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Wednesday, September 17, 2014

la chute du régime Dolo-mythique / la caída de la dieta Dolo-mítica

Jours 11-12: une pluie fine et glacée tombait sur les Cinque Torri, qui sentait déjà la fin de l'été et la descente des alpages. Elle avait martelé son rythme syncopé, doucement et comme du bout des doigts, sur la tôle du TRANSITion! pendant une bonne partie de la nuit, révélant au petit matin un chaos de blocs rocheux, de bruyères et d'arbustes tout luisants de gouttelettes… On a donc pris le petit déjeuner au lit, entr'ouvrant le rideau tous les quarts d'heure pour voir "comment ça évoluait" et "si ça finissait par se lever". Dans le fond et comme d'autres fois, la pluie tombait à pic, nous donnant une excuse en béton armé pour ne pas sortir dans le froid se pendre à des cailloux glacés, les doigts crispés et les pieds torturés dans des chaussons de danseuse étoile de deux pointures trop petits… Escalader est un plaisir mais des fois, la motivation est dure à trouver!
Días 11-12: una llovizna gélida caía sobre las Cinco Torres, que olía ya a final de verano y a transhumancia. Nos había amartillado con su ritmo sincopado, suavemente y con las yemas de los dedos, en el techo de la TRANSITion! durante buena parte de la noche, revelando desde bien temprano en la mañana un caos de bloques rocosos, de brezo y arbustos relucientes de la lluvia…Desayunamos en la cama, entreabriendo de vez en cuando las cortinas para observar la evolución y ver si el tiempo se iba a levantar finalmente. En el fondo y como tantas otras veces, la lluvia nos venía de perlas, proporcionándonos la excusa perfecta para no salir a colgarnos por paredes heladas, con los dedos agarrotados de frío y los pies torturados en estas minúsculas zapatillas de bailarina… Escalar es un placer pero a veces cuesta encontrar la motivación! 
Après avoir entendu plusieurs voitures se garer, on a reconnu alentour le cling-cling caractéristique des dégaines, mousquetons et ferrailles pendouillant des baudriers comme autant de breloques. C'est un concert qui rappelle celui des sonnailles des troupeaux en estive, l'odeur de la bouse en moins (celle de la vieille sueur mêlée des cordes terreuses et humides en plus). On a fini par se sentir coupables d'être là et de ne pas vraiment avoir le courage de sortir du lit. On s'est levés et après de longues discussions, on a choisi d'aller "faire un repérage au pied des falaises", mais sans le matériel. C'était déjà révélateur de notre état… On a donc opté pour le petit tour des Cinque Torri - celui que font les mouettes - ce qui nous a au moins permis de constater: (i) qu'il y en a bien plus de cinq, des tours, chacune étant double ou triple et (ii) que les grimpeurs acharnés étaient déjà suspendus à leurs grandes voies sur la face Sud-Ouest de la plus grande Torre, voies pour la plupart dures (VI sup et VII) et peu ou pas équipées. De toutes façons, ce n'était pas à notre menu (on avait repéré des couennes dans nos possibilités, de 5+ à 6c), ils avaient l'air de souffrir (2 cordées l'une derrière l'autre, perdant régulièrement leur itinéraire et peinant à placer des protections sur un rocher humide) et la pluie ne faisait que s'intensifier… Très bien: on a vu Cinque Torri, c'est magnifique, le chaos rocheux est particulièrement photogénique sous ce crachin breton, on pourra pas dire qu'on n'a pas essayé, etc. C'est bon, on peut lever le camp! Sitôt dit, sitôt fait, on est montés au Passo Falzarego, de là au Passo Valparola et on s'est lancés dans la longue et sinueuse descente vers la Val Gardena, où on avait une dernière ascension en vue: le Sass Rigais (3025m) par sa ferrata Est.
Después de escuchar ruidos de coches aparcando fuera, reconocimos  el característico cling-cling de las cintas, mosquetones y otra chatarra colgando de los arneses como tantos otros oropeles. Es un concierto que recuerda al de los cencerros del ganado en el veranero, menos el olor a bosta (que es algo así como sudor viejo mezclado con cuerdas terrosas y mojadas también). Terminamos por sentirnos un poco culpables de estar en ese lugar y a la vez incapaces de salir de la cama. Nos levantamos y tras largas deliberaciones, elegimos la opción "ir a explorar el pie de vía pero sin chatarra". Ese dictamen era bastante revelador de nuestro estado ese día…Dimos una pequeña vuelta alrededor de las Cinco Torres - el tour que haría una gaviota - lo que no impidió sacar alguna conclusión: (i) que hay bastantes más que cinco torres, cada una de ellas siendo en realidad doble o triple,  (ii) que los escaladores estaban ya supendidos de sus grandes vías en la cara suroeste de la torre más grande, la mayoría de ella duras (VI sup y VII) y poco o nada equipadas. De todas formas, esto no estaba en nuestro menú (habíamos visto algunas vías a nuestro alcance de 5+ a 6c), los chicos parecían estar sufriendo (2 cordadas, una tras otra, perdiendo a menudo el itinerario y colocando  duras las penas las protecciones en la roca húmeda) y la llovizna no hacía más que enlluviarse … Muy bien: hemos visto las Cinco Torres, estupendo, el caos rocoso es especialmente fotogénico bajo este calabobos bretón, no se podrá decir que no lo intentamos, etc. Está bien, podemos largarnos! Dicho y hecho, volvimos a subir al Passo Falzarego, de allí al Passo Valparola y nos metimos en la larga y sinuosa bajada hacia el Valle de Gardena, donde había una última ascensión en vista: el Sass Rigais (3025m) por su ferrata Este.
Depuis le début de nos aventures Dolo-mythiques, si on s'est plaints de la mercantilisation galopante du Sud-Tyrol, des nombreux parkings payants, de la perversion du concept de refuges et de la présence envahissante des téléphériques comme ersatz payant des marches d'approche, on n'a pas encore évoqué le bon 75% de l'offre de via ferrata du coin auxquelles on a renoncé parce qu'elles supposaient de payer pour un trajet en téléphérique, télécabine, télé-siège, télé-fabrique-d'obésité-et-de-pollution-d'altitude… On avait simplement décidé de n'envisager aucun itinéraire pour lequel l'approche se ferait autrement qu'à pattes. Sauf peut-être cette dernière, qui nous semblait très belle, un peu moins touristique, menant à la cime d'un beau 3000, et nous trouvait déjà sur le chemin du retour. On y est allés, les yeux brillants d'enthousiasme et on est tombés dans un enfer d'autobus, hôtels et chalets de villégiature pour nord-tyroliens fortunés. On a eu toutes les peines du monde à se garer et on est allés, la fleur au fusil, se renseigner sur les horaires et les prix pour le lendemain: 20 euros par tête pour un stupide aller-retour le cul posé sur un siège en skaï élimé et amorti par presque 20 ans de combinaisons de ski ; un siège qui - de toutes façons - tournerait avec ou sans nous toute la journée, tout l'été et tout l'hiver presque sans interruption. Autrement dit: en plus du parking payant, 40 euros pour gagner le droit d'accéder à la montagne. Mais le plus fort, c'est qu'entre l'heure de première montée et celle de dernière descente du télé-truc, la marche d'approche depuis la gare amont, la durée de la via ferrata, puis la descente et le retour vers le télé-truc, il est difficile de faire le circuit sans passer la nuit au refuge! Ah ah ah! Futuna a craqué: il s'est mis à crier que ça commençait à bien faire, que c'était inadmissible, qu'ils nous faisaient chier avec leur capitalisme sauvage et leur envahissement des montagnes avec leur fric, leur confort moderne et leur civilisation, qu'on en avait asez vu, qu'au moins les Pyrénées c'était encore un terrain vierge de progrès et de consumérisme outranciers et qu'on s'en allait! Na! (il est gentil Futuna, mais des fois, ça lui prend…)
Si bien nos hemos quejado en ocasiones de la mercantilización galopante del Sud-Tirol, de los numerosos parkings de pago, de la perversión del concepto de refugio y de la invasión de los teleféricos como sucedáneo de pago de las caminatas de aproximación nunca habíamos hablado de los buenos tres cuartos de excursiones a los que renunciamos porque implicaban pagar por un trayecto de teleférico, telecabina, telesilla, telefábrica-de-obesidad-y-de-polución-de-altura… Nos negamos en rotundo a subir monte a golpe de teleférico. Quizás sólo esta vez dudamos ante la que nos parecía una hermosa ferrata, un poco menos turística, que nos llevaba hasta la cima de un 3000 y nos pillaba de camino. Allí nos plantamos, llenos de entusiasmo, y caímos en un infierno de autobuses, hoteles, segundas residencias de tiroleses norteños con fortuna(s).  Las pasamos moradas para aparcar y con la flor en el fusil fuimos a informarnos sobre los horarios y los precios: 20 euros por cabeza para una estúpida ida y vuelta con el culo en un asiento de escay gastado y amortizado durante 20 años de monos de esquí; un asiento que - de todas formas - iba a hacer subidas y bajadas sin nosotros, todo el verano, todo el invierno, casi sin interrupción. Dicho de otro modo: además del parking de pago, 40 euros para ganarse el derecho a acceder a la montaña. Pero lo más fuerte, es que entre la hora de la primera subida y la última bajada del tele-cosa, la caminata desde la estación de arriba, el tiempo de la ferrata y la bajada a pie hasta el tele-bicho, se hacía difícil hacer todo el circuito sin verse obligado a hacer noche en el refugio (hotel)! Ai ai ai! En Futuna va fer un pet:  empezó a despotricar que ya estaba bien, que era inadmisible, que se fueran a freír espárragos con su capitalismo salvaje y su perversión financiera en la montaña, su confort moderno y su civilización, que ya estaba hasta el moño, que los Pirineos al lado de esto eran tierras inexploradas por el progreso y el consumo a ultranza y que nos largábamos! Na! (Futuna, no te preocupes! a todos nos agarran días sombríos, incluso a los más nobles y adorables seres…)
On a donc pris la route, fêté la chute du régime Dolo-mythique et célébré dix journées belles, intenses et inoubliables. On a jeté un drap propre et neuf sur ce programme intensif de remise en forme et on a glissé le long de routes secondaires de Bolzano à Bergamo, Milano, Torino puis au col de Montgenèvre. Là haut, au détour d'un tunnel, on s'est tout d'un coup retrouvés en France. Quelques kilomètres de plus et on arrivait à B., perle des Hautes-Alpes, joyau blotti au creux de ses Écrins. Le comité d'accueil nous attendait en grande pompe: un froid mordant, une pluie épaisse et des guides de haute montagne mal lunés!
Así fue como pusimos pies en Polvorosa y celebramos el fin del régimen Dolo-mítico tras diez días increíbles, intensos e inolvidables. Dejamos atrás el paraíso y pusimos rumbo a Bolzano, Bergamo, Milano, Torino por carreteras seundarias y luego al cuello de Montgenèvre. Allá arriba, a la vuelta de un túnel, nos encontramos de golpe en Francia. Unos kilómetros más y llegábamos a B., perla de los Altos Alpes, un diamante en bruto. La recepción fue de lo más suntuosa: un frío mordaz, una cortina de lluvia tupida y guías de montaña con mal día!

Monday, September 15, 2014

un régime Dolo-mythique / una dieta Dolo-mítica (#10)


Jour 10: via ferrata delle scalette à la Torre di Doblin (2615m, D+ 390m) et
via ferrata De Luca-Innerkofler au Monte Paterno (2740m, D+ 525m)


Après que le Saint-Pierre local nous a ouvert les portes de son paradis minéral - non sans lâcher au passage deux blagues douteuses sur l'Espagne, la crise et sa surprise de voir fonctionner notre carte de crédit - on a suivi la fameuse route mal asphaltée qui serpentait à travers champs (élysées) pour déboucher trop vite sur un parking digne d'un bon centre commercial de province, pour ne pas dire du parc Walibi-Schtroumpf (le bonheur à quelques kilomètres de Longwy). Il y avait là tout ce que l'Allemagne, l'Autriche, la Suisse et l'Italie comptent de coupés Mercedes, de Jaguar et de SUV BMW de mauvais goût, mais aussi le club hollandais des amis du coupé Mazda, la section munichoise des IDHD (Infortunés Détenteurs de Harley-Davidson) et même deux Aston Martin de provenance inconnue, étonnamment garés tout autour du refuge Auronzo, selon une loi tacite de proportionnalité inverse de leur distance à la porte en relation à leur prix. Pour ce qui est de la plèbe et donc à deux ou trois cents mètres de là, des hordes de beauf's gesticulants et bruyants s'affairaient parmi les troupeaux de leurs autobus fumants et grondants, qui avec ses bâtons télescopiques de marche nordique, qui avec son téléobjectif gros comme un saucisson à l'ail, qui, enfin, mouette parmi les mouettes, essayant de se faire passer pour Kilian Jornet… en vain. Juste derrière les autobus, enfin, reléguée tout au fond du parking, à l'abri des regards dédaigneux, la zone réservée aux camper-vans et autres camping-cars. Gratuite, plane et confortable, bénéficiant de vues à couper le souffle sur le Monte Piana, le groupe des Cadini et la face sud des Tre Cime (dont seules deux sont visibles) cette aire autorisée est sans aucun doute la plus luxueuse que nous ayons vue en deux mois en Italie! Une fois installés et non sans avoir salué nos voisins (un couple charmant de retraités allemands de Brème et un groupe de grimpeurs catalans) on a donc remonté, à pied, toute l'échelle sociale jusqu'aux Aston Martin, pour aller prendre un capuccino bien mérité au refuge Auronzo. En fait de refuge, il s'agit plutôt d'un hôtel Ibis déguisé, avec restaurant self-service à salon panoramique, boutique de souvenirs: un festival de cartes postales kitsch, porte-clefs piolets ou edelweiss et autres marmottes siffleuses en peluche… Dès que le filtre pour accéder à la montagne n'est plus la durée de la marche d'approche mais le prix du péage, on s'expose à ce genre de théâtre de variétés. "Ça fait vivre les vallées" et "C'est ce que veulent les gens"... Pour rentabiliser au maximum nos 24 heures dans le parc à thème, on a décidé d'aller dormir tôt et de se lever avant la foule pour essayer de faire deux "petites" ferratas autour des Tre Cime le lendemain. Il faut dire qu'au soir du jour 9, on commençait à bien sentir la fatigue. Sitôt dit, sitôt fait, douche tchèque, joli coucher de soleil, soupette de légumes de saison au speck et au lit.
Día 10: via ferrata delle scalette a la Torre di Doblin (2615m, D+ 390m) y
 via ferrata De Luca-Innerkofler al Monte Paterno (2740m, D+ 525m)


Después de que el San Pedro local nos abriera las puertas de su paraíso mineral - no sin soltar antes un par de bromas acerca de España, la crisis y su sorpresa al ver que nuestra tarjeta bancaria funcionaba - continuamos por la famosa carretera mal asfaltada serpenteando a través de campos (elíseos) para ir a dar enseguida a un parking digno de un gran centro comercial de provincia, por no decir que se parecía al gran parque de los Pitufos. Parecía una convención de coches deportivos Alemanes, Austríacos, Suizos e Italianos: Mercedes, Jaguar y SUV BMW de mal gusto, el club holandés del Mazda coupé, la sección muniquesa de DPHD (Desafortunados Propietarios de Harley-Davidson) e incluso dos Aston Martin de origen desconocido,  todos ellos aparcados sorprendentemente cerca, casi cercando el refugio de Auronzo, según una tácita ley de proporcionalidad inversa entre la distancia de la puerta y el precio del vehículo. En lo que respecta a la plebe, dos o trescientos metros más allá, hordas de ciudadanos medios, conservadores y sin amplitud de miras (que si no fuera porque estamos en Italia los llamaríamos sencillamente "españolitos de a pie") se agitaban escandalosos entre los autobuses humeantes y ruidosos, cada cual su locura: unos con palos telescópicos de marcha nórdica, otros con teleobjetivos gordos como salchichones, y los más gaviotas  pretendían con sus vestimentas de marca  hacerse pasar por Kilian Jornet… en vano. Justo detrás de los autobuses, relegada al fondo del parking, protegida de las miradas desdeñosas, la zona reservada a las furgonetas camper y similares. Gratuita, plana, cómoda y con excelentes vistas al Monte Piana, el grupo de los Cadini y a la cara sur de las Tre Cime. Éste era, sin asomo de duda, el más lujoso jardín que habíamos tenido en dos meses por Italia! Una vez instalados, no sin antes haber saludado a los vecinos (una amable pareja de alemanes de Bremen y un grupo de escaladores catalanes) subimos a pie por la escala social hasta los Aston Martin, para ir a tomar un capuccino en el refugio. De hecho, más que un refugio es un hotel Ibis disfrazado, con restaurante self-service, salón con vistas y tienda de souvenirs: un festival de postales kitsch, llaveros en forma de piolets, flor de edelweiss o marmotas de peluche silbadoras… A la que el filtro para llegar a la montaña deja de ser el tiempo que hay que andar para pasar a ser el precio del peaje, uno se expone a este espectáculo de circo, "Esto da vida a los valles" y "Es lo que quiere la gente", y lo que quieran. Para rentabilizar al máximo nuestras 24 horas en el parque temático, decidimos ir pronto a la cama y levantarnos antes que la muchedumbre para intentar hacer un par de ferratas al día siguiente por los alrededores de las Tre Cime. Hay que reconocer que la noche del día 9, empezábamos a sentir la fatiga. Dicho y hecho, ducha checa, puesta de sol, sopa de verduritas a la speck y pa la piltra.
Ferrata delle scalette a la Torre de Doblin: levés avec le soleil, on a laissé le parking à l'heure où les plus courageux de nos voisins se faisaient à peine chauffer le café. Le chemin qui contourne par l'Est les tours de Tre Cime gagne rapidement le petit col et le refuge de Lavaredo et nous conduit en une petite heure au refuge Locatelli, dont la terrasse est une invitation à contempler la face Nord des trois cimes les plus célèbres du panthéon alpin… On en oublierait presque les objectifs du jour. La Torre di Doblin est un petit sommet sans prétention mais très élégant, un belvédère aérien d'où les Tre Cime sont encore plus belles dans la lumière du matin. La ferrata qui remonte toute sa face nord-ouest est en fait la remise au goût du jour de l'itinéraire qui menait, durant la Grande Guerre, des bunkers de la base à l'observatoire d'artillerie situé à son sommet… Là encore, penser à la guerre, aux soldats, à l'hiver, aux combats et au front autrichien sur les crêtes d'en face donne le vertige et la nausée, plus que n'importe quel pas d'alpinisme exposé. L'ascension est raide et le parcours ludique, même si les vestiges de cheminées, murs et plates-formes de bois vermoulu jonchées de barbelé rouillé ne donnent pas particulièrement envie de rire. Si l'arrivée au sommet et le panorama depuis la croix sont merveilleux et magiques, s'en arracher pour redescendre par une autre ferrata en face sud-est, entre éboulis et marches d'escalier taillées grossièrement est un mal nécessaire. On sent le mal aux jambes du dénivelé accumulé en 9 journées actives sur 10. Les courbatures des épaules et du dos tirent, les bretelles des sacs frottent et le soleil qui a réussi à se glisser entre les nuages et entre les vêtements, a laissé quelques morsures ici et là… Le retour au plancher des vaches et au refuge Locatelli est très rapide, et après avoir hésité (la fatigue, décidément, est bien là), on décide de s'offrir quand même le Monte Paterno avant de repartir. Qui sait quand on aura l'occasion de revenir?
Ferrata delle scalette a la Torre de Doblin: despiertos con el sol, dejamos el parking y nos despedimos de los vecinos que, a esa hora, recién se calentaban el café. El camino que rodea por el este las torres de las Tre Cime llega rápidamente a un pequeño paso y nos lleva en poco menos de una hora al refugio Locatelli, donde la terraza es una invitación a contemplar la cara Norte de las tres cimas más célebres del panteón alpino… Pero no nos olvidáramos de los objetivos del día. La Torre de Doblin es una pequeña cima que sin ser pretensiosa tiene una elegancia sin par, un peñasco desde donde las Tre Cime son aún más bonitas con esta luz del alba. La ferrata que sube por la cara noroeste es de hecho un revival de un viejo camino de guerra que iba desde los búnkers a los pies de la torre pies hasta el observatorio de artillería en la cumbre… Una vez más, el pensar en la guerra, en los soldados, el invierno, los combates y el frente austríaco en las carenas del otro lado nos da vértigo y náuseas, más que cualquier paso expuesto haciendo alpinismo. El ascenso es escarpado y el trayecto lúdico, aún sin hacernos especialmente gracias las plataformas de madera carcomida cubiertas con restos de alambradas herrumbrosa, los muros que se desmoronan y las estrechas chimeneas. Si la llegada a la cima y la vista panorámica desde la cruz son mágicas y maravillosas, bajar por otra ferrata en la vertiente sureste es el mal necesario, entre guijarros y escaleras talladas groseramente en la roca. Se nota el cansancio en las piernas del nivel acumulado en los 9 días activos precedentes. Duelen las agujetas en los ombros y la espalda, las tiras de la mochila molestan y el sol que llegó a deslizarse entre las nubes y a través de las ropas dejó alguna que otra tarascada aquí y allá… La vuelta al refugio Locatelli es muy rápida, y después de algunas dudas (el cansancio está definitivamente presente), terminamos por obsequiarnos con el ascenso al Monte Paterno antes de la partida. Al fin y al cabo, quién sabe cuando podremos volver a este lugar?
Ferrata De Luca-Innerkofler au Monte Paterno: depuis le refuge, un sentier évident mène à une galerie (encore une!) de la Grande Guerre et celle-ci monte jusqu'au départ de la ferrata. On s'arrête sur un petit balcon au soleil pour finir nos restes du petit déj': un peu de pain et de speck, une banane et du muesli. Puis on allume les frontales et on attaque calmement la montée, régulière mais franchement raide, dans la galerie. Après une dizaine de minutes, on sort en pleine face Est du Monte Paterno et on suit le tracé évident de la ferrata le long d'un couloir étroit de roche friable. Quelques ressauts d'escalade facile et on rejoint la voie normale à un petit col, où il nous faut faire la queue pour la dernière partie de la montée, partiellement équipée et vraiment exposée. La brume monte très vite et une fois au sommet, on ne voit absolument rien alentour, si ce n'est le gros groupe d'allemands - une vingtaine au bas mot - qui occupe méthodiquement TOUS les rochers plats et confortables du sommet, à grand renfort de sacs à dos, cordes, nappes de pique-nique et étalages d'habits pour marquer leur territoire. On ne traîne pas et on redescend aussitôt, pour tomber sur un couple de retraités, allemands aussi, qui ont le pied peu sûr et l'air terrifiés par la brume… Elle sourit nerveusement et demande de l'aide, lui répète en boucle "tunnel? tunnel? tunnnnnnnnel!!!" en nous dévisageant. On les prend donc avec nous et on les fait descendre jusqu'au col, en leur tenant les pieds dans les ressauts et en leur disant que tout va bien et que le (bout du) tunnel n'est plus très loin. Arrivés au col, on leur montre le panneau qui indique le refuge, la ferrata de descente (si ce n'est pas par là, par où donc sont-ils montés?) et même, tout en bas, l'entrée de leur fameux tunnnnnnel!!! Ils nous saluent avec des mots d'amour et des louanges que nous ne comprenons hélas que grâce au contexte, tandis que nous descendons par la voie normale. Loin d'être facile, celle-ci est raide et exposée sur un très mauvais terrain, mais offre le grand tour du Monte Paterno par le Sud-Est, pour finalement gagner par un vire étroite un petit col d'où l'on retrouve les Tre Cime perdues dans la brume, avant de retourner au Col de Lavaredo en longeant le pied escarpée de la Croda Passaporto. À notre surprise et pour notre grand plaisir, les dernières minutes du circuit se font en rampant dans une mini-galerie aussi oppressante qu'amusante.
Ferrata De Luca-Innerkofler al Monte Paterno: pasado el refugio, un sendero evidente lleva hasta una galería (otra!) de la Gran Guerra y ésta sube hasta el inicio de la ferrata. Nos detenemos en un pequeño balcón al sol para terminar las migas del desayuno: un poco de pan y de speck, un plátano y un poco de muesli. Con las energías repuestas, encendemos los frontales y atacamos la subida sin prisa pero sin pausa, galería adentro. Al cabo de unos diez minutos, salimos a la cara este del Monte Paterno y seguimos lo que parece la traza de la ferrata a lo largo de un pasillo estrecho de roca descompuesta. Algunos resaltos de escalada fácil hasta encontrarnos con la vía normal de subida a la altura de un pequeño cuello donde hay que hacer cola para la última parte de la subida, parcialmente equipada y francamente expuesta. La bruma sube rápidamente y una vez arriba, no se ve absolutamente nada alrededor excepto un grupo numeroso de alemanes  - una veintena por lo menos  - que se distribuyen metódicamente por todas las rocas cómodas de la cima acompañados de notable despliegue de mochilas, cuerdas, chaquetas y manteles de picnic, visiblemente en un intento de asegurar(se) la zona. Así pues, no nos dormimos en los laureles de la cima y nos disponemos a bajar, seguidos ahora de cerca por una pareja de jubilados, alemanes también, con pie poco seguro y al parecer aterrorizados por la niebla. Ella sonríe nerviosamente pidiendo ayuda, y él repite sin parar "tunnel? tunnel? tunnnnnnnnel!!!" con insistencia. Los adoptamos para un trozo del camino, les ayudamos a tomar pie e intentamos tranquilizarles. De vuelta en el pequeño cuello, les mostramos el cartel que indica el refugio, la ferrata de descenso (si no es por allí, por donde deben haber subido?) e incluso más abajo a lo lejos la entrada de su famoso tunnnnnnel!!! Nos saludan con palabras cariñosas y alabanzas que no entendemos más que por el contexto y nos despedimos para bajar por la vía normal, Lejos de ser fácil, la bajada es un terreno empinado y resbaladizo pero la oportunidad para dar una gran vuelta al Monte Paterno por el sureste y luego, bordeando el escarpado pie de la Croda Passaporto llegar por una estrecha cornisa al paso donde se encuentran las Tre Cime escondidas tras la bruma. Para nuestra sorpresa y gran placer, los últimos minutos de este hermosos itinerario circular transcurren reptando por una galería minúscula tan claustrofóbica como divertida.
Retour au plein jour sous la lumière de midi, pour trouver des nuées de mouettes en liberté sur le boulevard entre les refuges Locatelli, Lavaredo et Auronzo. L'arrivée au TRANSITion! se fait au pas de course, un plat de penne rigate au pesto nous remet d'aplomb, et avant que les carrosses ne redeviennent des citrouilles, nous redevenons mortels laissant les portes du paradis se refermer derrière nous… Avec une forte probabilité de pluie pour le jour suivant et les corps qui nous demandent une trêve, on met le cap sur le col de Falzarego et les très photogéniques Cinque Torri pour, peut-être, escalader quelques couennes le lendemain. Pour l'heure, mission J10 accomplie, Buika et Chucho nous bercent sur la route qui redescend vers C.d'A., puis remonte tout en virages vers le col de Falzarego…
De vuelta a la luz del mediodía, nos encontramos con multitudes de gaviotas en libertad por el bulevar que discurre entre los refugios Locatelli, Lavaredo y Auronzo. La llegada a la TRANSITion! a paso de marcha rápida, un plato de penne rigate al pesto que nos trae de vuelta al mundo, y antes de que las carrozas se conviertan en calabazas, nos volvemos mortales dejando atrás las puertas del paraíso que se cierran tras de nosotros… Con una fuerte probabilidad de lluvia al día siguiente y los cuerpos que nos piden una tregua, ponemos rumbo al paso de Falzarego y a las muy fotogénicas Cinque Torri para escalar, si es que nos quedan fuerzas, al día siguiente. Por el momento, misión del día 10 cumplida, Buika y Chucho nos mecen en la carretera de vuelta a C.d'A., y luego zigzagueamos hacia el paso Falzarego…

Sunday, September 14, 2014

un régime Dolo-mythique / una dieta Dolo-mítica (#8-9)

au fond à gauche, le groupe des Cadini: la cime N-E est la première / al fondo izquierda, el grupo de Cadini: la cima N-E es la primera.

Jour 8: relâche!

Du coup, on a passé toute une journée à C. d'A., un peu déçus par (les vestiges de) son modèle de tourisme: ça n'avait guère d'éclat à nos yeux, peut-être parce qu'il n'y avait pas de neige pour tout recouvrir, peut-être parce que la splendeur de ces jeux olympiques de '56 était un peu trop loin déjà. En tout cas, la pluie et le froid n'ont pas franchement égayé le panorama d'hôtels ringards et de boutiques de fringues d'un autre âge… En fin d'après-midi, on s'est mis en route vers les Tre Cime, sommets dolo-mythiques s'il en est, et on ne s'est arrêtés qu'une fois arrivés aux barrières du péage qui en gardent jalousement l'accès: 24 euros pour 24 heures dans le Parc et 4 km mal goudronnés! Tu parles d'un mythe aux oeufs d'or… On a décidé d'aller les admirer depuis les sommets voisins de Cadini, pour cocher la très classique ferrata Merlone, célèbre pour ses 300 échelons et ses vues impressionnantes… Sur la petite route qui conduit à Tre Cime, le joli lac de Misurina fait figure de point de non-retour: à partir de là, on voit se multiplier les panneaux interdisant de se garer, de camper, de s'arrêter, de circuler en fourgon aménagé, de passer la nuit et plus généralement, d'être là sans consommer ni payer quelque chose à quelqu'un. Dire qu'on nous y regardait mal serait un euphémisme, tant on voyait les fronts se plisser dans l'effort de mémoriser notre immatriculation pour la téléphoner à la maréchaussée. On s'est garés dans un coin caché complètement en pente, et après avoir cuisi-dîné un bouillon de poireau, on a jeté l'éponge et roulé la viande dans le torchon.
Día 8: ¡descanso!

Pasamos, pues, el día entero en C. d'A., un poco decepcionados con (los vestigios de) su modelo turístico: no brillaba tanto a nuestros ojos, quizás porque no había nieve llenándolo todo, quizás porque el resplandor de aquellos juegos olímpicos del '56 quedaba ya un poco lejos. En todo caso, la lluvia y el frío no ayudaban mucho a alegrar un panorama de hoteles barrocos y tiendas de ropa de otra época… A la tarde salimos camino de las Tre Cime, cimas dolo-míticas donde las haya, y sólo paramos al encontrarnos con las barreras del peaje que guardan la única carretera de acceso: 24 euros para 24 horas en el parque y 4 km mal asfaltados! Menudo mito de los huevos de oro... Decidimos pues ir a verlas desde las cimas vecinas de Cadini y probar la clásica ferrata Merlone, famosa por sus 300 escalones y sus vistas impresionantes… En la carretera que lleva a Tre Cime está el bonito lago de Misurina, como un punto de no retorno: a partir de allí brotan y pululan los carteles que prohíben aparcar, acampar, parar, detenerse, estar en camper o furgoneta, pernoctar, contemplar plácidamente  y más generalmente: andar por ahí sin consumir ni pagarle nada a nadie. Decir que nos miraban mal sería un eufemismo, ya que directamente fruncían el cejo al tiempo que memorizaban nuestra matrícula para podérsela comunicar a la policía. Aparcamos en un rincón escondido, eso sí con fuerte pendiente, y tras haber coci-cenado un caldito de puerros, lo llamamos un día y nos fuimos a dormir.
Jour 9: via ferrata Merlone à la Cima NE de Cadini (2790m) ; D+ 520m

Et après la pluie, le beau temps! Prêts à repartir de plus belle, on s'est levés tôt et du bon pied. Dans la montée courte mais raide jusqu'au refuge, le soleil a mis un bon moment à nous rattraper et encore engourdis, on a pu chauffer les moteurs en silence dans l'ombre (humide) d'un bois de conifères. Sur la grande terrasse herbeuse devant le refuge, un père et ses deux enfants s'apprêtaient à partir, leurs sacs déjà sur les dos. Quand Futuna, enthousiaste, leur a demandé s'ils allaient faire la Merlone, le père lui a répondu en italien quelque chose qui ressemblait à "Grands dieux non! 300 échelons de fer rouillé à l'aller et au retour, merci bien, très peu pour moi! Enfin, s'il y en a à qui ça plait..." Hum… Après nous avoir un peu gâté la sauce, il a pris ses gosses et il est parti se faire pendre ailleurs. On a donc remonté un pierrier et traversé un gros névé en suivant comme on a pu des balises aux airs de drapeau argentin, jusqu'au premier câble rouillé, tout au pied de l'élégante cime Nord-Est.
Día 9: via ferrata Merlone a la Cima NE de Cadini (2970m) ; D+ 520m

Y tras la tormenta, llegó el buen tiempo! Listos para arrancar frescos, nos levantamos pronto y con buen pie. Durante la corta pero empinada subida hasta el refugio, el sol tardó un buen rato en pillarnos y aún aletargados, pudimos calentar motores en silencio y a la sombra (húmeda) de un bosque de coníferas. En la gran terraza herbosa delante del refugio, un padre y sus dos polluelos, con las mochilas en la espalda se aprestaban a partir. Futuna, entusiasta donde los haya, les preguntó si iban a subir a la Merlone y el padre no tuvo mejor idea que responder en italiano algo así como "Merlone? 300 escaleras oxidadas para subir y otras tantas para bajar! Ni borracho! En fin, si hay a quien le gusta, contra gustos…" Hum… Así que después de intentar aguarnos la fiesta, cogió y se fue con su música a otra parte. Subimos por un cantizal y atravesamos un gran nevero, siguiendo a duras penas las balizas argentinas que fuimos encontrando hasta el primer cable oxidado, al pie de la elegante cima Nordeste.
On a mis un moment à repérer la ligne des échelles zébrant la grande paroi rocheuse, on s'est équipés en lançant vers le ciel des regards inquiets, puis on a attaqué. Et comme on montait, la vue s'est ouverte progressivement sur les sommets alentour, révélant peu à peu la face sud des Tre Cime. La ferrata en elle-même est très agréable, les échelles en piteux état pimentent un peu la progression et quelques passages en escalade sur une très bonne roche permettent de s'amuser un peu. Mais surtout, on va à la Merlone pour la vue et l'ambiance, extraordinaires! N'en déplaise à l'oiseau de mauvais augure rencontré au refuge, elle en vaut la peine, et l'arrivée à la petite plateforme du sommet, ouverte à 360º mais décidément dédiée à la contemplation des Tre Cime, est un moment unique! On a mangé nos sandwiches là en haut, du gaz plein les yeux, et on n'est sortis de notre rêverie que pour laisser la place au jeune allemand monté non loin derrière nous, accompagné de sa marmotte en peluche. Règle nº8: l'ingrédient mystère, c'est qu'il n'y a pas d'ingrédient mystère... (à part bien sûr celui que tu ajoutes).
Nos llevó un rato encontrar la línea de escaleras que zigzagueaba pared arriba, nos pusimos los equipos mirando al cielo intranquilos, y empezamos. Y a medida que fuimos subiendo, las vistas a las cimas de alrededor se fueron abriendo poco a poco, revelando a su vez la cara sur de las Tre Cime. La ferrata en sí es muy agradable, las escaleras, en penoso estado, salpimientan la ascensión y algunos tramos escalables sobre roca en muy buen estado le permiten divertirse. Pero sobretodo, uno sube a la Merlone por las vistas y la atmósfera en la cumbre, extraordinarias! Le guste o no al pájaro de mal agüero que nos encontramos en el refugio, vale la pena, y la llegada a la pequeña plataforma en la cima, con vistas panorámicas de 360º pero decididamente dedicada a la contemplación de las Tre Cime, es un momento único! Nos comimos unos bocadillos arriba, nos empachamos la vista, y sólo despertamos del sueño para dejarle sitio a un joven alemán que subió (acompañado de su marmota de peluche) no muy lejos detrás de nosotros. Regla nº8: el ingrediente sercreto es que no hay ingrediente secreto... (o en todo caso, lo pones tú).
La redescente se fait par le même itinéraire, et loin d'être une répétition c'est un nouveau moment de pur plaisir rocheux, accroché à la paroi abrupte et avec une vue vertigineuse sur la vallée et les environs jusqu'au refuge et au-delà. On s'y est arrêtés (au refuge) le temps d'apprécier les costumes tyroliens et l'humeur joviale des gérants, puis on est redescendus en trottiant, slalomant entre les mouettes, fort surprises de nous voir déjà sur le chemin du retour… Fidèles à notre habitude, on a mangé vers 15 heures au TRANSITion! et après une sieste bien méritée, on a pris une grande respiration et on est allés se présenter aux grilles du paradis, où en échange d'un sourire et d'un tour de carte (de crédit) on nous a laissé entrer pour 24 heures de bonheur visuel. Mais ça - comme disait Shéhérazade - c'est une autre histoire…
El descenso se realiza siguiendo el mismo itinerario y lejos de ser una repetición ofrece la posibilidad de disfrutar de un rato más de puro placer escaladil, pegado a la roca y con unas vistas de vértigo sobre el valle y las inmediaciones hasta el refugio y más allá. Hicimos una parada para poder ver de cerca los vestidos tiroleses y el humor jovial de las guardas del refugio y luego bajamos al trotes, haciendo slalom entre las gaviotas, bastante sorprendidas de vernos ya de bajada. Fieles a las costumbres, comimos a eso de las 3 en el TRANSITion! y después de una merecida siesta,  cogimos aire y nos plantamos en la reja del paraíso donde a cambio de una sonrisa y entregando la tarjeta (no de visita sino de débito) nos dejaron pasar para 24 horas de placer visual. Pero esto, como dijo Scheherazade - es ya otra historia…


Thursday, September 11, 2014

un régime Dolo-mythique / una dieta Dolo-mítica (#6)



Jour 6: via ferrata Cesare Piazzeta au  Piz Boé (3150m) ; D+ 920m (vf 380m)

Réveillés depuis environ six heures du matin, on regardait sans entrain le mouvement des nuages dans le ciel. Ceux-là même qui, la veille, nous avaient forcés à opter pour un plan B et nous avaient offert, comme clou de leur spectacle atmosphérique, un énorme orage tout en pluie et en éclairs. On était descendus dormir un peu en-dessous du Passo Pordoï, au lieu de se poser au départ de la voie, en raison de la forte densité de panneaux "camping-caravaning interdit" et autres "campers no", peu motivés par la possibilité d'une irruption nocturne de préposés importuns (par un temps pareil, qui aurait eu l'idée de mettre un képi dehors pour venir nous verbaliser?) On est sortis du lit vers sept heures, avec toujours de sérieux doutes quant à notre tentative au Piz Boé.
Si on a appris une chose au fil des mois, c'est qu'il faut se plier aux rythmes locaux et pour mieux les comprendre, il est souvent utile d'avoir recours à la sagesse populaire. On avait entendu, en route vers le Col Rodella le jour précédent que "Se il Sassolungo ha un cappello, il tempo sarà bello. Se il Sassolungo ha un asciabola, il tempo sarà brutto"! Ceci dit, en plus de populaires, la sagesse se caractérise par une portée géographique réduite et de là où nous étions, on ne voyait ni chapeau, ni écharpe, ni même le Sassolungo… On a donc commencé à arpenter les environs à la recherche d'une réponse, jusqu'à trouver une VW westfalia immatriculée dans le Jura, avec à son bord un duo de montagnards. On leur a demandé s'ils avaient l'intention d'aller à la Cesare Piazzeta et ils nous ont répondu que oui en souriant, mais en nous montrant la table de camping dépliée tout contre le panneau "camping interdit", ils nous ont expliqué que ça allait se lever, qu'ils attaqueraient après le petit déj. Rassérénés par l'idée de ne pas nous retrouver tout seuls dans la via et peut-être dans le pétrin, on a décidé d'y aller. Une fois nos doutes dissipés, on avait même l'impression que le soleil brillait (un peu).
Día 6: via ferrata Cesare Piazzeta al Piz Boé (3150m) ; D+ 920m (vf 380m)

Despiertos desde las seis de la mañana, contemplábamos estuporosos la evolución de las nubes en el cielo. Las mismas que el día anterior nos habían forzado a elegir un plan B y que habían culminado su espectáculo atmosférico con una enorme tormenta eléctrica y lluvia. Habíamos dormido un poco más abajo del Paso Pordoï y no en el mismo pie de la vía porque estaba plagado de carteles anti-camping-caravaning y no queríamos carabinas inesperadas (aunque con ese tiempo a quién se le iba a ocurrir subir a ponernos una multa en plena noche!). Salimos de la cama a eso de las siete aún con serias dudas de sí debíamos abordar o no ese Piz Boé.

Si hay algo que vamos aprendiendo a medida que pasan los meses es que hay que acostumbrarse a los ritmos de un lugar, y a menudo para entenderlos es útil echar mano de la sabiduría popular. Alguien nos había dicho subiendo el Col Rodella el día anterior que "Se il Sassolungo ha un cappello, il tempo sarà bello. Se il Sassolungo ha un asciabola, il tempo sarà brutto"!

Sin embargo, los refranes son además de populares muy locales y desde donde estábamos no se veía ni el sombrero ni la corbata ni al mismísimo Sassolungo... Empezamos a merodear por la zona, como buscando una respuesta cuando vimos una VW westfalia francesa de Jura con un par de excursionistas y les preguntamos si tenían también intención de hacer la Cesare Piazzeta. Asintieron sonrientes pero, señalando la mesa de camping apoyada en el cartel de prohibido acampar, nos dijeron que arrancarían después del desayuno. Animados por la idea de no estar solos decidimos finalmente ir y de hecho, con las dudas disipadas, incluso parecía que hacía mejor día.
La marche d'approche est belle, d'un peu plus d'une heure, et démarre d'un ossuaire allemand de la Grande Guerre. Le chemin monte doucement mais sans hésiter et surmonte l'un après l'autre les ressauts rocheux à peine couverts d'herbe, jusqu'au pied d'une imposante masse de pierre verticale qui se perd dans les nuages.
Pleins d'entrain et les corps réchauffés par le soleil autant que par la marche, on a attaqué sans problèmes les 100 premiers mètres, réputés (selon notre guide) "extrêmement difficiles" et supposés "requérir une force physique hors du commun" (sic.). Il faut dire que la Cesare Piazzeta est - toujours d'après ce livre que nous ne recommandons à personne - une cinq mousquetons (sur cinq). Le reste de la ferrata remonte la paroi le long d'une arête aérienne, alternant entre sentier exposé et passages verticaux toujours protégés par un câble d'acier bien tendu.
Le plus délicat, ce n'est finalement pas la ferrata en elle-même (technique mais amusante, agréable et toujours bien équipée), mais plutôt la sortie au sommet: une quarantaine de minutes d'un sentier exposé, où il est difficile de repérer les cairns parmi la pierraille, et où tout alentour n'est qu'un immense vide tout plein de brume. C'est là qu'on est contents d'avoir le pied sûr! On est arrivés tout en haut et un peu au-dessus des nuages pour découvrir un refuge et sa terrasse panoramique. Du coup, on a pu commander le café au lait le plus haut de notre vie (pour l'instant)!
La aproximación es una linda caminata de algo más de una hora que parte de un Osario alemán de la Primera Guerra Mundial; el camino sube suave pero decididamente y va superando los resaltos rocosos apenas cubiertos de verde hasta una imponente masa de roca vertical que se pierde entre las nubes. 
Con el cuerpo caliente del sol y de la caminata, y los ánimos en plena forma subimos sin problema los primeros 100 metros reputados en la guía por ser "extremadamente difíciles" y requerir "una fuerza física fuera de lo común" (sic). Y es que la Cesare Piazzeta tenía ni más ni menos que cinco mosquetones (el máximo) en nuestra nada recomendable guía. El resto de la vía sube siguiendo por una arista, alternando tramos de sendero y tramos verticales siempre asegurados con un cable de acero bien tenso.
Quizás lo más delicado no fue la ferrata en sí, algo técnica pero sobretodo divertida y bien asegurada sino la salida al camino que nos llevaría a la cima, cuarenta minutos de sendero donde apenas se distinguían los hitos del resto de piedras esparcidas por el monte, con muchos tramos expuestos a la nada llena de niebla. Ahí sí que nos fue bien andar con paso seguro! Llegamos arriba de todo y por unos minutos por encima de la nube para descubrir en la misma cima un refugio y su terraza panorámica. Allí pues, tomamos el cafe con leche más alto de nuestras vidas (hasta la fecha, esta claro)!
L'itinéraire de descente est une magnifique promenade à travers le massif du Piz Boé: univers martien, silencieux et peuplé de mouettes astronautes multicolores, évoluant lentement depuis le vaisseau spatial qui les dépose à intervalles réguliers à quelques jets de pierres du sommet. On a également pu y voir quelques surprenantes créatures acclimatées à ces contrées (des espèces endémiques peut-être?). Une fois passée la zone d'atterrissage du vaisseau, on a fini la descente courant et sautant, en authentiques saltimbanques de pierriers et de prairies (non sans offrir à nos chaussures quelque bain impromptu): sans plus croiser de mouettes ni d'astronautes mais en entendant ici et là quelque marmotte avertissant le fond de la vallée de notre arrivée.
El camino que hicimos de bajada fue un hermoso paseo con vistas a todo el macizo del Piz Boé: un entorno marciano, silencioso, lleno de gaviotas astronautas de colorines que se movían lentamente alrededor de donde les depositaba a intervalos regulares, y no tan lejos de la cima, una nave espacial. Vimos también algunas criaturas curiosas que habitaban este rincón del planeta (especies endémicas quizás?). Una vez pasada el punto de desembarque de dicha nave, terminamos la bajada saltimbanqueando por las tarteras y praderas de montañas (no sin llevarnos algún chapuzón de pie gratis), donde no vimos más gaviotas, ni astronautas pero sí escuchamos alguna marmota alertando de nuestra llegada al fondo del valle.

Wednesday, September 10, 2014

un régime Dolo-mythique / una dieta Dolo-mítica (#5)


Jour 5: via ferrata du Col Rodella (2480m) ;
D+ 350m (vf 150m)

On avait en vue pour ce cinquième jour consécutif de temps-qui-tient-à-peu-près, une ferrata catégorie "on joue dans la cour des grands", à laquelle on a du renoncer pour cause de prévision de pluies en milieu de journée. On s'est dit "pourquoi s'exposer aujourd'hui? faisons confiance au temps! demain il fera beau". On dirait qu'on n'a rien appris en 11 mois. Ah ah ah! L'optimisme et la naïveté de la jeunesse, dit Futuna qui voit ses 36 ans approcher à grands pas. Notre plan B, du coup, c'est une ferrata courte et facile celle-là, la seule vraiment dans le secteur, rapide d'accès et sans histoires, mais qui débouche sur un belvédère aussi modeste qu'il est bien entouré, offrant des vues splendides sur les 3000 environnants: groupe du Sassolungo, de Sella et du Piz Boé et plus loin, la Marmolada.

L'approche ne laisse pas la place au doute: entre les rangées de pylones des télésièges court une piste goudronnée qui relie au moins quatre refuges-hôtels-restaurants avec terrasse panoramique et spa. Les pancartes "zimmer" (ça veut dire chambres, apparemment, dans l'autre langue co-officielle de la région, qui est aussi celle parlée par la plupart des touristes…) font de l'ombre à celles avec le menu du jour, il ne manque que les rabatteurs et les vendeurs de roses. En une quarantaine de minutes, la piste conduit facilement à la gare amont d'un énorme téléphérique venu de la vallée, qui déverse à longueur de journée des flots saccadés de mouettes et de parapentistes, apparemment déjà trop embourgeoisés pour monter à pied, barda au dos...
Día 5: via ferrata al Col Rodella
(2480m) ; D+ 350m (vf 150m)

Para este quinto día consecutivo de tiempo que-más-o-menos-se-aguanta pensamos en abordar una ferrata de primera división, a la que tuvimos que renunciar por causa de unas previsiones de lluvia para el mediodía. Nos dijimos –para qué complicarnos la vida hoy? mañana seguro que hará bueno. Algunos dirán que no hemos aprendido nada en 11 meses. Ja ja ja! El optimismo y la inocencia de la juventud, dice Futuna que ve acercarse sus 36 peligrosamente.  Así pues, nuestro plan B, fue otra ferrata realmente corta y fácil, la única en la zona, de fácil acceso y sin mucha complicación pero que desemboca en un despeñadero igual de modesto que bien acompañado, ofreciendo unas vistas espléndidas de los 3000 de los alrededores: los del grupo del Sassolungo, los del Sella y del Piz Boé y algo más lejos, la Marmolada.

La aproximación al inicio de la ferrata no deja lugar a dudas: entre filas de postes de telesilla transcurre una pista asfaltada que une por lo menos cuatro refugios-hoteles-restaurantes con terraza panorámica y spa. Las pancartas de "zimmer" (habitación en alemán, lengua co-oficial en la provincia autónoma del Trentino) hacen sombra a las del menú del día, sólo faltan los ganchos para captar clientela y los vendedores de rosas. En unos cuarenta minutos, la pista nos lleva a la estación monte del teleférico que sube desde el valle, y del que se derrama un mar agitado de gaviotas y parapentistas, aparentemente demasiado aburguesados ya para cargar su bardal en la espalda…
Mais revenons un moment sur les mouettes: si pour les marins au long cours, la vue de ces oiseaux rieurs est supposée annoncer la proximité d'une terre, nous appelons quant à nous "mouettes" ces randonneurs en jeans et sandales ou baskets Pluma, qui commencent à marcher à partir de onze voire treize heures, avec invariablement une petite bouteille plastique de 25cl à la main et le plus souvent un sac banane et/ou une glacière: familles ou couples qui randonnent avec leur plaid de pique-nique roulé dans un sac de courses Desiguanes, parfois du matériel de montagne mais le cas échéant, ce n'est évidemment pas celui qui convient à la situation. N'y voyez aucun snobisme, c'est une triste conséquence de la démocratisation des loisirs de montagne. Alors pourquoi des mouettes? Tout simplement parce quand on les croise à la descente, on sait que le parking n'est plus très loin… CQFD et fin de la parenthèse!

Entre les pylones et les filets de sécurité de la station du téléphérique un sentier à peine marqué contourne le Col Rodella et conduit en face sud à la base d'une belle barre rocheuse. Il ne reste alors plus qu'à prendre place confortablement dans la queue et attendre son tour sagement pour pousser ses mousquetons le long d'un cable d'acier tout neuf. On a donc eu le temps de jouer à grimper sans se tenir à la ligne de vie, façon "escalade libre", à faire des photos de parapentes pendant les temps d'attente et même à admirer de vrais edelweiss sauvages, qui poussent à deux mètres de la via dans l'indifférence générale des passants (et heureusement!). Règle nº5: les fleurs et animaux de montagne sont généralement des espèces protégées, on les regarde mais on ne les touche pas, on ne leur donne pas à manger (et ceci est valable aussi pour les marmottes!) et sous aucun prétexte il n'est envisageable de les emporter à la maison comme souvenir ou porte-bonheur.
Pero parémonos un momento en las gaviotas: si para los marineros de alta mar, ver estos animales anuncia la proximidad a la costa, en lo que a nosotros respecta las gaviotas son esos excursionistas en tejanos, sandalias o bambas Pluma, que empiezan a andar a las once o incluso a la una del mediodía, con un botellín de plástico lleno de agua y a menudo una mochila una riñonera o una nevera portátil: familias o parejas que salen a caminar con su manta de picnic enrollada en una bolsa de plástico-papel Desiguana, a veces con material de montaña pero en cualquier caso no el que conviene para la situación. No vean ningún esnobismo aquí, es una triste consecuencia de la democratización de los deportes de montaña. Entonces, por qué las gaviotas? Pues sencillamente cuando nos cruzamos con ellos en la bajada, sabemos que el parking ya no queda muy lejos…
Q.E.D (quod erat demonstrandum) y fin del paréntesis!

Entre los postes y las redes de protección de la estación del teleférico (otro) hay un sendero apenas marcado que rodea el Paso Rodella y nos conduce por la cara sur hasta la base de una franja rocosa. A partir de ahí sólo queda ponerse a la cola y esperar su turno pacientemente para ir empujando los mosquetones a lo largo del cable de acero nuevecito. Dispusimos pues de tiempo de sobras para poder escalar sin apenas agarrarnos a la línea de vida, fingiendo hacer escalada libre, haciendo fotos de parapentes en los ratos de espera e incluso contemplando largo y tendido auténticos edelweiss silvestres que crecen a escasos metros de la vía ante la indiferencia generalizada del público que pasa por ahí (por suerte!). Regla nº5: las flores y los animales silvestres suelen ser especies protegidas, se miran pero no se tocan, ni se les da de comer (eso vale para las marmotas también!) y bajo ningún concepto se llevan a casa.
Malgré les embouteillages, le sommet est arrivé bien vite, trop peut-être si l'on considère ses antennes relais télécom, son refuge avec terrasse panoramique réservée aux clients et son parking pour 4x4. Eh oui! la piste goudronnée arrive jusque là, ce qui nous a conduits à nous demander à quoi rimait au fond cette ferrata si courte et toute neuve. On a vite compris, quand le courant d'air a poussé vers nous l'odeur de cuisine du refuge, tout en complexes de Maillard de viande de boeuf grillée et fromage fondu… On est redescendus au TRANSITion! en courant entre les pylones et les canons à neige, slalomant entre les pancartes publicitaires et surtout, à contre-courant des mouettes qui montaient toujours plus nombreuses pour s'affaler lourdement aux tables des restaurants. Juste à côté de nous sur le parking, on est tombés sur beau morceau de nomadisme tout terrain: un camion 4x4 énorme, avec caisse séparée et là où d'autres ont deux vélos, une "petite" Honda 650! Immatriculé en Suisse, il jouait décidément dans une autre catégorie (on se demande toujours laquelle, d'ailleurs...), mais professait une même philosophie: "Because home can be anywhere". Vous voyez? Ça va faire un an qu'on le répète! Un(t)raveling, ou l'art de trouver les mots (écrits par d'autres s'il le faut).
A pesar de los atascos, llegamos a la cima bastante rápido, quizás demasiado, a juzgar por sus antenas de telecomunicaciones, su refugio con terraza de vista panorámica reservada a los clientes y su parking de 4x4. Y sí! La pista asfaltada llega hasta allí! Lo que nos lleva a preguntarnos qué sentido tiene esta ferrata tan cortita y nueva. Lo entendimos rápido, cuando la corriente de aire trajo hasta nosotros el olor de la cocina del refugio, a base de reacciones de Maillard, de carne de ternera a la brasa y queso fundido…Volvimos a la TRANSITion! corriendo entre postes y cañones (dormidos) de nieve, haciendo slalom entre las pancartas publicitarias y sobretodo, yendo en sentido opuesto a las gaviotas que seguían subiendo en bandadas para desplomarse sobre las mesas de los restaurantes. Pegadito a nosotros en el parking, nos encontramos con una muestra curiosa de nomadismo todo-terreno: un enorme camión 4x4, con célula separada y allí donde los otros camping-car llevan colgadas un par de bicis, el camión llevaba ni más ni menos que una "pequeña" Honda 650! Con matrícula suiza, jugaba claramente en otra liga (nos preguntamos en cuál…) pero profesaba la misma religión: "Because home can be anywhere". Lo ven? Hace casi un año que lo repetimos! Un(t)raveling, o el arte de encontrar la palabra justa (escrita por otros si es preciso).