6a, faites-la en second et faura poser quelques points entre les points!!). On a rassemblé le matos à la hâte et pas vraiment prévu de faire de la grande voie, il manque donc un relais pour une équipe et une paire de mousquetons pour bien faire... Qu'à cela ne tienne, Wallis partira avec Arnaud sur Ryobi avec un set complet et la corde à double, pour alterner les longueurs. Futuna passera devant sur Rio, assuré sur une corde à simple et au gri-gri par C. Grâce aux lignes qui ne se lâchent pas d'une semelle et à la qualité de la dalle, on se fait coucou et on taille le bout de gras d'un relais à l'autre, distant d'à peine dix mètres.
La Wallis en rando dans la L2 de Ryobi.
On craint la pluie que l'on guette du coin de l'oeil ; Futuna se répète en boucle "ttre dans une voie... 15h, c'est pas une heure pour se mettre dans une voie... 15h, c'est pas une heure pou" et pense déjà à l'orage, aux rappels à quatre sur deux brins, aux éclairs qui rayent le ciel et aux boules de foudre qui lèchent la paroi en sifflant comme des chimères, aux cordes emmêlées dans un buisson ardent malgré le déluge, coupant toute retraite comme la neige s'accumule en congères au pied de la falaise, où les animaux sauvages attendent leur heure, bien que rendus fous par l'odeur du sang... Bon, rien que de très habituel: pour Futuna, 15h c'est une heure pour arriver à la voiture, pas pour en partir. Qui l'ignore est une mouette! Ryobi rejoint Rio au R3 et offre de continuer l'aventure au-delà du jardin de L5 pour sortir au sommet par le V+ du Pilier des Cathares ou le 6a réputé patiné et grincheux de Rio. Comme il y a une troisième cordée (de trois jeunes aussi enthousiastes qu'inexpérimentés) sur le Pilier - ils terminaient leur L2 comme on arrivait au pied de voie, on décide de leur laisser "leur" dernière longueur et de monter tous les quatre sur la "nôtre" (celle de Rio), malgré la mauvaise réputation du 6a. Futuna se prépare bien à l'aplomb du premier spit et ouvre le bal. Premier mini-pas de toit. Ok. Deuxième pas de toi, le réta est pas donné et la suite est vraiment lisse, mais soit.
Le A. plus très loin du R3 commun.
La plaque finale, couverte de lichen, est fine et très très fine, mais finalement en serrant les fesses ça passe. Relais, C. monte derrière, bientôt suivie par A. et Wallis, tous en moul', tous contents d'être arrivés au bout et tous surpris par cette dernière longueur bête et méchante. Il s'avèrera plus tard qu'on s'est décalés un peu trop loin vers la droite, comme les électeurs ont trop souvent tendance à le faire ces derniers temps) et qu'on est sortis au sommet par le méchant 6c d'Arabesque, très belle voie dure et assez homogène dans le 6b+/6c, dont on avait testé la première longueur il y a deux ans avant de battre en retraite sous le toit. Avec celle-là faisable aussi, il nous reste quand en plus du 5+ du milieu, un autre 6b+ et un autre 6c à enchainer... Le projet en restera là pour l'instant.
En résumé: les grandes voies de Calamès valent le détour, sont équipées sans excès, rappelables, assez logiques, sur du (très) bon caillou et permettent de sortir en crète pas loin du château, de saluer le bouc, la bête, le truc à cornes qui campe a sus anchas allí arriba, et de redescendre à pied par un sentier bien raide en pierrier, puis depuis le col jusqu'au parking en vingt minutes. Point d'eau et toilettes au parking, quelques grottes remarquables avant et au premier secteur (dont celle des demoiselles, très profonde et explorée dans ses moindres recoins...

C., A. et Wallis dans leur interprétation respective de "tu l'as vu mon réta en 6c?", performance à représentation unique - complet.

Jour 4 - couennes à Baychon:
Après une nuit épuisante de Colons de Catane et de disputes sur fond de l'état du monde, de l'usage du monde ou encore de l'usure du monde, Wallis décide de rester travailler au frais, pendant qu'A. et Futuna vont à la chasse au mammouth - désolé, parfois mon magdalénien intérieur reprend le dessus - cocher un nouveau spot sur la bucket-list des sites de grimpe à moins de dix kilomètres de la maison: aujourd'hui, le calcaire raide et prisu de Baychon! On est en 2016, on est en avril, on est en plein soleil ; la montée est courte mais vraiment raide, parfait pour la mise en jambes ; seule ombre au tableau: il n'y en a pas du tout au pied des voies. On nettoie donc méthodiquement tout ce qui se présente, de droite à gauche, du 5+ au 6b, y compris la redoutable (6a+) dont le crux déroutant et dégoûtant nous demande un bon quart d'heure de contorsions à chacun pour ne finalement ne pas convaincre... Ouf! pour enchaîner, "faudra rev'nir!", et la très belle Scorpion d'Orient (6b pas volé) qui alterne dalle très lisse, beaux équilibres, quelques pas obligés, un soupçon d'adhérence et un final péchu sur grosses prises. Ouf! pour enchaîner proprement, "faudra rev'nir!". L'arrivée de G. et J. accompagnés d'un autre A., non moins cher mais bien fuxéen celui-là, rallonge un peu cette courte session mais la journée avance et A. a 5 heures de route devant lui et un dîner à Bordeaux ou une garden-party à Poitiers, à moins que ce ne soit un mariage à l'îlé de Ré? Une douche et un Martini à la cuillère plus tard, il est prêt à partir: s'il troquait sa Peugeot pour une Aston Martin, le mythe serait là et bien là, en chair et en charme. "- James, attends! - Je dois partir, on m'attend..." Fondu en noir et générique.

photo de groupe au sommet, retardateur oblige ; A. et C. parmi les fleurs des champs ; Wallis rencontre la bête, le VRAI gardien du Calamès!
Soudain, on s'est retrouvés tout seuls. Notre petit reparti, face au nid vide, on a un peu pleuré, bien sûr. On a écouté le téléphone pleure et un jour les oisillons prennent leur envol ; on a mordillé la semelle des pantoufles qu'il avait oubliées pendant quelques heures, en hurlant à la mort et en griffant la porte avec désespoir. Faut dire, on fait rien que des bêtises, des bêtises, quand l'est pas là. Et puis heureusement, le tourbillon du quotidien nous a repris dans sa folle farandole: la niche, le bol de croquettes, la ba-balle, le canapé, plus belle la vie sur le canapé et puis re-la niche... Mais quand même, qu'est-ce que c'est bien quand A. vient nous voir!


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* c'est triste à dire mais il n'y a vraiment rien eu dans ce post de suffisamment ambigu ou débile pour mériter une astérisque et un renvoi final... Donc sans plus de cérémonies, on vous propose en exclusivité LE lien essentiel pour grimper en Ariège, choisir un secteur, suivre l'actualité, se débarrasser d'un ami un peu envahissant ou d'une crise de goutte articulaire: le site web du CAFMA! On ne l'avait pas encore cité, c'était un oubli impardonnable, le voilà réparé. Bonne grimpe à toutes et à tous...


Tuesday, April 26, 2016

Baignoires: les re-rencontres du troisième ti-type.

On ne sait plus qui disait (parait que c'était Futuna, mais si quelqu'un de plus illustre, respectable et respecté l'avait dit aussi, ça aurait donné un peu plus de poids à cette assomption: un prétentieux syllogisme de la mer Thume, un bon vieux Dirty Harry ou un Sir Edmund Hillary estampillé sans assistance respiratoire, en auraient jeté un peu plus, c'est sûr...), qui disait, donc: qu'à l'instar des corps célestes - qui flottent et filent dans le vide inter-galactique, séparés de plus en plus et toujours plus par l'expansion constante et vertigineuse de l'univers -, des amis qui ne se seraient pas engagés dans un processus actif, mutuel et réciproque de rapprochement, tendraient inéluctablement à s'éloigner les uns des autres?

collision entre deux corps célestes ayant su contrecarrer les effets 
délétères de l'expansion universelle sur l'amitié (image d'archives).
N'y voyez pourtant aucun fatalisme, c'est une application peu directe et pseudo-rigoureuse des lois de la physique, façon vulgarisation à la grande soupe quantique post-moderne: l'idée d'expansion implique que du vide se glisse entre les corps célestes* et entre les âmes terrestres*, respectivement. La distance relative entre eux augmente donc inexorablement et cette augmentation elle-même est en perpétuelle accélération. Bon, voilà, c'est comme ça: pas un drame non plus. Faut l'accepter, comme on accepte tant d'autres choses, et le prendre en compte au moment de cultiver des relations personnelles qui respirent la santé - comme mes dents!

Du coup, forts de cette petite révélation mystico-schtroumpf pleine de vrais morceaux de sagesse bon marché, on a déserté nos pénates ariégeoises par un beau weekend d'Avril, pour mettre le cap sur la voisine ensoleillée outre-pyrénéenne: celle dont l'étendard rougeoie à tout propos et à peu près partout le long de la route qui poudroie. Avant de partir, on avait évidemment déposé au pied de l'autel de K. - notre dieu lare à nous (eh non, Oliver N-o, ta statuette n'est pas notre seule idole domestique) - quelques croquettes et un bol d'eau fraîche propitiatoires, puis tiré notre révérence à nos retraités de voisins, pour ne pas qu'ils s'inquiètent de notre absence. L'objectif était ambitieux: rallier le joli bourg de Baignoires, célèbre pour son llac et son mon-monstre, pour y retrouver non seulement S.B. Powers, notre cyclotouriste sinophone et néanmoins préférée, mais aussi le Willy Fog qu'on ne présente plus et une surprise de taille en la personne de C.S.C aka thank you for the fish. À vrai dire, la surprise de taille était plutôt POUR la C.S.C qui ne savait pas, en pénétrant chez la S.B. Powers, qu'elle tomberait sur le Fog. Ni sur les nous: ding dong! Hola! Mais? Oooh! Ô, la joie des retrouvailles, ô l'émotion des câlins, bises, larmes et rires, ô les trucs chaleureux qu'on se dit et la mesure du temps qui passe. Et puis un peu de ô, voici des feuilles qui ne battent que pour vous, et nos cœurs en brochette sur une branche de fruitiers en fleurs...
entre une carcasse de mégot et un papier de bonbon
se balance au gré du vent un drapeau catalan...**

Ça faisait, vous l'aurez compris, beaucoup trop longtemps qu'on ne voyait ni la une, ni le autre, ni la troisième. Mais ça faisait aussi beaucoup trop longtemps qu'on vivait et divaguait aux confins des deux Catalognes sans être jamais passés par la case Baignoires, pourtant célèbre dans toute la casa nostra et au-delà. Aaah, Baignoires! Julien Lepers aurait dit: "Je connais bien Baignoires: il y a une place... devant l'hôtel de ville... avec au coin... un bar... c'est le café... le café... du commerce? Oui!" Anyway. Orgueil du Pla de l'Estany et cœur du cœur des comarques gironines, elle est surtout réputée pour la qualité de son eau, pour son lac, ses fontaines et ses canaux: certains l'appellent l'Amsterdam ou la Venise catalane et l'on raconte que quelque peintre flamand venait y prendre ses quartiers d'hiver et y exposer ses croûtes (de sources fantaisistes et troubles). Il paraît que son club de foot, l'Atlètic Club Baignoires, fut fondé en 1913 et que son monastère bénédictin fut le premier de Catalogne, ce qui semble incompatible avec l'aura de mystère, de légende millénaire et la date supposée de fondation de celui de Montserrat - mais nous laisserons ces querelles de clocher à ceux qu'elles intéressent (saviez-vous, d'ailleurs, que Notre Dame du Sabart, en haute vallée de l'Ariège, est une vierge noire elle aussi ; apparue toute seule dans la montagne elle aussi ; et qui, conduite à dos d'homme dans la vallée, y serait retournée obstinément jusqu'à ce qu'une chapelle lui soit édifiée in situ elle aussi? Coincidence? I don't think so...).

la vue du balcon: les toits environnants à l’œil nu ; au zoom optique x6 ; à la lentille subtile et digitale instagramorrhoïde.
Ceci étant, Baignoires est ef-fec-ti-ve-ment un adorable petit bourg aux relents médiévaux, dont le noyau historique qui a d'ailleurs germé aux fils des eaux vers les périphéries, semble n'avoir été construit que pour servir d'écrin au confortable et lumineux appartement de notre chère S. B. Powers: hauts plafonds et pigeons, chambres avec vue sur vieilles pierres, meubles récup' et boutiques rustiques façon bio, canapé king size et autres cloîtres à cyprès... En résumé: de la musique pour les yeux, les oreilles, les nez et les bouches!

la arbre de le genre Prunus tout embaumé de par avec les fleurs dessus lui.
Tant que le soleil a brillé, nous le lui avons bien rendu: arpentant les ruelles étroites comme des Mérinos du 8 mai dans un village provençal aux tons ocre (les chapelets de crottes en moins, cependant), battant le pavé médiéval (dans la plus pure tradition des demi-noix de coco) et descendant le courant: depuis les nombreuses berges (pas mornes pour un sou, soit dit en passant), il est vrai. On a poussé jusque-z-aux bords du lac - si bleu, si calme - et pas que la chansonnette. On a poussé le bouchon un peu trop loin et on n'a pas pu le récupérer. On a poussé le volet, à regarder le ciel disant: la journée sera belle si l'on en juge par cette aube. On a vu d'authentiques spécimens de canard colvert Anas plathyrynchos par-dessus le toit, dont l'un berçait sa patte palmée. Un soir t'en souvient-il? on voguions en silence, d'ailleurs. On a dit "Ô taon surprend ton veau! Éboueurs trop pissent, sucent pas de votre gourde: les seins nus - tabourets et rapines - dévissent dès plus tôt de nos jours... Comprenne qui doit, puisqu'il est bien connu après tout que le baigneur vient en aide à qui selle fait tôt. Ou était-ce: à qui selfie tout? Bref. On a rejoint les berges du lac, on a pris la chose avec philosophie et une méthodologie irréprochable (la même qu'avait utilisé l'autre dans le labyrinthe de l'ami notoire - celui qui tirait les ficelles en répétant à qui voulait l'entendre: Ariane sert de courir, il faut faire l'appoint! - c'est dire si on le tenait, le bon bout.

la cabane de bain au bord du lac: les herbes folles au bord du lac ; le canard luisant au bord du lac.
On a donc choisi une berge que l'on a longée avec soin et ténacité, et aussi avec un ciel si bleu qu'on aurait mangé dessus par terre sans se laver les mains. Heureusement qu'on avait à boire et pas les yeux dans les poches, parce qu'on a vu depuis les miradors, des vues qui se miraient dehors et un bébé serpent qui a bien failli nous mordre la poussière de sur les Birkenstok.
le serpent Dave, du jardin dédain: là, l'était tombé dans les pommes...
Et avec le temps, va, tout s'en va la cruche à l'eau qu'à la fin on crevait la dalle! On a finalement vérifié que la berge qu'on avait choisie était la bonne puisqu'elle nous avait ramené de l'autre côté, c'est à dire celui dont on était parti et qu'on n'avait jamais vraiment quitté depuis, grâce à la tactique du mur gauche du labyrinthe... Le lac de Baignoires est définitivement une curiosité de la nature, un trompe-l’œil baroccoco-modern kuntz avec de vrais morceaux d'Escher en forme de ruban de Möbius couché sur le bord de l'eau, qui aurait avalé le chapeau d'un éléphant de Dali.

À partir de là, tout est allé très vite: on a eu juste le temps de finir de jouer notre petit tour et paf! pile comme dans une synchronie (pastorale) ou un con (ça erre trop!) en sol (-eillé) majeur, on est tombés sur des amies de la S.B. Powers qui passaient par là, mais en suivant l'autre berge. Plusieurs coïncidences fortuites ont voulu que nos chemins se croisent sur la tranche du ruban de Möbius, aux environs du Tennis Club...

le lac version herbes folles ; le lac version la cabane du pêcheur ; le lac version born on the bayou...
Elles nous ont proposé (les amies, pas les coïncidences fortuites) d'aller s'en jeter une ou deux derrière la cravate (des bières, pas des coïncidences fortuites) - sans faux-cols et sur pilotis - au bar-guitoune à son pépère, dont la terrasse panachée de locaux comme de touristes, se déploie audacieusement sur un ponton branlant dont les fondements (d'où "pilotis") fouillent la vase comme autant de becs d'autant de canards sans faux-cols (verts).
On a chanté les vermuts et siphon font font, les patates marionnettes et autres quelques olives. Ils sont tous passés comme une lettre aux apôtres - manquaient que les raisins corinthiens , tiens! -, la conversation a rompu des bâtons de chaise et le temps a passé comme ça, attablés, comme dans un sommeil que charmait ton image (hein?).

un look tout en basiques rétro: le lac porte une cabane/cabine vintage, des herbes folles à franges et trois canards Hermès.
Puis à un moment, on a même carrément commencé à rêver le bonheur - ardent mira-a-a-a-age - de pâte à pizza maison et d'ingrédients frais de l'hort. Certains ont prononcé le mot bledes et on s'est levés en silence comme au début d'un clip de hip-hop. Les chaines en or en moins, quand même. Soudain, il a fait nuit. Ou pas tout à fait, mais presque. Disons qu'au niveau du ressenti du point de vue de la lumière du soleil et en terme de retour d'expérience sur le plan thermique, en tout cas (hein?). On a vite remis le cap sur l'appart où nous attendaient nues (!!): splendeurs inconnues et lueurs divines entrevues. Le four vite allumé, on a mis des fûts en perce et sorti les jeux de vilains:

il ne faut pas confondre: joueur de katana à colon irritable et joueur irritable aux colons de Catane!
Et s'il se peut qu'au gré des vents pointe l'orage, si nos chemins s'avouent soudain qu'ils tournent en rond sans lendemain (même Kahban y est passé: personne n'aura été épargné cette fois-ci! Arnaud si tu nous lis, on t'avais promis et dédié cette chanson y'a longtemps déjà...), on saura bien etc. Mais non, l'orage n'a pas pointé, les chemins ne se sont rien avoué du tout et puis le seul truc qui s'est avoué quelque chose c'est ce matin là qui a reconnu que c'était un dimanche et que voilà, gars, j'crois qu'on a fait l'tour: va falloir penser au r'tour.

ça parle tout seul et ça se passe de commentaires.
Donc là, on est allés tous ensemble jusque-z-al hort urbà où ce qu'à côté duquel, justement et comme de bien entendu par hasard, on avait garé notre fidèle destrier! On a parlé choux et aromatiques ; on a taillé le bout de gras ; on a tapoté le grillage aux poules pour leur faire un peu lever le cloaque de leurs œufs tièdes et nacrés de fiente bio ; on a ri au soleil en se disant qu'il faudrait un peu de pluie, quand même, pour les salades. Et finalement, on a sauté en croupe de notre vaillant 2c15 et on s'est mis en route au petit trot tandis que le comité des fêtes local nous présentait une nouvelle chorégraphie éphémère dont il a, définitivement, le secret. En résumé: l'amitié au soleil c'est bien, l'amitié au bord de l'eau, c'est mieux et quand les canards s'en mêlent, ça nous fait des vacances. À bon entendeur, santé!

Voilà. On, on dit ça, on dit rien. Et joyeuses non-Pâques à tous et à toutes.


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* À propos des corps célestes et des âmes terrestres... Sous les jupons de certaines phrases toutes faites, s'il prend la peine de s'y arrêter et qu'il n'est pas capitaine: il peut trouver de bien jolis paradoxes et peut se les garder (dans un coin de la tête, en jurant ses zunpeutars que l'on ne l'y reprendra plus)...

** Reprenons les bonnes habitudes: une carte postale exclusive au premier qui nous donnera quelques-uns des noms de chanteurs (à textes!) ou de pouètes (envers ou endroit) à qui l'on doit ce classique des années 80 et ces pièces de musée éparpillées à l'entour!